Nice-Matin (Cannes)

Frédéric Pastorello : « Je ne peux pas m’arrêter »

- ISABELLE VARITTO

Frédéric Pastorello, l’emblématiq­ue président du MOM VB, refuse d’être sur la photo. C’est à prendre ou à laisser. Sans concession, l’homme est têtu, et ne s’en cache pas. Ce qu’il veut, il l’obtient. Son rôle, il le conçoit en coulisse. Avec passion, abnégation, et discrétion. Heureuseme­nt, il parle, et abondammen­t, de ce club qu’il chérit et porte depuis son accession à la présidence en 1999. Pour les 40 ans du club, il se livre sur ce qui lui plaît, le met en boule, et ce qui reste à accomplir.

Faire la fête pour les  ans du club, c’est important ?

Mougins VB reste un club très familial. C’est notre marque de fabrique. Même si on a une équipe profession­nelle. Alors, oui, faire la fête, faire revenir les anciens du club pour se retrouver, ensemble, c’est très important.

Cet aspect affectif fort que vous revendique­z, ça fait partie du succès sportif?

Oui, totalement. Ici, les entraîneur­s ont été formés au club. Ils restent et durent longtemps, parce que c’est important que les jeunes aient des points de repères, et c’est important qu’on ait une histoire commune à raconter.

Quand vous regardez dans le rétroviseu­r, que retenez-vous de votre action ?

Quand je suis arrivé à la présidence, on était perçu comme « le gentil club ». La première chose que j’ai faite c’est changer la couleur du maillot. On est passé du bleujaune-blanc au noir. Ça disait aux autres clubs : « maintenant vous allez venir pour perdre ».

Et concrèteme­nt, c’est ce qui s’est passé...

On a réussi à monter beaucoup de niveaux.  chez les garçons et  chez les filles, et, surtout, on a gardé la mixité. Tout le monde, disait « c’est impossible » de mener les deux en parallèle. Mais je n’ai pas voulu sacrifier les uns pour les autres.

À la fois club familial et club compétiteu­r, assumez-vous une certaine originalit­é ?

C’est sûr. On est perçu comme un Ovni dans le monde profession­nel. D’abord parce qu’on est un club amateur avec une équipe pro. Et on ose marcher sur les platesband­es des voisins.

La rivalité de clocher entre voisins est un moteur ?

La seule chose qui compte dans le sport, c’est la gagne. Et on n’est pas fair-play. Parce que le fair-play et la gagne, ça ne va pas bien ensemble. On n’est pas bien traité alors qu’on a beaucoup apporté au volley azuréen. Déjà avec les Volleyades, un tournoi pour les sélections régionales des  ans, qu’on a organisé deux années de suite, et la re, au Palais des Victoires. Il y a eu  participan­ts et  spectateur­s. On a engagé   € et  bénévoles.

Comment vous définissez-vous à titre personnel ?

Je suis Mouginois. J’y vis et j’y vote. C’est très important pour moi. J’aime donner et j’ai de l’empathie. Ça me fait plaisir de mettre les jeunes au volley et de voir leur succès.

Votre plus beau souvenir ?

La victoire des M en finale de coupe de France ici, le  mai . Parce que ça a du sens. Ce sont des jeunes qui ont « grandi » au club. J’avais  rêves quand j’ai pris la présidence et que j’ai récupéré le club en Régionale  : monter en Nationale garçons et en Nationale filles, qu’un de nos joueurs soit en équipe de France, et qu’on soit champions en jeunes.

Si tous vos rêves sont réalisés, que reste-t-il à faire ?

La montée en Ligue A, pardi ! Et après, y rester. C’est là que ce sera dur. Question d’argent. Il nous manque un gros sponsor qui nous donnerait  à   € par an. La montée, on va y arriver cette année. Dès le début de saison, on a réussi l’osmose de l’équipe. Les nouvelles se sont tout de suite intégrées.

Vous arrêterez-vous un jour ?

Je ne peux pas m’arrêter. J’ai une responsabi­lité à assumer, déjà, vis-à-vis des salariés, joueuses et entraîneur­s. Ces gens ont des familles. Je ne peux pas quitter le navire. Ou alors, si je le quittais, ce serait parce que j’aurais trouvé mon remplaçant que je formerais pendant  ans.

C’est usant d’être président d’un club aussi gros ?

Bien sûr, des fois, j’ai des coups de blues. Je me dis “mais qu’estce que je fais dans cette galère”. Quand j’y passe  à  heures par semaine sans compter les week-ends, les autres secteurs de ma vie en pâtissent forcément. Et puis, ça repart, avec autour de moi, une équipe formidable, l’entraîneur­e Marie Tari, qui est exceptionn­elle, et tous les autres, les joueurs, les parents bénévoles. Une famille avec des liens forts.

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 ??  ?? Anaïs Martin-Rolland (avec son fils Arthur), de Fréjus, faisait partie de l’équipe pro, qu’elle a quittée depuis  ans. « Je suis sur l’affiche là-haut : c’est quand on est montées en Nationale  en . Quels souvenirs ! On a vécu  montées en  ans....
Anaïs Martin-Rolland (avec son fils Arthur), de Fréjus, faisait partie de l’équipe pro, qu’elle a quittée depuis  ans. « Je suis sur l’affiche là-haut : c’est quand on est montées en Nationale  en . Quels souvenirs ! On a vécu  montées en  ans....
 ??  ?? Dans ce club, les bénévoles ne manquent pas. Ici, Fabien, Alain et Aymeric – respective­ment joueurs en nationale  pour les deux premiers, et en régionale  – ont été sollicités avec d’autres pour déplacer les chaises, et répondent présents !
Dans ce club, les bénévoles ne manquent pas. Ici, Fabien, Alain et Aymeric – respective­ment joueurs en nationale  pour les deux premiers, et en régionale  – ont été sollicités avec d’autres pour déplacer les chaises, et répondent présents !
 ??  ?? d’exception, Mari Tari, entraîneur­e le président justement encensée par Pastorello.
d’exception, Mari Tari, entraîneur­e le président justement encensée par Pastorello.
 ??  ?? Ancien joueur de  à  Alain Fernandez a fait déplacemen­t depuis Fréj où il habite.
Ancien joueur de  à  Alain Fernandez a fait déplacemen­t depuis Fréj où il habite.
 ??  ?? La secrétaire générale du club, Véronique Laureau, fidèle parmi les fidèles, n’aurait raté l’événement pour rien au monde. Déchirure musculaire ou pas, elle est là, avec ses béquilles, et veille à ce que « tout se passe bien. »
La secrétaire générale du club, Véronique Laureau, fidèle parmi les fidèles, n’aurait raté l’événement pour rien au monde. Déchirure musculaire ou pas, elle est là, avec ses béquilles, et veille à ce que « tout se passe bien. »

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