Roya: la limitation de tonnage effective depuis hier matin
Les cinq maires de la vallée ont installé les panneaux de signalisation permettant à la mesure de prendre effet. En attente d’une possible suspension du tribunal administratif
Ne restait plus qu’à apposer des panneaux à l’attention des routiers pour que la mesure devienne effective. Officielle. Après avoir pris le même arrêté anti poids lourds en septembre dernier, les cinq maires de la Roya (Breil, Fontan, Saorge, La Brigue et Tende) ont installé la même signalétique, hier, à l’entrée de leur commune. Simultanément. La date ayant été fixée de manière collégiale, la veille, dans le cadre d’une réunion du Sivom (Syndicat intercommunal à vocation multiple) de la Roya. Plus aucun doute n’est permis: les camions de plus de 19 tonnes sont dorénavant indésirables dans la vallée. En attente, du moins, d’une possible décision contraire du tribunal administratif. Qui avait déjà retoqué un premier arrêté en août. Au motif qu’il avait été pris par les seuls maires de Fontan, puis de Breil. Et non de tous les élus de la vallée.
« Que du négatif »
Premier à avoir pris l’arrêté, le maire de Fontan, Philippe Oudot, insiste. Persiste. «Nous avons entamé une démarche, il est nécessaire de l’aboutir. Cet arrêté, c’est la seule solution pour se faire entendre. » Pour lutter contre le TIR. Le trafic international routier. Mais les artisans qui voudraient desservir l’une des cinq communes ne sont évidemment pas concernés par cette mesure. Et pourront demander une dérogation auprès des mairies, cinq jours avant la date de livraison. « La population est derrière nous. Beaucoup de gens sont venus nous dire merci», souligne Philippe Oudot. Ajoutant que les proches élus italiens les soutiennent également. Son voisin de Breil, André Ipert, insiste sur la légitimité de l’arrêté qu’ils avaient tous deux pris en pionniers : «Le tribunal administratif n’a pas repris l’argumentaire de la préfecture, relatif à l’atteinte à la libre circulation.» Ce dernier explique que le processus devrait se poursuivre par un travail de communication auprès de l’Anas (l’agence italienne des routes) et des autoroutes. De son point de vue, les logiques financières des transporteurs – qui souhaitent éviter l’autoroute pour réduire les coûts – ne peuvent prévaloir face à l’économie locale. Tout entière tournée vers le tourisme. «Pour nous, ces camions, qui nous semblent de plus en plus chargés, ce n’est que du négatif. Ils sont tellement longs qu’ils empiètent sur l’autre voie. Dissuadent certains automobilistes de venir .» Et de préciser que l’arrêté n’a rien d’un coup de force. «Si on fait une chronologie de notre démarche, elle est logique. On nous promet des réunions mais rien n’a eu lieu.» Même constat du côté de la maire de Saorge, Brigitte Bresc, qui assure que les cinq maires «ne lâcheront rien» – même s’il n’est pas question d’agir en «hors-la-loi». Que les transporteurs n’ont qu’à augmenter le tarif des sacs de ciment de quelques centimes pour compenser le prix de l’autoroute. « Je prends cette route quatre fois par semaine, embraie le maire de La Brigue, Daniel Alberti. La situation pourrait très vite dégénérer s’il n’y a plus d’alternat au niveau du tunnel de Tende.» Et s’il admet que l’arrêté anti poids lourds n’est pas forcément la meilleure solution trouvée, il estime qu’il «est encore temps de discuter pour trouver une solution pérenne. Il ne faudrait pas attendre qu’il y ait un grave accident pour le faire…» Impossible de reprocher au collectif de maires d’empêcher les camionneurs de travailler, selon le premier magistrat de Tende, JeanPierre Vassallo, «puisqu’ils ont des alternatives». «Franchement, à quoi ça sert qu’ils passent dans la Roya? Ils ne peuvent pas prendre les virages dans ces conditions. Et nous, nous devons sécuriser et préserver l’état de nos routes », ajoute-t-il. Affirmant avoir comptabilisé 28 opérations de réfection des canalisations dans sa commune en deux ans. La sous-préfète Nice Montagne,