L’ex-trésorier de Promenade des Anges incarcérés
La justice niçoise a frappé fort hier en incarcérant Vincent Delhomel. L’ex-trésorier de la première association de victimes de l’attentat du 14-Juillet a été reconnu coupable d’avoir détourné 9600
Des membres de l’association Promenade des Anges (400 adhérents) lui demandaient des comptes sur certaines dépenses non justifiées. Vincent Delhomel, 50 ans, ne répondait jamais. Il était décrit comme « fuyant ». Un qualificatif repris par la justice niçoise tant elle a eu des difficultés à faire venir à la barre du tribunal correctionnel ce serveur de profession, ancien membre actif de cette association de victime de l’attentat du 14-Juillet. Le procès, renvoyé déjà deux fois, a encore failli se tenir en son absence. Laurie Duca, la présidente du tribunal correctionnel, a employé les grands moyens. Alors que le prévenu s’était fait porter pâle, un médecin expert a été dépêché et a estimé que son état de santé était compatible avec un procès. Et c’est avec une heure de retard mais entre deux policiers, menottes au poignet, que le prévenu est entré dans le palais de justice. Il est reparti quatre heures plus tard comme il était venu. Entre deux policiers, direction la prison. Le tribunal l’a reconnu coupable d’abus de confiance et d’escroquerie et l’a condamné à un an de prison ferme à exécuter immédiatement. S’il omet de dédommager l’association qu’il a flouée, il devra purger six mois de plus.
€ détournés en trois mois
L’association, soutenue par Me Julien Darras, a obtenu 9679 € en réparation, soit la somme détournée fin 2016. Il faut ajouter 5000 € de préjudice moral et 2 000 € de frais de justice. Une sanction conforme aux réquisitions du procureur Brigitte Funel. Le magistrat du parquet n’a pas apprécié l’attitude du prévenu, comme absent de son procès, les yeux clos la plupart du temps : « Il a dépassé les bornes mais il ne le reconnaît qu’à demi-mot. » Détourner l’argent récolté lors d’une course pédestre caritative, payer ensuite des dépenses personnelles (taxis, restaurants, billets d’avion…) puis se faire rembourser ces frais par l’association… Cela constitue une escroquerie. Rembourser un prêt personnel avec de l’argent récolté pour l’association relève également de la justice pénale.
« Ce que j’ai fait était pour le bien des familles »
La présidente Laurie Duca a bien tenté, dès l’entame des débats d’obtenir des aveux clairs et circonstanciés. Le prévenu, silhouette massive, soutenue par Me Zia Oloumi, se défend : « Ce que j’ai fait était pour le bien des familles. » Certaines n’en disconviennent pas et ont signé des attestations en sa faveur. D’autres commencent à sérieusement douter de sa réelle qualité de victime de la tragédie de l’été 2016 tant ses versions sont fluctuantes. « On voit bien que vous avez oeuvré pour l’association, concède la présidente. Certains témoignent de votre aide précieuse, de votre écoute. Elles font état de votre propre détresse. Tout ça le tribunal l’entend. Mais il y a un moment ou il y a une sorte de confusion entre l’argent de l’association et le vôtre. » Murmure de Vincent Delhomel : « J’ai dérapé, en effet. »