Statistiques et réalité
« Cette crise de l’emploi est la cause principale des difficultés sociales du pays et de son mal-être persistant. »
Depuis , le chômage est le mal endémique de la société française. Quarante-deux années d’échec face à cette marée montante qu’aucun des Présidents qui se sont succédé à la tête de l’Etat depuis plus de quatre décennies n’a réussi à endiguer. Cette crise de l’emploi est, sans aucun doute, la cause principale des difficultés sociales du pays et de son mal-être persistant. Elle fait flotter, en effet, un nuage d’incertitude sur l’avenir de chacun. Nul doute qu’Emmanuel Macron ait compris que toute promesse de résultat en ce domaine constitue un piège. Il a même veillé à relativiser cette donnée dans sa politique. Il a évidemment tiré la leçon de l’erreur fatale de François Hollande et de son annonce sans cesse démentie par les chiffres sur l’inversion de la courbe du chômage. Une attitude nouvelle donc, confirmée encore hier par le commentaire de Muriel Pénicaud, la ministre du Travail. Alors que Pôle Emploi a enregistré en septembre une baisse de chômeurs inscrits en catégorie A, la plus forte depuis , elle s’est contentée d’observer que « ces chiffres ne reflètent pas l’évolution du marché du travail. » Une prudence que justifie le yo-yo des statistiques. Juillet et août n’avaient-ils pas été marqués par une aggravation du nombre des demandeurs d’emploi ! Sur les trois derniers mois, finalement, la baisse est de , % mais, sur un an, la progression est de , %. Une prudence qu’impose également la masse considérable de ces chômeurs de catégorie A, sans le moindre emploi : ! On peut faire, en vérité, tout dire à ces chiffres. Sauf que la situation s’améliore vraiment. En effet, si l’on prend les trois catégories de chômeurs, A, B et C – c’est-à-dire toutes les personnes tenues de rechercher un emploi – ,leur nombre a augmenté de au cours du troisième trimestre. Au total, personnes recherchent, aujourd’hui, un emploi en France de manière active. Une armée ! Malgré sa prudence sur cette question, Emmanuel Macron ne peut ignorer qu’il sera, comme tous ces prédécesseurs, jugé sur ce sujet au terme de son quinquennat. Son pari, en fait, est de libérer d’abord l’économie pour en accélérer la croissance. C’est l’objectif de toutes les réformes qu’il engage. Il en attend, dans un deuxième temps, un fort mouvement de créations d’emplois. Il se garde bien de fixer des échéances même si, lors de son entretien sur TF, il a confié que, dans dix-huit mois ou deux ans, les mesures qu’il prend commenceraient à porter leurs fruits. Mais le fruit principal, il ne peut l’ignorer, serait une baisse significative du chômage, c’est-à-dire perceptible des Français dans leur quotidien. Pour l’heure, nous n’en sommes qu’à des variations statistiques qui ne peuvent changer l’humeur du pays. De toute évidence, Emmanuel Macron en est conscient car, sur ce dossier, il ne joue pas les donneurs de leçons.