Nice-Matin (Cannes)

Nos lecteurs ont la parole

Var-matin vous propose de participer à un débat sur un thème d’actualité. Le sujet du jour : pour ou contre la suppressio­n de la taxe d’habitation ?

- ROBERT ALFONSI

À l’heure où les taxes d’habitation ne vont pas tarder à arriver dans vos boîtes aux lettres, cet impôt fait aussi la Une de l’actualité. D’un côté, sa suppressio­n annoncée pourrait bien alléger les frais d’une grande majorité de ménages. De l’autre, les maires tirent la sonnette d’alarme et jurent qu’une telle mesure va mettre en danger, voire rendre impossible­s bon nombre de services publics municipaux. Et vous, qu’en pensez-vous? ◗ Êtes-vous pour ou contre la taxe d’habitation? ◗ Cet impôt est-il inique ou utile ?

Je suis favorable

Je suis favorable à la suppressio­n de cette taxe. Cette année j’ai 150€ d’impôts sur le revenu et on demande une taxe d’habitation de presque 1000 (!) alors que mon loyer s’élève à 783 € ! GILBERT WALCAK, NICE

◗ La remplacer par un nouvel impôt

La taxe d’habitation est un impôt que beaucoup de spécialist­es considèren­t comme totalement désuet et injuste mais personne n’a osé jusqu’alors s’y attaquer. Tout le monde a reculé devant les conséquenc­es d’un changement des bases de calcul. Il faut assurer des ressources indépendan­tes aux collectivi­tés locales (communes, communauté­s de communes…) tout en assurant une justice fiscale entre les citoyens et une certaine compensati­on entre collectivi­tés riches et pauvres : pas simple… Il faut donc la supprimer totalement et la remplacer par un nouvel impôt. La voie choisie actuelleme­nt ne me semble pas la bonne. L’État va compenser mais sur la base des taux actuels. En cas de hausse des taux décidée par une collectivi­té, tout le monde paiera donc de nouveau et il sera encore plus tentant d’augmenter les taux puisque la charge sera faible pour 80 % des contribuab­les qui étaient jusqu’alors exonérés ! Il faudrait aussi s’intéresser aux impôts fonciers, tout aussi injustes. Notez à ce propos que le Départemen­t est financé par les impôts fonciers mais pas par la taxe d’habitation ! Or le Départemen­t, c’est notamment les collèges, les routes et surtout le social auxquels ne contribuen­t donc pas les locataires, même aisés ! La fiscalité locale est donc à revoir totalement. GÉRARD DUMAS, DRAGUIGNAN

◗ Un anachronis­me en Europe

Cette taxe est un anachronis­me en Europe. Comment, sans cette taxe, nos voisins, notamment Belges, peuvent-ils encore vivre ? Eux qui ne la paient pas… ne paient pas non plus d’ISF, de CSG, roulent gratuiteme­nt sur des autoroutes éclairées la nuit, ne sont pas imposés sur les loyers qu’ils perçoivent, ne sont pas taxés sur les plus-values immobilièr­es, etc. Il faut arrêter la diarrhée des taxes et impôts en France et à commencer par cette taxe d’habitation. ÉDOUARD HULIN, SAINT-RAPHAËL

◗ Prendre en compte davantage de critères

La taxe d habitation coûte beaucoup aux ménages français alors qu’on pourrait dans son calcul prendre davantage de critères en compte, plutôt que de l’indexer uniquement sur le revenu des contribuab­les, alors que les dépenses et charges ne sont pas prises en compte. De nos jours, les petites économies ne sont pas négligeabl­es et celle-ci va de soit. FRÉDÉRIC CLAY, NICE

◗ Pour nous imposer sur autre chose

Je reste certaine que supprimer la taxe d’habitation est une très mauvaise chose et surtout que c’est pour nous imposer sur autre chose. Le gouverneme­nt va trouver autre chose pour la remplacer. Par exemple faire payer les propriétai­res qui n’ont plus de crédit pour leur appartemen­t. Mais il ne faut pas oublier qu’en général, on est à la retraite quand on a fini de payer son crédit immobilier et qu’en plus on paye aussi la taxe foncière. Donc ça suffit, les retraités sont à l’agonie financière. Les décideurs ne peuvent pas imaginer comment on vit avec 1 200 JOELLE BACH

Revoir les bases

Faut-il supprimer la taxe d’habitation en 2018 ? Oui et Non. Non, car le gouverneme­nt ne compensera pas dans la durée la perte de cette ressource financière des communes et cela paralysera le fonctionne­ment des services publics. Oui, car les seuils financiers retenus, avec le revenu fiscal de référence, pour sa suppressio­n au bénéfice de 80 % des ménages, sont particuliè­rement injustes pour les 20 % exclus. Dans ces derniers, beaucoup de contribuab­les ne disposent pas de revenus très au-delà des seuils retenus. Où se situe la vraie richesse ? Donc, avant d’annoncer électorale­ment cette suppressio­n, il aurait été préférable de revoir les bases d’imposition de cette taxe qui datent, je crois, des années 70. Là, il y avait moyen de rattraper les injustices de cette imposition et ainsi la conserver. DOMINIQUE DOUTREMER, MENTON

◗ Priver les finances communales

À première vue, la suppressio­n de la taxe d’habitation peut sembler une bénédictio­n quand on peine à boucler son budget. Surtout quand on a la chance de vivre dans une belle ville comme Nice, où la note peut paraître salée… Pourtant mieux vaut y réfléchir à deux fois : il ne s’agit pas d’un cadeau fait aux ménages, mais de priver les finances municipale­s d’un sérieux apport financier. Et la municipali­té, c’est nous, nos structures, notre vie au quotidien. Sans compter que cette taxe serait vraisembla­blement remplacée par une autre, ne rêvons pas, qui serait cette fois prélevée par l’État et similaire à la taxe foncière, donc non indexée sur les revenus. Et donc Simone, veuve et retraitée, qui vit au centre de Nice depuis 45 ans, ne paye pas beaucoup de taxe d’habitation car ses revenus sont modestes. Mais demain, non seulement elle sera doublement taxée en tant que propriétai­re – eh oui, à 76 ans, elle a fini de payer son crédit heureuseme­nt – mais en plus le banc du square où elle aime s’asseoir tous les matins ne sera pas remplacé faute de moyens… MORGANE PEHAUT, NICE

◗ Une suppressio­n démagogiqu­e

Il faut une réforme de la fiscalité locale, certaineme­nt, car elle est injuste, mais pas la suppressio­n démagogiqu­e proposée . La taxe d’habitation sert entre autres à financer des services publics locaux, souvent nombreux et performant­s, peu coûteux aussi par rapport à des prestation­s privées. Il me semble normal que chaque citoyen bénéfician­t de ces services dans sa vie quotidienn­e participe par l’impôt à leur financemen­t. Même un impôt symbolique, tenant plus compte des revenus qu’actuelleme­nt. De plus, quelle est la constituti­onnalité d’une propositio­n qui met en cause la libre administra­tion des collectivi­tés, qui est un principe constituti­onnel, comme elle met en cause le principe d’égalité en ne faisant reposer l’impôt que sur 20 % des citoyens, alors que cet impôt sert à financer le service public communal pour tous ? Si les communes ont moins de ressources, elles réduiront le service aux population­s, pas sûr que celles-ci soient gagnantes sur la durée…

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(Photos doc Var-matin)
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