« Pour moi, Cédric Herrou estunJuste»
Esther Benbassa, sénatrice EELV de Paris
Spécialiste de l’histoire du peuple juif et des minorités, la sénatrice de Paris EELV Esther Benbassa est allée, hier, à la frontière italienne, la rencontre des réfugiés.
Vous avez passé un long moment à la gare de Menton Garavan. Qu’avez-vous constaté ?
Je suis allée voir de mes propres yeux comment on contrôlait les trains. Puis la salle d’attente, où on amène les réfugiés: une salle exiguë, trois toilettes au fond d’une cour. C’était impressionnant. Je suis professeur d’histoire, je pèse mes mots: ça m’a rappelé les temps bien sombres de la Seconde guerre mondiale où on contrôlait les trains…
Vous étiez accompagnée des militants de la vallée de la Roya.
J’ai consulté les registres du point de passage autorisé. Les gens arrêtés étaient des passeurs mais aussi un retraité pour aide à des étrangers, une femme au foyer. L’histoire de France est faite aussi du courage de ces gens simples qui ont aidé ceux qui étaient dans des difficultés insurmontables Mon cabinet travaille à un texte de loi pour abolir le délit de solidarité. Je suis en contact avec Cédric Herrou et Pierre-Alain Manonni [un chercheur niçois condamné à deux mois de prison avec sursis pour aide au séjour et à la circulation de personnes en situation irrégulière, Ndlr]. Pour moi, Cédric Herrou est un Juste. Nous, nous des contemporains, nous n’avions pas de distanciation mais l’Histoire retiendra ça.
Que proposez-vous?
Il faut une réflexion, un plan d’accueil des réfugiés. Les Allemands les ont accueillis. Ils ont réécrit leur histoire. Leur histoire était, ils laisseront aux générations à venir une histoire grise. Nous devons prendre des décisions et cesser de tergiverser les accueillir d’une manière digne de la France. D’un côté M. Collomb [le ministre de l’Intérieur, NDLR] fait de la répression et de l’autre, M.Macron dit qu’il faut les accueillir dignement. Je suis d’accord avec lui: cessons de danser le tango. La crise des réfugiés est d’abord une crise humanitaire. Cessons de les considérer comme des intrus qu’il faut chasser. Notre Histoire est remplie d’étrangers, d’immigrés, qui ont construit cette France.