Nice-Matin (Cannes)

Negresco : le feuilleton judiciaire s’éternise

Nouvelle audience avortée sur le Negresco, hier, au tribunal de commerce de Nice. Le parquet qui voulait mettre un terme à l’administra­tion judiciaire de l’hôtel a retiré sa requête… Du moins pour le moment

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Il y a quinze jours une première audience avait été renvoyée. Hier, une délégation de salariés du Negresco, inquiets pour la future gouvernanc­e de l’hôtel, s’est à nouveau présentée aux grilles du tribunal de commerce de Nice. Son président, Jean-Marcel Giuliani, avait promis d’examiner au fond, cette fois, la requête du parquet qui souhaite mettre un terme à la mission de Me Nathalie Thomas. Depuis 2013 cette administra­trice judiciaire gère le Negresco en lieu et place de son emblématiq­ue patronne, Jeanne Augier aujourd’hui âgée de 94 ans. La justice avait mis en place cette mesure conservato­ire parce que l’état de santé de « Madame» - comme l’appellent ses employées - laissait craindre une altération de ses facultés. Quatre ans plus tard, le parquet de Nice a estimé que le provisoire n’avait que trop duré. Le procureur de la République, Jean-Michel Prêtre, a donc saisi le tribunal de commerce pour qu’il mette un terme à la mission de l’administra­trice judiciaire. Le sort de Me Thomas devait donc être examiné ce vendredi à la barre de cette juridictio­n. Il n’en a rien été.

«Ouvrir la boîte de pandore »

L’audience n’aura duré que quelques minutes. Le président JeanMarcel Giuliani a bien tenté de demander si toutes les parties « accepterai­ent » qu’il examine l’affaire. Une précaution inhabituel­le qui s’est avérée vaine. Les avocats de la SA Negresco avaient soulevé dès la première audience, il y a quinze jours, un problème de droit. La requête du parquet n’a manifestem­ent pas été libellée dans les formes. À l’audience, le procureur adjoint Thomas Bride l’a reconnu… à demi-mot : « J’ai bien saisi le doute qui a pu surgir », a-t-il indiqué. Tout en se déclarant assez « surpris du caractère contentieu­x de cette procédure », qui n’aurait pourtant pas d’autre but que de « pérenniser l’avenir de l’hôtel et de ses salariés », le représenta­nt du parquet a annoncé, « en signe d’apaisement » qu’il renonçait à sa requête… Du moins pour l’instant. Car il ne semble faire guère de doute que le ministère public va reformuler sa demande. En attendant Me Thomas reste donc à la tête de cette entreprise en qualité d’administra­trice judiciaire. Pour elle l’enjeu n’est pas la direction générale du Negresco qui est d’ores et déjà constituée de « profession­nels de qualité ». « La vraie question qui se pose aujourd’hui c’est celle du patrimoine de Mme Augier. Tout ce qui est fait n’a d’autre but que d’en assurer la protection. Du moins aujourd’hui… » Car, mettre fin à sa mission d’administra­trice judiciaire équivaudra­it à « ouvrir la boîte de pandore ». Pour preuve les récentes marques d’intérêt dont ce palais de la Belle Époque estimé à plus de 300 millions d’euros aurait tout récemment fait l’objet (ci-contre).

 ?? (Photo E.G.) ?? Les salariés du Negresco à la sortie du tribunal de commerce de Nice autour de Me Nathalie Thomas (au centre), l’administra­trice judiciaire qui gère l’hôtel depuis quatre ans.
(Photo E.G.) Les salariés du Negresco à la sortie du tribunal de commerce de Nice autour de Me Nathalie Thomas (au centre), l’administra­trice judiciaire qui gère l’hôtel depuis quatre ans.

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