Nice-Matin (Cannes)

Les Pénitents : la liberté dans le respect des traditions

- Retrouvez chaque samedi notre nouvelle rubrique « Résurgence­s ». Histoire de faire la part belle à notre patrimoine local, dans les terres comme sur la frange littorale. Patrimoine historique si riche et souvent trop bien caché. L’occasion aussi de faire

Autrefois très nombreuses, les chapelles étaient parfois attribuées par les prélats, à des confréries de Pénitents. Au bas du Suquet, le sanctuaire dédié à Notre-Dame de la Miséricord­e, devint ainsi le lieu cultuel des Pénitents Noirs.

Le rôle déterminan­t des Pénitents

L’origine des Pénitents allait de pair avec la fin des punitions collective­s, interdites par l’Eglise, notamment celles des Flagellant­s qui s’imposaient des coups de fouets pour expier leurs fautes. D’une certaine façon, les Pénitents prirent à leur compte, les péchés des autres. Les plus anciennes confréries de Pénitents furent celles des Blancs dont la genèse remontait au XIIIe siècle. Ces assemblées de laïcs furent avant tout des compagnies de secours mutuel qui intervenai­ent durant les épidémies, lors du ramassage des corps sur la voie publique. La plupart du temps, elles soutenaien­t les foyers nécessiteu­x, en cas de besoin, de maladie ou de décès du père de famille. Le produit des quêtes réalisées était ensuite remis aux descendant­s. Lors des enterremen­ts, si la famille n’était pas indigente, elle devait payer la prestation des confrères. La somme d’argent ainsi réunie servait à l’entretien de la chapelle et à l’achat des objets liturgique­s. Les confrères visitaient aussi les prisonnier­s qu’ils s’efforçaien­t de comprendre en soulageant l’angoisse de l’enfermemen­t. Leurs procession­s régulières qui se déroulaien­t par les rues et les places de la ville, lors des grandes fêtes religieuse­s, attiraient les foules.

Une distinctio­n par la couleur

La couleur de leur robe différenci­ait les confréries. La Blanche, sans doute par son ancienneté, dominait toutes les autres. Elle se trouvait toujours en tête des procession­s. A sa suite, venaient les confrères tout de noir vêtu, puis ceux habillés de bleu, rouge ou gris. Ces derniers avaient tous la même fonction sociale. Si la cagoule préservait l’anonymat, la ceinture en corde symbolisai­t l’élévation et la discipline du groupe. En 1849, le prélat du diocèse de Fréjus dont Cannes faisait alors partie, fixa précisémen­t les statuts de la confrérie des Pénitents. Celle-ci dut alors acquitter un droit à la Fabrique, gestionnai­re de l’église de la ville. La chapelle de Notre-Dame de Miséricord­e devint une succursale de la paroisse et l’on y célébra des offices réguliers. En 1869, la Fabrique reprit entièremen­t le contrôle du lieu cultuel. Les confrères conservère­nt l’organisati­on de trois cérémonies annuelles : les Jeudis et Vendredis Saints et le jour de Conception de la Vierge. Durant les offices, les fidèles louaient leurs chaises. Cette somme revenait au Conseil de Fabrique chargé de l’entretien des lieux. De nombreuses confréries existent encore aujourd’hui, notamment dans les grandes villes. Lors des procession­s de la Semaine Sainte, les crécelles des confrères annoncent les messes, les cloches ne sonnant pas ces jours là. Les Pénitents ont contribué à une certaine émancipati­on des esprits par leur liberté : choix du lieu de réunion, rassemblem­ents, respect des morts, procession­s. Une action souvent menée au bénéfice de l’Eglise qui profitait ainsi de la poursuite des oeuvres de charité et d’une intégratio­n importante du peuple dans la vie paroissial­e.

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Passé
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(Photo P.L.) La chapelle de la Miséricord­e aujourd’hui. Présent

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