Questions à « Rendre la course moins prévisible »

Romain Bardet, 3e du Tour 2017

Romain Bardet, Comment qualifieriez-vous votre rapport au Tour de France ?

C’est le Tour qui me transcende, c’est là que j’ai envie de jouer. Les enjeux sont tellement importants et je prends du plaisir dans cette adrénaline de la course, cet emballement.

Est-ce seulement dans le Tour que vous éprouvez cette adrénaline ?

Dans les classiques aussi, Liège, la Lombardie, l’an prochain le championnat du monde, mais ça reste plus aléatoire pour des coureurs comme moi. Oui, j’adore cette adrénaline des courses d’un jour où tout se joue sur pas grandchose. Les deux ne sont pas incompatibles tout en sachant que mon coeur de métier, entre guillemets, c’est les grands tours.

On évoque des pavés et des chemins non goudronnés dans le Tour . Qu’en pensez-vous ?

Je suis favorable à tout ce qui peut rendre la course plus intéressante. Il n’y a rien de plus ennuyeux qu’une course où l’on sait d’avance où ça va se jouer. Il ne faut pas mettre en danger la sécurité des coureurs ni transformer la course en loterie. Mais, hormis ces deux écueils, on a tous à gagner à ce que la course soit indécise. Les pavés, les chemins de terre, des routes difficiles à l’issue incertaine, ça peut permettre de rendre la course moins prévisible, de sortir les prétendants de leur zone de confort.

Même si vous pouvez en être victime en tant que leader ?

Je ne me considère pas comme ayant quelque chose à défendre. Chaque année, c’est un éternel recommencement, une quête presqu’infinie. Le jeune coureur ( ans, ndlr) que je pense encore être, qui a envie de courir, aime ces terrains-là. Il faut amener les coureurs à prendre des risques, à ce que les prétendants se découvrent rapidement, à éviter le statu quo.

Êtes-vous prêt, donc, à supporter d’éventuelles injustices ?

Bien sûr. Je peux être le premier à en faire les frais mais ça fait partie intégrante du sport, à partir du moment où les règles sont les mêmes pour tout le monde.