De retour de Saint-Martin il témoigne du chaos Aéroport de Nice : les compagnies aériennes autonomes déboutées par le Conseil d’État
Technicien Enedis, Philippe Dutouquet revient des Antilles, où il a été projeté dans le cadre de la Force d’intervention rapide électrique. Bouleversé, il raconte des scènes apocalyptiques
Rendre service, c’est gratifiant, je suis toujours volontaire.» Philippe Dutouquet, 40 ans, est technicien d’intervention réseau chez Enedis, dans le secteur de Cannes. Jeudi, il est revenu d’une mission de trois semaines à SaintMartin, aux Antilles, dévastées par les ouragans Irma et Maria. Du volontariat dans le cadre de la Force d’intervention rapide électrique (FIRE). En moins de 24 heures, son package était prêt. «La première image que j’ai de notre arrivée, c’est d’avion. Juste avant de nous poser, nous avons survolé l’île. On aurait dit qu’il y avait eu la guerre. Des maisons totalement détruites, dévastées, un bateau posé sur l’une d’entre elles, une autre qui avait fini presque sur la route, des bâtiments totalement rasés, la terre comme brûlée.»
« Apocalyptique »
À Saint-Martin, il trouve une population épuisée, après un mois sans électricité. « Mais leur accueil a été extrêmement chaleureux.» Les treize agents Enedis issus de la direction régionale Côte d’Azur ( Nice, Drap, Cannes, Toulon, Antibes, ou Le Castellet) ont relayé d’autres collègues (150 au total). À peine arrivé, Philippe se voit caserner dans la centrale de SaintMartin, Le Syndicat des compagnies aériennes autonomes (Scara) a encore perdu une manche dans sa lutte contre la privatisation de la plateforme aéroportuaire de Nice Côte-d’Azur. Le Scara entendait contraindre l’Autorité dans des tentes. « Nous avions conscience de notre chance, être logé, avec deux repas par jour.» Six jours sur sept, à raison de dix heures quotidiennes, ils plongent alors dans le chaos. « C’était apocalyptique, plus rien ne tenait debout. » de supervision indépendante (1), qui a instruit le dossier de privatisation de l’aéroport, à lui communiquer les projets de contrats pluriannuels déterminant l’évolution des tarifs des redevances pratiqués par l’aéroport. Les Les équipes sont chargées de remonter le réseau électrique de A à Z. L’urgence est de «tirer des lignes» provisoires (100 km en dix jours) pour rétablir au plus vite les fonctions vitales de l’île: les usines de dessalement, les hôpitaux, les lieux compagnies aériennes autonomes craignent en effet plus que tout une augmentation excessive de ces redevances qui grèvent leur budget. Ils exigeaient donc la transmission de ce projet de contrat, dit «de régulation de vie, de secours, de sécurité et d’alimentation… 95 % des infrastructures sont alors dévastées. «Une entreprise replantait les poteaux, et nous repassions la ligne jusqu’au bout.» Au total, durant leurs trois semaines de mission, économique», conclu entre la société aéroports Côte d’Azur et l’État pour la période allant du 1er novembre 2017 au 31 octobre 2022. Mais leur action n’aura pas d’effet. Les juges du Conseil d’État, comme le leur avait Philippe et son groupe ont réussi le tour de force de remettre en service une dizaine de kilomètres.
«Je ne m’attendais pas à cela»
« On n’utilisait que les deux nacelles à notre disposition, plus rien ne tenait vraiment debout, il était trop risqué de grimper au harnais sur un poteau.» Philippe se souvient surtout de son intervention à SandyGround, quartier périphérique de la partie française de l’île, accolé au nord-ouest de Marigot, sur la route en direction des Terres-Basses et de l’aéroport international. «L’habitat là-bas, ce sont des cabanes en tôle. Rien n’avait résisté. Les gens n’avaient plus rien. Vous n’imaginez pourtant pas avec quelle générosité ils nous ont accueillis. L’odeur était pestilentielle, la saleté partout, mais ces gens qui n’avaient plus rien voulaient nous aider ! J’avais vu les images à la télévision, mais je dois vous dire que je ne m’attendais pas à cela. » Une expérience unique. À peine de retour, Philippe dit être prêt à repartir immédiatement en mission, quelque part. «C’était une formidable expérience de vie. » suggéré le rapporteur public, ont rejeté la demande du Scara.