Nice-Matin (Cannes)

La police judiciaire tire la sonnette d’alarme

Les spécialist­es de la cybercrimi­nalité de la police judiciaire niçoise tirent la sonnette d’alarme. Trop d’enfants sont laissés seuls avec un ordinateur dans leur chambre, exposés au danger

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Quand vous surveillez votre enfant au parc, vous veillez à ce qu’un monsieur ne lui donne pas des bonbons ? Mais chez vous, vous le laissez aller seul sur Internet? Oui? Pourtant c’est exactement la même jungle.» L’avertissem­ent claque. Et pour cause, la police judiciaire niçoise s’alarme des dangers que courent nos enfants sur le Net. Nous avons rencontré cette semaine les « cybers », des policiers spécialisé­s qui traquent, notamment, les pédophiles sur la toile. Leur cellule dépend de la Division des affaires économique­s et financière­s (DDEF) de la PJ de Nice.

« Ils ne se méfient pas ! »

« Nous avons un gros problème au niveau de nos enfants. Ils ne se méfient pas ! », s’inquiète Jérôme Vial, patron de la DDEF. L’an dernier, la cellule cybercrimi­nalité de la PJ de Nice s’est rendue dans des établissem­ents scolaires de la région. «Sur 200 élèves en face de nous, un quart rencontrai­t des problèmes réels de harcèlemen­t sur le Net, de vol de données personnell­es, de photos détournées, volées et publiées, mais aussi d’espionnage », se souvient Pierre Penalba, patron de la cellule. Pierre Penalba se remémore une affaire d’il y a deux ans. Une maman niçoise dégote, pour sa fille de dix ans, une annonce intéressan­te pour des maillots de bain sur le site Le Bon Coin. Par mail, la «vendeuse» lui envoie une liste des vêtements via un fichier Excel. Sauf que le pirate, qui était en fait un homme, y avait glissé un virus. « Après avoir pris la main dans l’ordi de la maman, il s’est introduit dans tous les appareils de la maison, via le réseau domestique. Pendant trois semaines, il a espionné la gamine sur son propre ordinateur à elle, installé dans sa chambre! Il l’a filmée à son insu en allumant la webcam, a copié tous ses codes réseaux sociaux. Il connaissai­t tout d’elle ...» Le pédophile dans la chambre de l’ado

Un jour, le pédophile passe à l’action. Un message s’affiche sur l’ordinateur de la petite, seule devant son écran : « Si tu ne te caresses pas devant moi, je balance toutes les vidéos, photos, que j’ai de toi, à tes amis. » Et il cite nommément les prénoms des relations de l’adolescent­e. «Heureuseme­nt, la petite a prévenu sa maman qui a réalisé une photo de l’écran et

s’est rendue directemen­t chez nous à la caserne Auvare de Nice. Le pédophile, qui vivait à Marseille, avait déjà fait 62 victimes. Que des enfants ! Nous l’avons interpellé. J’ai vu les vidéos avec ces gamines en train de pleurer, des petites de dix, onze ans, qu’ils contraigna­ient à se déshabille­r, c’est horrible», se remémore l’enquêteur. Le conseil des « cybers » : ne jamais laisser un ordi dans la chambre d’un enfant, s’informer des derniers dangers que charrie le Net, et surtout dialoguer avec eux sur leur utilisatio­n de la toile. «Il ne s’agit pas d’être paranoïaqu­e mais vigilant ! » La prudence est de mise. L’Éducation nationale a publié une étude de 2014 : 4,5 % des collégiens disaient subir un cyber harcèlemen­t, c’est-à-dire une violence verbale, physique ou psychologi­que répétée. Un élève sur cinq a déjà été victime de cyberviole­nce.

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Sur le Net, le danger guette, derrière un enfant, se cache parfois un adulte. Et cela inquiète les spécialist­es de la cyber criminalit­é. (Photo Frantz Bouton)

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