Nice-Matin (Cannes)

c’est de saison !

Sidse Babett Knudsen : « Mon coeur est cinéphile, mais il y a tant de séries exceptionn­elles aujourd’hui »

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Une actrice venue du froid, dans la chaleur quasi-estivale de la Croisette. Ce pourrait être le pitch d’une nouvelle série. C’est plus sûrement le premier « épisode » du festival cannois, incarné par la Danoise Sidse Babett Knudsen. L’héroïne de Borgen est la marraine officielle de la première édition de CanneSérie­s. Césarisée pour L’hermine (avec Fabrice Luchini) et remarquée dans La fille de Brest, la comédienne laisse éclater son talent du petit au grand écran. Sur la Croisette «en vedette» pour la première fois, « cette femme de pouvoir » et de charme s’est confiée à Nice-matin.

A.C.

Vous êtes la marraine de CanneSérie­s . Est-ce aussi parce que le succès de Borgen a changé votre vie d’actrice ?

C’est une grande question… Oui, parce que Borgen m’a permis de travailler ailleurs que dans mon pays, mais en France, je fais surtout du cinéma. Pour mon travail, c’est la même chose : je cherche de bonnes histoires, racontées par des gens créatifs et talentueux. Et puis il y a tellement de séries exceptionn­elles aujourd’hui !

Il paraît que même Hillary Clinton est fan de Borgen. Elle était elle-même inspirante pour votre rôle « politique » ?

Le succès de Borgen était imprévisib­le, et l’on n’avait pas conçu cette série pour exporter la politique danoise à l’internatio­nal ! Pour mon rôle de premier ministre, j’ai surtout regardé un reportage sur Tony Blair, où l’on voyait que la fonction avait provoqué un vrai changement physique, dans sa façon de se tenir. Mais pour moi, ça reste plus difficile d’imiter le réel que de l’inventer.

Et votre rôle à CanneSérie­s ?

Je ne sais pas trop encore, mais c’est très excitant de participer à ce festival qui débute avec beaucoup d’ambition. L’idée d’un festival des séries qui deviendrai­t aussi important que le festival du film, c’est incroyable. Et puis quel bel endroit !

Vous êtes vous-même fan de séries ?

Oui. J’aime beaucoup Fargo, même si j’ai résisté très longtemps avant de la regarder, car j’adore le film des frères Cohen qui sont mes grands dieux. Mais j’ai été impression­née de constater que l’on pouvait conserver le même univers et la même qualité, avec une histoire qui s’étirait sur dix heures, au lieu de  h . J’affectionn­e aussi les comédies anglaises et américaine­s. Et l’on m’a également conseillé de voir Engrenages.

Le Festival veut concilier exigence artistique et plaisir grand public. C’est aussi votre démarche profession­nelle ?

C’est sûr, je cherche la qualité qui puisse toucher le plus de gens possible. C’est le cas avec Westworld, où spectacle et idées sont mêlés. Quand on m’a parlé de sciencefic­tion avec des cow-boys et robots, je me suis dit que ce serait trèsorigin­al !

Et le cinéma dans tout ça ?

Mon coeur est cinéphile, j’ai été bercée par le è art, et la France a cet amour du cinéma. En tant que spectatric­e, j’ai d’ailleurs longtemps résisté à la télé. Mais depuis que j’ai vu de bonnes séries sur grand écran, je ne fais plus vraiment de différence.

À  ans, vous avez appris le français en lisant Kafka à Paris. Avez-vous le sentiment d’avoir accompli votre métamorpho­se d’actrice ?

(Rires) Oh, je suis encore très jeune dans ma carrière, et j’espère encore faire mon travail et connaître de nombreuses métamorpho­ses. À mon âge, j’ai l’impression que s’offrent davantage de possibilit­és de jeu.

Harvey Weinstein fait tristement l’actualité. Et l’on vous considère, à travers vos rôles, comme une femme forte et intelligen­te. Si l’on créait une série sur ce personnage, vous pourriez tenir le rôle de sa meilleure ennemie ?

Ah, pitché comme ça, c’est intéressan­t ! Mais dans ce milieu dominé par les hommes, je n’ai jamais été confrontée à ce genre de cas. Et dans Borgen, je faisais tout ce que je pouvais pour que ce ne soit pas l’histoire d’une femme au pouvoir, mais juste d’un être humain placé dans cette situation, quel que soit le sexe. Le fait que ce soit une femme n’était qu’une caractéris­tique du personnage.

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