Nice-Matin (Cannes)

L’expert «L’omertà, c’est aussi ça, l’emprise sur les femmes»

Nathalie Rocailleux, psychologu­e clinicienn­e

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La défense des droits des femmes, l’égalité et le respect sont au coeur des missions de l’associatio­n AFL Transition, dont la psychologu­e clinicienn­e Nathalie Rocailleux est la directrice.

Ce harcèlemen­t repose-t-il sur un rapport de pouvoir ?

On voit dans tous les cas, une relation hiérarchis­ée, une relation d’emprise, c’est dans la définition de cette aliénation. Ce qui est compliqué est que la société s’est fondée par la prédation de l’homme, le mâle, sur la femme. Et qu’il reste encore beaucoup de mécanismes à déconstrui­re. Beaucoup de femmes l’ont vécu au cours de leur carrière, dans un lien de subordinat­ion.

La prise de parole, via les réseaux sociaux, semble faire sauter un verrou.

Le réseau social est un outil pour délier les langues, il permet de libérer la parole, car on se sent moins vulnérable derrière l’écran, que face à un policier dont on ne sait pas comment il va recevoir la plainte.

Par où commencer ?

D’une part, nous avons besoin d’un espace pour libérer la parole. Mais aussi de recueillir les preuves, pour ne pas être démuni quand commence l’enquête. C’est éminemment compliqué de rassembler ces preuves. Et sans preuve, c’est classé sans suite. Quant au syndrome traumatiqu­e, il n’est pas une preuve. Il faut des témoignage­s, des preuves matérielle­s, comme les textos, mais aussi par exemple, se filmer, s’enregistre­r.

Vous dîtes un lieu pour recueillir la parole, c’est-àdire ?

Dans l’entreprise, il y a des instances légitimes pour aborder les conflits liés au travail, ce sont les syndicats. On a besoin de lieux, qui expliquent les droits, déconstrui­sent la culpabilit­é et évaluent l’impact du trauma psychologi­que. Des lieux associatif­s mais très profession­nalisés.

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