Nice-Matin (Cannes)

HORS LES MURS  : le parlement d’Aix débute sa vie à Brignoles Ça vient de paraître

- ANDRÉ PEYREGNE RECUEILLI PAR R. M.

En 1481, la Provence entra dans le royaume de France. C’en était fini des comtes de Provence (lire notre article du dimanche 24 septembre). La région, qui s’étendait de la Camargue à l’actuelle limite du fleuve du Var, fut alors gérée par un gouverneur et un parlement qui représenta­ient le roi. Le premier gouverneur, nommé en 1481, fut Palamède de Forbin, seigneur de Solliès et du Luc, qui, ayant la confiance du roi Louis XI, avait été chargé par lui de rédiger les textes entérinant l’entrée de la Provence dans le royaume de France. Le parlement, lui, ne fut créé qu’en 1501. Sa première séance eut lieu le 8 novembre 1502 à… Brignoles, en raison de l’épidémie de peste qui sévissait à Aix. Son premier président fut Antoine Mulet, venu de Grenoble. En France, existaient déjà en province les parlements de Dole, Toulouse, Bordeaux, Grenoble, Dijon, Bretagne et Normandie. Une fois l’épidémie de peste passée, le parlement s’installa à Aix, dans l’ancien palais des comtes de Provence, à l’emplacemen­t actuel du palais de justice.

Il condamne le bandit Gaspard de Besse

Le parlement était composé d’un président et de onze conseiller­s quatre clercs et sept laïcs. Il exerçait un rôle de justice, de police et d’administra­tion. Il entérinait les décrets royaux avant de les faire appliquer – ainsi, d’ailleurs, que ceux du pape avant qu’ils ne soient Le Cannet: hommage au peintre Bonnard

Depuis le  octobre, date anniversai­re des  ans de la naissance de Pierre Bonnard (- ) et jusqu’au  janvier , le musée Pierre Bonnard du Cannet rend hommage au peintre, en présentant toute la richesse et la diversité de son travail. Cet accrochage­hommage se compose d’une cinquantai­ne d’oeuvres rares issues du fond du musée, de collection­s privées et de prestigieu­ses institutio­ns françaises. Le parcours débute par les toiles de jeunesse du peintre, puis traverse les divers mouvements dont il s’est inspiré, tout en conservant sa propre facture. Le musée présente des oeuvres majeures dont celles réalisées à la fin de sa vie au Cannet, où Bonnard a séjourné de  à . C’est également l’occasion pour le public officialis­és dans les églises de la région. L’un des procès les plus spectacula­ires qu’il eut à juger fut celui d’un célèbre bandit de grand chemin, le Varois Gaspard de Besse, qui fut condamné au supplice de la roue en place publique, le 25 octobre 1781. La vie du parlement aixois ne fut pas de tout repos. Au XVIe siècle, elle fut bouleversé­e par les guerres de religion. En 1544, son président, Jean Maynier, dirigea l’expédition au cours de laquelle près de trois mille protestant­s furent tués dans le Lubéron, et sept cents prisonnier­s envoyés aux galères. En 1579, Henri d’Angoulème, gouverneur de Provence, fils naturel du roi Henri II, participa au siège de Ménerbes, dans le Lubéron, qui dura… cinq ans. Ce n’est pas à cette de découvrir pour la première fois Les Grands Boulevards (vers , photo ci-dessous), nouvelle acquisitio­n du musée. Fréjus,  ans d’Histoire, découverte du Forum Julii, colonie romaine Fréjus conserve dans son tissu urbain les vestiges de son passé double fois millénaire. Aussi, les derniers beaux jours sont l’occasion de profiter de balades avec un guide-conférenci­er pour découvrir sous un angle nouveau « Le Forum Julii », prémices de Fréjus, baptisée « la Pompéi provençale », créée entre  et  av. J. C. par Jules César. Devenue colonie romaine sous l’empereur Auguste, Fréjus prend son essor par l’aménagemen­t d’un important port et l’édificatio­n de nombreux édifices monumentau­x. Aujourd’hui, c’est l’une des villes de France qui présente le plus de monuments romains différents. Sont arrivés jusqu’à nous le théâtre et l’amphithéât­re, les remparts, les portes de Rome et des Gaules, l’aqueduc et le port romain. occasion qu’il mourut mais… dans un duel où il fut tué par le mari d’une maîtresse d’Henri II, à la suite d’une complexe affaire amoureuse !

Louis XIII lui retire la gestion des impôts

En 1590, le roi Henri IV, estimant qu’il n’avait plus la confiance du parlement d’Aix, créa à Pertuis un parlement rival. Les guerres de religion une fois terminées, Aix retrouva son unique parlement qui ne fut pas plus calme pour autant. En 1630, le roi Louis XIII décide de lui retirer la gestion des impôts. Le peuple, redoutant là un moyen d’augmenter la fiscalité, se soulève le 19 septembre 1630. Une armée de cinq mille hommes est dépêchée de Paris, sous le commandeme­nt du prince de Condé pour arrêter l’émeute. L’armée n’ira pas plus loin qu’Avignon, où le président du parlement d’Aix, Vincent de Forbin-Maynier, se rendra pour négocier. Affaire conclue dans le drame : il mourra sur place d’une crise cardiaque. Le parlement d’Aix sera dissous à la Révolution, en septembre 1790 et son palais détruit. Quelques riches bâtiments témoignent encore, au centre d’Aix, du passé du parlement et des gouverneur­s : l’hôtel Maynier-d’Oppède, propriété d’une famille qui compta plusieurs présidents, abrite aujourd’hui des services de l’université d’Aix-Marseille et, l’été, des concerts du célèbre festival de musique; l’hôtel de Villars, que fit construire en 1750 le gouverneur Honoré de Villars, demeure aujourd’hui une propriété Les hommes et la mer Malgré l’inconnu, les peurs, l’absence totale d’équipement­s, tels les GPS ou même les cartes, des hommes ont répondu à l’appel de la mer. Cyrille P. Coutansais, directeur de recherches du Centre d’études stratégiqu­es de la Marine, retrace leurs périples et explique ce que ces voyages incertains ont apporté au monde d’aujourd’hui. Son livre, Les hommes et la mer, débute par une vue sous-marine de l’épave de la Madrague de Giens (Ier siècle avant J.-C.) parce que ditil, « elle représente assez bien les progrès qu’il nous reste à faire pour redécouvri­r notre passé marin ».

D’où et quand sont parties les premières embarcatio­ns ? Difficile à dire : on estime que  % des sites archéologi­ques les plus anciens se trouveraie­nt aujourd’hui sous l’eau : notre histoire maritime reste encore à écrire. Ce dont on est certain par contre, ce sont les zones, continents qui n’ont pu être peuplés que par voie maritime : Australie, Crète, vraisembla­blement Amériques.

Les monstres marins ont-t-il freiné les hommes ? Pas nécessaire­ment. Cette vision est très européenne. D’autres civilisati­ons ont fait naître des imaginaire­s beaucoup plus positifs, le paradis se situant même pour certaines au fond des océans. L’aventure polynésien­ne qui pousse ce peuple de navigateur­s à explorer l’ensemble du Pacifique, en occuper les îles et à pousser jusqu’en Amérique est là pour en témoigner. Concernant les Européens, s’il est vrai que la crainte des sirènes et autres Leviathan a longtemps freiné privée; le pavillon Vendôme, édifié en 1653 par le gouverneur Louis II de Vendôme, désireux d’y abriter ses amours illicites avec Lucrèce de Forbin-Solliès, appartenan­t à la famille du premier gouverneur d’Aix, et connue comme l’une des grandes beautés de l’époque, sous le nom de « Belle du Cannet ». Comme il existe d’étonnants retourneme­nts dans la vie des hommes, après ses folies amoureuses, ce gouverneur aixois entra dans les ordres, devint... cardinal, célébra en 1668 le baptême du fils de Louis XIV avant de mourir à Aix en 1669. Le pavillon Vendôme est aujourd’hui un musée. On y retrouve les splendeurs du temps où régnait à Aix le parlement de Provence. l’expansion maritime, d’autres rêves les ont poussés à tenter l’aventure : des rêves d’or, d’épices.

Qu’a apporté le siècle des Lumières ? Il marque une césure, en ce sens qu’il pose un regard scientifiq­ue sur les mers. On ne se contente plus des mythes : on veut comprendre, trouver une explicatio­n rationnell­e. C’est à compter des Lumières que l’on renomme tout le bestiaire fantastiqu­e imaginé dans les abbayes du Moyen Âge : les sirènes deviennent des lamantins, les licornes de mer de simples narvals.

Qui sont les maîtres du jeu dont vous parlez ? Ceux qui tirent les ficelles, les intermédia­ires qui, maîtrisant l’art de la navigation, l’informatio­n et par conséquent le pouvoir. Les Pays-Bas, au XVIIe siècle, sont un bon exemple : leur toile commercial­e est tissée à l’échelle du monde, ce qui leur permet d’imposer leur prix d’achat et de revente. Ils peuvent indifférem­ment se fournir en sucre au Brésil ou en Chine, le stocker dans leurs gigantesqu­es entrepôts d’Amsterdam pour le revendre en Europe au meilleur prix.

Sommes-nous toujours dans l’ère des maîtres du jeu ? Aujourd’hui plus que jamais et je prendrais un seul exemple : lescâbless­ous-marinsparl­esquelstra­nsitent %des données numériques entre les continents. Vos commandes sur Internet, vos mails, tout transite par ce biais. Et il y a un pays au centre de cette toile : les États-Unis.

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(DR) L’exposition La visite
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