Aqueduc de Fréjus : la prouesse des Romains
Le 21 mars 1797, un coup de feu claque dans le village de Pourrières, dans le Var. Un homme est à terre. JeanBaptiste Michel vient d’être tué. Sa femme est enceinte. Sept mois plus tard, naît le petit Louis. Lorsque, par la suite, il demandera : « Où est mon père ? », sa mère lui dira : « Ton père a été tué par trois hommes quelques mois avant ta naissance ». Louis, toute sa vie, n’aura de cesse de venger son père. Son enfance fut difficile. Sa mère avait peu de ressources. Il fut accepté par charité dans un pensionnat du Tholonet, près d’Aix-en-Provence. En 1817, le recteur d’Aix le charge de créer une école primaire dans son village natal. Il en profite pour partir à la recherche des assassins de son père. Il apprend que l’assassinat était politique et que les tueurs étaient des royalistes.
Chassé de son village
Le maire de Pourrières, conservateur, dénonce Louis comme un danger public. En 1819, Louis doit quitter son village. À Paris, il s’engage dans des études de droit. Fréquentant les milieux républicains, il fait la connaissance de Thiers. Le futur président de la République commence à se faire un nom dans le monde politique. En 1825, devenu avocat, Louis Michel n’a pas oublié la chasse aux assassins paternels. Le revoilà à Pourrières. Il apprend ce qu’on lui avait caché durant son enfance : qu’ils ont été jugés et acquittés. Il écrit au procureur du roi pour demander qu’ils soient expulsés du village. Il reçoit en réponse que c’est lui qui doit s’en aller ! Le revoilà à Paris, où son éloquence commence à faire merveille. Il s’installe ensuite dans le département du Cher, à Bourges, où il est désormais connu comme « Michel de Bourges ». Le 9 avril 1835, on frappe à la porte de son cabinet. Quelle n’est pas sa stupeur de voir apparaître devant lui une femme écrivain dont on commence à parler dans tout Paris : George Sand. Elle vient le consulter pour divorcer de son mari, le baron Casimir Dudevant. Ils deviennent amants. Un biographe écrira : « Ce petit homme hardi, voûté, chauve, vieux avant l’âge et passablement laid, d’humble souche paysanne, fut peutêtre l’amant le plus satisfaisant qu’eut jamais George Sand ». Plus satisfaisant que Chopin, que Musset? Et même qu’Alexandre Manceau – le graveur avec lequel elle viendra séjourner à Tamaris en 1861 ? Quel honneur ! La liaison entre George Sand et Louis Michel dure jusqu’en 1837.
« Un homme à tout oser »
Dans un de ses romans, Simon, George Sand l’a décrit ainsi : « Sa voix est pure et grave, ses yeux grands et noirs... Il avait cette puissance, cette bravoure et cette rudesse d’honnêteté qui faisaient sa plus grande force… C’était un homme à tout oser en matière politique, et à tout dire sans le moindre ménagement ». Louis Michel se présente aux élections législatives de 1837 et est élu à Niort (Deux-Sèvres). En 1851, il dénonça le coup d’État de Louis Napoléon. Dans un discours resté célèbre, à l’Assemblée, il déclare que le peuple, « sentinelle invisible », doit s’y opposer. L’Histoire lui donnera tort. Il devra s’enfuir en Suisse, puis en Belgique. Là, il rencontrera Victor Hugo. Lors d’un déjeuner en tête-à-tête, l’écrivain louera son courage politique. Mais Louis Michel finit par rentrer en France. Malade, il meurt à Montpellier en 1856. Une réponse lui manquait toutefois à la fin de sa vie : qu’étaient devenus les assassins de son père ?