Les Pénitents : la liberté dans le respect des traditions
Autrefois très nombreuses, les chapelles étaient parfois attribuées par les prélats, à des confréries de Pénitents. Au bas du Suquet, le sanctuaire dédié à Notre-Dame de la Miséricorde, devint ainsi le lieu cultuel des Pénitents Noirs.
Le rôle déterminant des Pénitents
L’origine des Pénitents allait de pair avec la fin des punitions collectives, interdites par l’Eglise, notamment celles des Flagellants qui s’imposaient des coups de fouets pour expier leurs fautes. D’une certaine façon, les Pénitents prirent à leur compte, les péchés des autres. Les plus anciennes confréries de Pénitents furent celles des Blancs dont la genèse remontait au XIIIe siècle. Ces assemblées de laïcs furent avant tout des compagnies de secours mutuel qui intervenaient durant les épidémies, lors du ramassage des corps sur la voie publique. La plupart du temps, elles soutenaient les foyers nécessiteux, en cas de besoin, de maladie ou de décès du père de famille. Le produit des quêtes réalisées était ensuite remis aux descendants. Lors des enterrements, si la famille n’était pas indigente, elle devait payer la prestation des confrères. La somme d’argent ainsi réunie servait à l’entretien de la chapelle et à l’achat des objets liturgiques. Les confrères visitaient aussi les prisonniers qu’ils s’efforçaient de comprendre en soulageant l’angoisse de l’enfermement. Leurs processions régulières qui se déroulaient par les rues et les places de la ville, lors des grandes fêtes religieuses, attiraient les foules.
Une distinction par la couleur
La couleur de leur robe différenciait les confréries. La Blanche, sans doute par son ancienneté, dominait toutes les autres. Elle se trouvait toujours en tête des processions. A sa suite, venaient les confrères tout de noir vêtu, puis ceux habillés de bleu, rouge ou gris. Ces derniers avaient tous la même fonction sociale. Si la cagoule préservait l’anonymat, la ceinture en corde symbolisait l’élévation et la discipline du groupe. En 1849, le prélat du diocèse de Fréjus dont Cannes faisait alors partie, fixa précisément les statuts de la confrérie des Pénitents. Celle-ci dut alors acquitter un droit à la Fabrique, gestionnaire de l’église de la ville. La chapelle de Notre-Dame de Miséricorde devint une succursale de la paroisse et l’on y célébra des offices réguliers. En 1869, la Fabrique reprit entièrement le contrôle du lieu cultuel. Les confrères conservèrent l’organisation de trois cérémonies annuelles : les Jeudis et Vendredis Saints et le jour de Conception de la Vierge. Durant les offices, les fidèles louaient leurs chaises. Cette somme revenait au Conseil de Fabrique chargé de l’entretien des lieux. De nombreuses confréries existent encore aujourd’hui, notamment dans les grandes villes. Lors des processions de la Semaine Sainte, les crécelles des confrères annoncent les messes, les cloches ne sonnant pas ces jours là. Les Pénitents ont contribué à une certaine émancipation des esprits par leur liberté : choix du lieu de réunion, rassemblements, respect des morts, processions. Une action souvent menée au bénéfice de l’Eglise qui profitait ainsi de la poursuite des oeuvres de charité et d’une intégration importante du peuple dans la vie paroissiale.