Nice-Matin (Cannes)

L’ex-trésorier de Promenade des Anges incarcérés

La justice niçoise a frappé fort hier en incarcéran­t Vincent Delhomel. L’ex-trésorier de la première associatio­n de victimes de l’attentat du 14-Juillet a été reconnu coupable d’avoir détourné 9600

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Des membres de l’associatio­n Promenade des Anges (400 adhérents) lui demandaien­t des comptes sur certaines dépenses non justifiées. Vincent Delhomel, 50 ans, ne répondait jamais. Il était décrit comme « fuyant ». Un qualificat­if repris par la justice niçoise tant elle a eu des difficulté­s à faire venir à la barre du tribunal correction­nel ce serveur de profession, ancien membre actif de cette associatio­n de victime de l’attentat du 14-Juillet. Le procès, renvoyé déjà deux fois, a encore failli se tenir en son absence. Laurie Duca, la présidente du tribunal correction­nel, a employé les grands moyens. Alors que le prévenu s’était fait porter pâle, un médecin expert a été dépêché et a estimé que son état de santé était compatible avec un procès. Et c’est avec une heure de retard mais entre deux policiers, menottes au poignet, que le prévenu est entré dans le palais de justice. Il est reparti quatre heures plus tard comme il était venu. Entre deux policiers, direction la prison. Le tribunal l’a reconnu coupable d’abus de confiance et d’escroqueri­e et l’a condamné à un an de prison ferme à exécuter immédiatem­ent. S’il omet de dédommager l’associatio­n qu’il a flouée, il devra purger six mois de plus.

 € détournés en trois mois

L’associatio­n, soutenue par Me Julien Darras, a obtenu 9679 € en réparation, soit la somme détournée fin 2016. Il faut ajouter 5000 € de préjudice moral et 2 000 € de frais de justice. Une sanction conforme aux réquisitio­ns du procureur Brigitte Funel. Le magistrat du parquet n’a pas apprécié l’attitude du prévenu, comme absent de son procès, les yeux clos la plupart du temps : « Il a dépassé les bornes mais il ne le reconnaît qu’à demi-mot. » Détourner l’argent récolté lors d’une course pédestre caritative, payer ensuite des dépenses personnell­es (taxis, restaurant­s, billets d’avion…) puis se faire rembourser ces frais par l’associatio­n… Cela constitue une escroqueri­e. Rembourser un prêt personnel avec de l’argent récolté pour l’associatio­n relève également de la justice pénale.

« Ce que j’ai fait était pour le bien des familles »

La présidente Laurie Duca a bien tenté, dès l’entame des débats d’obtenir des aveux clairs et circonstan­ciés. Le prévenu, silhouette massive, soutenue par Me Zia Oloumi, se défend : « Ce que j’ai fait était pour le bien des familles. » Certaines n’en disconvien­nent pas et ont signé des attestatio­ns en sa faveur. D’autres commencent à sérieuseme­nt douter de sa réelle qualité de victime de la tragédie de l’été 2016 tant ses versions sont fluctuante­s. « On voit bien que vous avez oeuvré pour l’associatio­n, concède la présidente. Certains témoignent de votre aide précieuse, de votre écoute. Elles font état de votre propre détresse. Tout ça le tribunal l’entend. Mais il y a un moment ou il y a une sorte de confusion entre l’argent de l’associatio­n et le vôtre. » Murmure de Vincent Delhomel : « J’ai dérapé, en effet. »

 ?? (Photo Ch. P. et F. C.) ?? Émilie Petitjean, présidente de l’associatio­n, estime avoir été trahie. La justice a fini par rattraper Vincent Delhomel qui, par deux fois, avait demandé un report de son procès.
(Photo Ch. P. et F. C.) Émilie Petitjean, présidente de l’associatio­n, estime avoir été trahie. La justice a fini par rattraper Vincent Delhomel qui, par deux fois, avait demandé un report de son procès.

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