Nice-Matin (Cannes)

Le rebelle Falcao au repos, Ghezzal écarté

En Italie, on l’appelait l’enfant terrible mais Baldé Keita est surtout un phénomène qui ne demande qu’à exploser

- MATHIEU FAURE

C’est passé relativeme­nt inaperçu mais l’arrivée de Baldé Keita à Monaco pour 30 millions d’euros demeure le plus gros investisse­ment de l’ASM de l’été et le troisième de son histoire derrière Falcao (60M) et James Rodriguez (45M). Pourtant, le Sénégalais de 22 piges affiche 33 minutes de jeu en Ligue 1 réparties en deux bouts de matches. Rien d’affolant pour un garçon qui est arrivé en retard physiqueme­nt à la suite d’une préparatio­n tronquée avec la Lazio Rome. Et pour cause, le virevoltan­t attaquant souhaitait quitter la ville éternelle. Dans le Latium, personne ne s’en est offusqué. Voilà plusieurs saisons que le garçon souhaite partir chaque été. Caractérie­l, tête de mule, Keita n’est pas un jeune de 22 ans comme les autres. En janvier dernier, en plein mercato, son coach Simone Inzaghi décide de se passer de ses services après un retour de CAN 2017 compliqué. Alors que son équipe l’attend pour affronter Milan, Keita ne se présente

‘‘ pas, prétextant avoir manqué son avion à Dakar. Son entraîneur ne lui en tient pas rigueur et prône la patience. « C’est potentiell­ement l’un des cinq meilleurs joueurs au monde, mais je ne le voyais jamais serein. Je l’ai tenu à l’écart jusqu’à ce que le mercato soit fini. Quand il est revenu, c’était un autre homme », détaillera plus tard le petit frère de ‘‘Pippo’’. Bilan, sur la phase retour, le joueur plante onze buts dont huit lors des cinq derniers matches, bouclant ainsi son meilleur exercice en Serie A (16 buts en 31 matches). Des chiffres surprenant­s car en Italie, Keita a parfois dû composer avec son impatience. Après des débuts précoces à 18 ans (5 buts en 25 matches de Serie A en 2013-2014), le joueur va stagner. Un but en 2014-2015, 4 en 2015-2016. Son coach de l’époque, Stefano Pioli, lui demande de se canaliser. «Sijem’entraîne aussi bien qu’il le dit, j’espère jouer plus dans l’avenir », lâche Keita. Il faut dire que tout est allé très vite dans sa vie. Né le 8 mars 1995 en Catalogne, de parents sénégalais, le jeune garçon intègre la Masia du FC Barcelone à 9 ans. En 2010, avec les jeunes du Barça, il participe à un tournoi de jeunes au Qatar et, un soir, fait une blague à un coéquipier en lui mettant un glaçon dans le lit. Rien de bien méchant sauf pour ses dirigeants qui ne goûtent pas trop à son humour... Dans la foulée, il est prêté à Cornella, un club filial qui joue en 3e division régionale. En fin de saison, vexé, il décide de quitter l’Espagne et opte pour la Lazio, qui paye 300 000 euros au club blaugrana. Il a 16 ans. Seul hic, il n’est pas encore Espagnol et ne peut donc pas jouer à cause du quota de joueurs extracommu­nautaires. Il faudra un an avant qu’il obtienne la nationalit­é espagnole, ce qui lui donnera des envies de jouer pour la Roja avant d’opter pour le Sénégal. Pour ses grands débuts avec la Lazio, il brille lors d’un tournoi amical Karol-Wojtyla en Pologne, en hommage au pape Jean-Paul-II : 6 buts en 4 matches. En Italie, on le compare très vite à Mario Balotelli. Attendu, le joueur va mettre plus de temps que prévu pour exploser. C’est finalement l’arrivée de son ancien entraîneur chez les jeunes, Simone Inzaghi, sur le banc, qui va tout changer même si les débuts son compliqués. « Je veux des joueurs qui sont fiers de porter le maillot de la Lazio, ça doit être le point de départ pour tout le monde. Moi, je continue avec ceux qui sont contents d’être au club, point », balance Inzaghi. Rapide, excellent dribbleur, Keita manque encore de régularité mais le potentiel est là. Monaco y croit au point de mettre 30 bâtons sur la table. Une certaine pression sur ses épaules liées à cette somme où à la succession de Kylian Mbappé ? Pas du tout. « Ne me comparez pas à Mbappé, ne me comparez à personne... j’ai mon propre style. Si j’ai cette étiquette de phénomène, c’est que j’ai beaucoup travaillé dans ma carrière et j’espère que je vaudrai plus que 30 millions dans le futur ». Sans filtre. Falcao est rentré du Pérou - en passant par la Colombie - hier soir. Le Tigre ne fait donc pas partie du voyage. Jorge, qui souffrait de la cheville il y a  jours, pourrait lui aussi souffler après son voyage au Brésil avec son équipe nationale. Jemerson, en revanche, pourrait débuter avec Glik, d’autant que Raggi n’est pas dans le groupe au sein duquel Kongolo fait son retour. Les internatio­naux européens pourraient avoir du temps de jeu, notamment Danijel Subasic et Kamil Glik, qui ont joué en début de semaine. Joao Moutinho a joué mardi dans un match couperet et intense contre la Suisse au sein d’un -- où il a fait la paire avec William Carvalho dans l’entrejeu. Le numéro  pourrait débuter la rencontre. Fabinho suspendu, le Portugais sera sans doute associé à un «bizut», Meïté ou N’Doram, de quoi faire souffler Tielemans, très utilisé avec la Belgique. Jardim va également profiter du match de Lyon pour donner du temps de jeu aux « non internatio­naux » : Touré, Rony Lopes et Carrillo. Keita, qui n’a encore jamais débuté une rencontre depuis son arrivée sur le Rocher, pourrait mettre fin à cette anomalie. D’autant que le Sénégalais a joué  minutes en sélection la semaine dernière. « Il a repris le rytme », a lancé, satisfait, Jardim. La blessure de Jovetic durant la trêve, l’absence de Ghezzal (choix) et la mise au repos de Falcao ne laissent pas beaucoup de choix au coach de l’ASM. Et le match de Besiktas arrive vite (mardi soir, h).

Potentiell­ement l’un des cinq meilleurs joueurs du monde ”

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