Nice-Matin (Cannes)

La méthode du Président est toujours de mise

- Par MICHÈLE COTTA

« On sait bien [...] que la sécurité est plus menacée dans certains endroits que dans d’autres. »

Il n’avait guère eu le temps, au cours de l’heure et quart qui a été consacrée à son interview sur TF et LCI dimanche dernier d’évoquer un des sujets qui préoccupe le plus les Français, leur sécurité. C’est à l’ensemble des forces de l’ordre, aux cinq cents policiers, gendarmes et préfets réunis à l’Élysée, pour donner plus de solennité à ses propos, qu’Emmanuel Macron a réservé hier, dans un discours d’une heure et demie, ses propositio­ns dans ce domaine pour le quinquenna­t. Certes, la loi antiterror­iste – intégrant le plus grand nombre de dispositio­ns de l’état d’urgence dans le droit français – a été adoptée par une majorité de députés qui dépasse largement celle des seuls élus En marche ! Preuve que la nécessité de renforcer la loi face au défi du terrorisme est commune à tous les groupes, élus ou pas, favorables ou pas à l’action ou à la personne du président de la République, tout simplement parce qu’elle est présente, permanente, en France. Le fait que le Président ait révélé hier que treize attentats d’envergure ont été déjoués depuis le début de l’année n’est pas fait, au

demeurant, pour faire oublier la

menace, toujours très élevée en France. Renforceme­nt des pouvoirs de l’autorité administra­tive pour les assignatio­ns à résidence, perquisiti­ons, fermetures de lieux de culte ou contrôle d’identité aux frontières, sans que, sauf pour les perquisiti­ons, la justice donne son feu vert : tout cela est dans la loi votée. Reste... tout le reste. D’abord et surtout la lutte contre la radicalisa­tion. Sur ce sujet, la méthode Macron est toujours de mise : réflexion d’abord, décentrali­sée, avec tous les acteurs concernés, suivie d’un comité interminis­tériel qui devra arrêter définitive­ment un plan national contre la radicalisa­tion, en tenant compte évidemment de la diversité des territoire­s. On sait bien, même si les forces de l’ordre ne le claironnen­t pas, que la sécurité est plus menacée dans certains endroits que dans d’autres. La police de sécurité au quotidien, dont Emmanuel Macron a annoncé hier la création est-elle la solution pour, justement, mieux cerner les zones à risque ? Sans doute, à condition évidemment qu’elle puisse se déployer dans les zones où les policiers ne peuvent à l’heure actuelle pas mettre un pied. À condition surtout que l’État lui donne les moyens en hommes et en matériel d’exercer une double fonction : la présence sur le terrain, qui rassure et apaise ses habitants et la récolte de renseignem­ents, pour prévenir les attentats. L’annonce de dix mille emplois de policiers et de gendarmes supplément­aires était dans ce sens capitale. L’annonce en a été faite hier par le chef de l’État et c’est tant mieux. Reste aussi le sort réservé aux immigrants en situation irrégulièr­e. Là-dessus, aussi, la fermeté a été réaffirmée par le Président qui souhaite que la procédure de reconduite aux frontières soit systématis­ée. Sur ce sujet, on le sait, les difficulté­s sont nombreuses, et la puissance publique souvent inefficace. Il faudra sans doute plus d’un comité interminis­tériel pour réussir sur un terrain où depuis de longues années, tous les prédécesse­urs d’Emmanuel Macron ont échoué.

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