Nice-Matin (Cannes)

FOOTBALL Retour vers le futur BESIKTAS

C’est la cinquième fois de son histoire que l’AS Monaco affronte un club turc au Louis-II. Galatasara­y et Fenerbahçe ont déjà échangé des coups avec le club de la Principaut­é

- M. F. MATHIEU FAURE

Besiktas est le troisième club turc mais aussi le troisième club stanboulio­te à venir au Louis-II. Galatasara­y, par trois fois, et Fenerbahçe ont déjà rendu visite aux Monégasque­s avec des fortunes diverses. On passe en marche arrière avec un joli coup d’oeil dans le rétroviseu­r.

■ 1989, dure première Premier quart de finale européen de son histoire et voilà que Monaco rêve déjà d’une demi-finale. En même temps, l’ASM a évité les épouvantai­ls du Real Madrid et de l’AC Milan. Galatasara­y n’effraie pas la bande à Wenger. Mais dans un Louis-II sans doute trop présomptue­ux, l’ASM s’incline sur un but rapide de Colak (20’). Diminuée, la star Glenn Hoddle débute sur le banc et remplace son compatriot­e Mark Hateley à la pause pour inverser la tendance. En vain. Au retour, dans un match disputé à Cologne devant 60 000 fans turcs car le stade d’Istanbul est suspendu par l’UEFA, Monaco se contentera d’un match nul (11, but de Weah) et voit son rêve de demi-finale s’envoler... ■ 1994, nette et sans bavure Troisième du dernier championna­t, Monaco profite de l’affaire OM-VA et du refus du PSG de remplacer le club olympien en C1 pour s’inviter au bal. En phase de groupe, Monaco hérite du Spartak Moscou, de Barcelone et de Galatasara­y. Presque cinq ans jour pour jour après le quart-de-finale malheureux de 1989, l’ASM se venge sèchement à domicile : 3-0. Le match est plié en vingt minutes et Monaco file vers le dernier carré. Enfin. Pendant longtemps, la Turquie n’a parlé que de Fatih Terim, l’entraîneur historique de Galatasara­y, vainqueur de la Coupe UEFA 2000 avec Gheorghe Hagi. L’un des rares Turcs à avoir coaché un grand club étranger (AC Milan en 2001). Depuis 2002, Terim a un binôme en la personne de Senol Günes, l’actuel coach du Besiktas. Avant de rafler deux titres de champion (2016 et 2017), Günes était surtout connu pour sa folle épopée à la tête de la Turquie en 2002. Au Japon et en Corée du Sud, l’escouade emmenée par Hakan Sükür et Umit Davala se hisse en demi-finale, faisant trembler le Brésil du grand Ronaldo (défaite 1-0). Dans le match pour la troisième place, les « Ay-Yildizlila­r » se débarrasse­nt de la Corée du Sud (3-2) pour s’offrir une fantastiqu­e médaille de bronze. « Nous sommes très heureux, parce que nous avons joué ce tournoi de manière très propre et avec beaucoup d’honneur », déclare Senol Günes à l’issue du ■ 2000, inutile victoire Avant-dernier match de poule et Monaco, dernier au coup d’envoi, doit absolument s’imposer pour croire encore à une qualificat­ion match pour la troisième place. « Nous sommes arrivés avec beaucoup de fierté et nous rentrons également très fiers. Le peuple turc aime mon équipe et mon équipe aime le peuple turc. Je pense que demain, [quand nous arriverons en Turquie], ce sera comme un rendezvous entre deux amoureux. » Il ne pensait pas si bien dire...

Cet été, il se paye Balotelli dans la presse

Malgré tout, les Turcs sont exigeants. En dépit d’une belle troisième place à la Coupe des confédérat­ions 2003, Günes ne résistera pas à l’échec des barrages pour l’Euro 2004. Défaite par la... Lettonie (0-1, 2-2), la Turquie n’ira pas au Portugal et Günes va mettre du temps à retrouver la lumière, s’exilant jusqu’en Corée du Sud pour coacher le FC Séoul (2007-2009). Mais l’appel du pays était trop fort pour l’ancien gardien de but de Trabzonspo­rt (1972-1987) et internatio­nal à 31 reprises. C’est donc à Trabzon dans une poule pourtant abordable avec Sturm Graz, les Rangers et donc Galatasara­y, le visiteur du soir. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Monaco part en trombe avec quatre buts en 20 minutes en première mi-temps et mène 4 à 1 à la pause. On se dit que le plus dur est fait mais la bande à Puel va se faire une énorme frayeur en seconde période puisque Jurietti puis Djetou se font expulser en moins de 4 minutes et Monaco doit jouer 30 minutes à 9 contre 11. Porato sera sauvé par deux fois par son poteau. Une victoire compliquée mais inutile puisque l’ASM terminera quand même dernier de sa poule... ■ 2016, l’acte fondateur Battu à l’aller à Istanbul par Fenerbahçe (1-2), Monaco n’a pas le choix dans ce match retour de troisième tour de qualificat­ion pour la Ligue des champions. Dans un 4-4-2 qui n’est pas encore l’équipe type, la bande à Jardim part très vite et mène 2 à 0 avant la vingtième minute par Germain et Falcao. A ce moment, le plus dur est fait. Mais peu de temps avant la pause, le capitaine qu’il va entamer son formidable rebond (2009-2013 et une Coupe de Turquie en 2010). Son style plaît et sa pige à Bursaspor en 2014-2015 lui ouvre ensuite les portes d’Istanbul et du Besiktas où il brille depuis. Avant son arrivée, le club n’avait plus gagné le titre depuis 2009. Autour d’un 4-2-3-1 huilé et puissant, il a su faire cohabiter des forts caractères comme Quaresma, Pepe ou Babel a des prometteur­s internatio­naux turcs réputés tels Cenk Tosun ou Oguzhan Özyakup. Surtout, Günes est un homme qui n’a pas sa langue dans la poche. Cet été, alors que des rumeurs envoient Mario Balotelli au Besiktas, Günes y va franco dans les colonnes de FourFourTw­o : « Balotelli ne fait pas partie de mes plans. Je n’ai pas une opinion de lui favorable. Je n’ai jamais ressenti quelque chose de positif à son égard. » Un homme au franc parler. C’est ce qu’il faut pour durer dans la folie du football turc. Et à 65 ans, Günes dure. Falcao se blesse à la cuisse et laisse sa place à Carrillo. Monaco accuse le coup et prend un but d’Emenike au retour des vestiaires. A ce moment du match, les deux équipes sont en route vers la prolongati­on. C’est le moment choisi par Valère Germain pour planter un doublé et envoyer son équipe en barrage. C’est le premier gros coup de la saison de l’ASM qui verra l’équipe de la Principaut­é se hisser en demi-finale de Ligue des champions et remporter le titre de champion de France. Pour les acteurs de cette formidable épopée, ce match retour au Louis-II contre les Turcs a été l’acteur fondateur d’une saison XXL.

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Mars , Youri Djorkaeff buteur lors d’une nette victoire sur Galatasara­y (-). (Photo AFP) Fabinho et Falcao de retour pour Besiktas ?
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(Photo AFP) Le coach turc Senol Günes avait mené son équipe nationale à la troisième place du Mondial .

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