La police judiciaire tire la sonnette d’alarme
Les spécialistes de la cybercriminalité de la police judiciaire niçoise tirent la sonnette d’alarme. Trop d’enfants sont laissés seuls avec un ordinateur dans leur chambre, exposés au danger
Quand vous surveillez votre enfant au parc, vous veillez à ce qu’un monsieur ne lui donne pas des bonbons ? Mais chez vous, vous le laissez aller seul sur Internet? Oui? Pourtant c’est exactement la même jungle.» L’avertissement claque. Et pour cause, la police judiciaire niçoise s’alarme des dangers que courent nos enfants sur le Net. Nous avons rencontré cette semaine les « cybers », des policiers spécialisés qui traquent, notamment, les pédophiles sur la toile. Leur cellule dépend de la Division des affaires économiques et financières (DDEF) de la PJ de Nice.
« Ils ne se méfient pas ! »
« Nous avons un gros problème au niveau de nos enfants. Ils ne se méfient pas ! », s’inquiète Jérôme Vial, patron de la DDEF. L’an dernier, la cellule cybercriminalité de la PJ de Nice s’est rendue dans des établissements scolaires de la région. «Sur 200 élèves en face de nous, un quart rencontrait des problèmes réels de harcèlement sur le Net, de vol de données personnelles, de photos détournées, volées et publiées, mais aussi d’espionnage », se souvient Pierre Penalba, patron de la cellule. Pierre Penalba se remémore une affaire d’il y a deux ans. Une maman niçoise dégote, pour sa fille de dix ans, une annonce intéressante pour des maillots de bain sur le site Le Bon Coin. Par mail, la «vendeuse» lui envoie une liste des vêtements via un fichier Excel. Sauf que le pirate, qui était en fait un homme, y avait glissé un virus. « Après avoir pris la main dans l’ordi de la maman, il s’est introduit dans tous les appareils de la maison, via le réseau domestique. Pendant trois semaines, il a espionné la gamine sur son propre ordinateur à elle, installé dans sa chambre! Il l’a filmée à son insu en allumant la webcam, a copié tous ses codes réseaux sociaux. Il connaissait tout d’elle ...» Le pédophile dans la chambre de l’ado
Un jour, le pédophile passe à l’action. Un message s’affiche sur l’ordinateur de la petite, seule devant son écran : « Si tu ne te caresses pas devant moi, je balance toutes les vidéos, photos, que j’ai de toi, à tes amis. » Et il cite nommément les prénoms des relations de l’adolescente. «Heureusement, la petite a prévenu sa maman qui a réalisé une photo de l’écran et
s’est rendue directement chez nous à la caserne Auvare de Nice. Le pédophile, qui vivait à Marseille, avait déjà fait 62 victimes. Que des enfants ! Nous l’avons interpellé. J’ai vu les vidéos avec ces gamines en train de pleurer, des petites de dix, onze ans, qu’ils contraignaient à se déshabiller, c’est horrible», se remémore l’enquêteur. Le conseil des « cybers » : ne jamais laisser un ordi dans la chambre d’un enfant, s’informer des derniers dangers que charrie le Net, et surtout dialoguer avec eux sur leur utilisation de la toile. «Il ne s’agit pas d’être paranoïaque mais vigilant ! » La prudence est de mise. L’Éducation nationale a publié une étude de 2014 : 4,5 % des collégiens disaient subir un cyber harcèlement, c’est-à-dire une violence verbale, physique ou psychologique répétée. Un élève sur cinq a déjà été victime de cyberviolence.