ASM : Jardim garde le cap
Comme son équipe, Leonardo Jardim est dans le dur en ce moment. Mais le coach portugais ne se cache pas et analyse froidement et avec recul les prestations de l’AS Monaco
La seule chose positive dans la série actuelle de l’AS Monaco, quatre matches sans victoire toutes compétitions confondues, c’est la manière dont Leonardo Jardim se livre en public derrière chaque contre-performance. Habitué de la langue de bois et formidable enfonceur de portes ouvertes quand tout va bien, le Portugais se montre, depuis la défaite contre Porto (0-3), très précis dans ses rendez-vous hebdomadaires avec la presse. Hier à La Turbie, l’entraîneur des champions de France n’a pas dérogé à la règle et a fait passer des messages. Clairs. Nets. Précis. Tout d’abord, en guise d’amusebouche, l’ancien coach du Sporting n’a pas nié le fait que son équipe traversait une crise de résultats, notamment en Ligue des champions. « C’est une période difficile car on ne gagne plus. Ce n’est pas la première fois que ça arrive, tout le monde connaît des passages à vide. L’important, c’est de continuer à bosser. On ne joue pas à un très bon niveau en ce moment mais je suis pragmatique, poursuit-il. On a le même nombre de points que l’an dernier en championnat (19 points après 9 journées). Alors oui, le parcours en Ligue des champions change la manière de regarder notre forme actuelle. Je reste persuadé qu’un nouveau cycle va arriver. » Car en ce moment, l’ASM ne tourne pas très bien. L’équipe est moins conquérante, moins forte, moins impressionnante. Estce physique ou mental ? Jardim encore : « Il faut se poser, réfléchir et analyser pourquoi ça ne marche pas en ce moment. J’ai conscience que les difficultés vont augmenter cette
‘‘ saison car on est le champion en titre, on attend beaucoup de nous alors que notre projet n’a pas changé. » Et si la fabuleuse saison 2016-2017 avait installé les Monégasques dans un certain confort ? Autrement dit, les joueurs ne se sont-ils pas reposés sur leurs lauriers ce qui arrive, parfois, quand on gagne tout. « Je ne crois pas à la décompression due au titre de champion. Je suis justement là, avec le staff, pour que personne ne s’endorme » embraye Jardim. Le problème est ailleurs alors. Sans doute dans les têtes. Au mercato, le club a perdu gros mais aurait pu perdre encore plus puisque Fabinho et Thomas Lemar ont été retenus alors qu’ils souhaitaient partir. Hasard ou pas, les deux joueurs traversent, eux aussi, une crise de confiance. Est-ce lié ? Pour certains observateurs, oui. Pour Jardim, c’est moins évident. « Fabinho est moins bon parce qu’il n’est pas parti au mercato ? On sait comment fonctionne le football, le mercato en fait parti. Mais je crois que les prestations d’un joueur sont toujours vues à travers le prisme d’une équipe. L’an dernier, on était très fort et Fabinho était un joueur de top niveau. Là, comme l’équipe est moins bien, on a l’impression qu’il est devenu moyen. La vision d’un joueur au travers d’un collectif déforme tout. » Sans vraiment le dire, Jardim confesse que ses cadres peinent à retrouver la confiance, surtout les jeunes joueurs. « Falcao a traversé des choses compliquées dans sa carrière, rien ne peut l’atteindre », avance Jardim. Pour les plus jeunes, le Portugais est moins affirmatif. « En ce moment, on manque surtout de confiance. Et en football, quand tu n’es pas bien dans la tête, tu joues moins bien. Touré, Fabinho, Lemar, Sidibé, tout le monde doute un peu. Comment reprendre confiance ? En gagnant des matches. » Doit-on s’attendre à des changements pour la réception de Caen, demain ? Par exemple, quid du 44-2 ou des recrues ? Acheté 25 millions d’euros cet été, le Belge Youri Tielemans peine à s’installer dans le onze de départ de l’ASM. Ce n’est d’ailleurs par la seule recrue estivale qui met du temps à s’imposer. Là encore, Jardim a une explication : « A part Glik, Sidibé et Mendy l’an dernier, depuis trois ans, toutes les recrues ont eu besoin de temps pour s’adapter. Keita, Tielemans, Jorge, Kongolo, ça sera le cas aussi. Tielemans, il a peut-être 40 matches européens au compteur, être international, il doit s’adapter à Monaco, à la Ligue 1, à un nouveau style de jeu. C’était la coqueluche à Anderlecht. Là, il se retrouve avec Joao Moutinho, qui est champion d’Europe, Falcao, qui est champion de France, ça demande du temps mais je ne me fais aucun souci, il sera très important pour nous ». Il suffit d’un déclic, en somme. Alors que certains supporters commencent à ne plus reconnaître leur équipe, Jardim garde le cap. « On est comme vous, (les journalistes, NDLR), quand vous faites plusieurs papiers moyens vous doutez. Quand tout le monde encense votre travail, vous écrivez les yeux fermés. Nous, c’est pareil. »
On manque surtout de confiance ”