Nos lecteurs ont la parole
Var-matin vous propose de participer à un débat sur un thème d’actualité. Le sujet du jour : pour ou contre la suppression de la taxe d’habitation ?
À l’heure où les taxes d’habitation ne vont pas tarder à arriver dans vos boîtes aux lettres, cet impôt fait aussi la Une de l’actualité. D’un côté, sa suppression annoncée pourrait bien alléger les frais d’une grande majorité de ménages. De l’autre, les maires tirent la sonnette d’alarme et jurent qu’une telle mesure va mettre en danger, voire rendre impossibles bon nombre de services publics municipaux. Et vous, qu’en pensez-vous? ◗ Êtes-vous pour ou contre la taxe d’habitation? ◗ Cet impôt est-il inique ou utile ?
Je suis favorable
Je suis favorable à la suppression de cette taxe. Cette année j’ai 150€ d’impôts sur le revenu et on demande une taxe d’habitation de presque 1000 (!) alors que mon loyer s’élève à 783 € ! GILBERT WALCAK, NICE
◗ La remplacer par un nouvel impôt
La taxe d’habitation est un impôt que beaucoup de spécialistes considèrent comme totalement désuet et injuste mais personne n’a osé jusqu’alors s’y attaquer. Tout le monde a reculé devant les conséquences d’un changement des bases de calcul. Il faut assurer des ressources indépendantes aux collectivités locales (communes, communautés de communes…) tout en assurant une justice fiscale entre les citoyens et une certaine compensation entre collectivités riches et pauvres : pas simple… Il faut donc la supprimer totalement et la remplacer par un nouvel impôt. La voie choisie actuellement ne me semble pas la bonne. L’État va compenser mais sur la base des taux actuels. En cas de hausse des taux décidée par une collectivité, tout le monde paiera donc de nouveau et il sera encore plus tentant d’augmenter les taux puisque la charge sera faible pour 80 % des contribuables qui étaient jusqu’alors exonérés ! Il faudrait aussi s’intéresser aux impôts fonciers, tout aussi injustes. Notez à ce propos que le Département est financé par les impôts fonciers mais pas par la taxe d’habitation ! Or le Département, c’est notamment les collèges, les routes et surtout le social auxquels ne contribuent donc pas les locataires, même aisés ! La fiscalité locale est donc à revoir totalement. GÉRARD DUMAS, DRAGUIGNAN
◗ Un anachronisme en Europe
Cette taxe est un anachronisme en Europe. Comment, sans cette taxe, nos voisins, notamment Belges, peuvent-ils encore vivre ? Eux qui ne la paient pas… ne paient pas non plus d’ISF, de CSG, roulent gratuitement sur des autoroutes éclairées la nuit, ne sont pas imposés sur les loyers qu’ils perçoivent, ne sont pas taxés sur les plus-values immobilières, etc. Il faut arrêter la diarrhée des taxes et impôts en France et à commencer par cette taxe d’habitation. ÉDOUARD HULIN, SAINT-RAPHAËL
◗ Prendre en compte davantage de critères
La taxe d habitation coûte beaucoup aux ménages français alors qu’on pourrait dans son calcul prendre davantage de critères en compte, plutôt que de l’indexer uniquement sur le revenu des contribuables, alors que les dépenses et charges ne sont pas prises en compte. De nos jours, les petites économies ne sont pas négligeables et celle-ci va de soit. FRÉDÉRIC CLAY, NICE
◗ Pour nous imposer sur autre chose
Je reste certaine que supprimer la taxe d’habitation est une très mauvaise chose et surtout que c’est pour nous imposer sur autre chose. Le gouvernement va trouver autre chose pour la remplacer. Par exemple faire payer les propriétaires qui n’ont plus de crédit pour leur appartement. Mais il ne faut pas oublier qu’en général, on est à la retraite quand on a fini de payer son crédit immobilier et qu’en plus on paye aussi la taxe foncière. Donc ça suffit, les retraités sont à l’agonie financière. Les décideurs ne peuvent pas imaginer comment on vit avec 1 200 JOELLE BACH
Revoir les bases
Faut-il supprimer la taxe d’habitation en 2018 ? Oui et Non. Non, car le gouvernement ne compensera pas dans la durée la perte de cette ressource financière des communes et cela paralysera le fonctionnement des services publics. Oui, car les seuils financiers retenus, avec le revenu fiscal de référence, pour sa suppression au bénéfice de 80 % des ménages, sont particulièrement injustes pour les 20 % exclus. Dans ces derniers, beaucoup de contribuables ne disposent pas de revenus très au-delà des seuils retenus. Où se situe la vraie richesse ? Donc, avant d’annoncer électoralement cette suppression, il aurait été préférable de revoir les bases d’imposition de cette taxe qui datent, je crois, des années 70. Là, il y avait moyen de rattraper les injustices de cette imposition et ainsi la conserver. DOMINIQUE DOUTREMER, MENTON
◗ Priver les finances communales
À première vue, la suppression de la taxe d’habitation peut sembler une bénédiction quand on peine à boucler son budget. Surtout quand on a la chance de vivre dans une belle ville comme Nice, où la note peut paraître salée… Pourtant mieux vaut y réfléchir à deux fois : il ne s’agit pas d’un cadeau fait aux ménages, mais de priver les finances municipales d’un sérieux apport financier. Et la municipalité, c’est nous, nos structures, notre vie au quotidien. Sans compter que cette taxe serait vraisemblablement remplacée par une autre, ne rêvons pas, qui serait cette fois prélevée par l’État et similaire à la taxe foncière, donc non indexée sur les revenus. Et donc Simone, veuve et retraitée, qui vit au centre de Nice depuis 45 ans, ne paye pas beaucoup de taxe d’habitation car ses revenus sont modestes. Mais demain, non seulement elle sera doublement taxée en tant que propriétaire – eh oui, à 76 ans, elle a fini de payer son crédit heureusement – mais en plus le banc du square où elle aime s’asseoir tous les matins ne sera pas remplacé faute de moyens… MORGANE PEHAUT, NICE
◗ Une suppression démagogique
Il faut une réforme de la fiscalité locale, certainement, car elle est injuste, mais pas la suppression démagogique proposée . La taxe d’habitation sert entre autres à financer des services publics locaux, souvent nombreux et performants, peu coûteux aussi par rapport à des prestations privées. Il me semble normal que chaque citoyen bénéficiant de ces services dans sa vie quotidienne participe par l’impôt à leur financement. Même un impôt symbolique, tenant plus compte des revenus qu’actuellement. De plus, quelle est la constitutionnalité d’une proposition qui met en cause la libre administration des collectivités, qui est un principe constitutionnel, comme elle met en cause le principe d’égalité en ne faisant reposer l’impôt que sur 20 % des citoyens, alors que cet impôt sert à financer le service public communal pour tous ? Si les communes ont moins de ressources, elles réduiront le service aux populations, pas sûr que celles-ci soient gagnantes sur la durée…