Nice-Matin (Cannes)

Guyane : Macron réaffirme les engagement­s de l’Etat

En lançant, hier, « je ne suis pas le Père Noël », le chef de l’Etat a précisé qu’il ne ferait aucune promesse mais qu’il respectera­it l’accord du 21 avril signé sous Hollande

-

Emmanuel Macron a cherché, hier, à rassurer les Guyanais en assurant que l’Etat respectera­it son engagement d’investir plus d’un milliard d’euros en Guyane, tout en se montrant ferme après les heurts survenus dans la nuit à Cayenne. « La parole de l’Etat sera tenue » ,aaffirmé le président devant la presse au deuxième jour de sa visite dans ce territoire grand comme le Portugal qui accumule difficulté­s et retards. Il a précisé que l’« intégralit­é des deux premiers volets » des accords conclus le 21 avril, sous le quinquenna­t de François Hollande, pour mettre fin au vaste mouvement social du printemps « seront appliqués ». L’Etat s’était alors engagé sur un plan d’urgence de 1,08 milliard d’euros et avait annoncé qu’il allait étudier une « demande complément­aire » de 2,1 milliards formulée par le collectif Pou Lagwiyann dékolé (Pour que la Guyane décolle). M. Macron avait donné le ton dès son arrivée, jeudi, en avertissan­t qu’il n’était « pas le Père Noël parce que les Guyanais ne sont pas des enfants ». « L’Etat a fait trop de promesses qui n’ont pas été tenues. Donc je suis là pour dire les choses en vérité », avaitil ajouté. « On n’a pas besoin de Père Noël, on a besoin d’un gouverneme­nt qui se rende compte qu’en Guyane rien ne va », a réagi David Riché, président de l’Associatio­n des maires de Guyane. Les manifestat­ions organisées par Pou Lagwiyann dékolé dans le centre de Cayenne ont dégénéré en heurts qui ont duré plusieurs heures dans la nuit. M. Macron « n’a aucun respect pour nous », a déclaré Davy Rimane, membre du collectif.

« La République ne cède pas aux gens en cagoule »

Cinq personnes ont été interpellé­es tandis qu’un gendarme mobile et un policier ont été légèrement blessés au cours de ces affronteme­nts. « La République ne cède pas aux gens qui sont en cagoule » et le « rôle de l’Etat » n’est pas de « céder à des pressions, quelles qu’elles soient, en particulie­r lorsqu’elles n’ont pas la légitimité démocratiq­ue », a insisté M. Macron hier. Le chef de l’Etat a présenté une série de mesures pour tenter de résoudre les difficulté­s que connaît la Guyane, vaste territoire de 83 000 km2 situé à 7 000 km de Paris. Elle subit notamment une immigratio­n clandestin­e massive, une insécurité croissante, des défaillanc­es dans les services de santé et le système scolaire ainsi qu’un taux de chômage très élevé (23 %). Il a pour cela proposé « une méthode innovante » fondée sur « une responsabi­lité partagée » entre l’Etat et le territoire, qui devra être discutée d’ici au printemps 2018. Des initiative­s seront rapidement prises pour soutenir la filière du bois, très importante dans ce territoire en partie recouvert de forêts vierges, at-il annoncé.

 gendarmes en 

« La Guyane subit des violences inacceptab­les », a par ailleurs reconnu le chef de l’Etat, en annonçant que l’augmentati­on prévue des moyens pour assurer la sécurité en Guyane serait « accélérée », avec l’arrivée de 90 gendarmes « dès 2018 ». Le président a abordé les dossiers chauds avec les maires de Guyane jeudi soir au cours d’une réunion jugée en « demi-teinte » par David Riché. « Sur certains points on a eu gain de cause, surtout sur le volet immigratio­n, sécurité, minima sociaux », a-t-il commenté tout en craignant que « le plan qui a été annoncé par le précédent gouverneme­nt » ne soit « pas totalement respecté ». Après Cayenne, le chef de l’Etat s’est rendu au Centre spatial de Kourou, vitrine de l’économie guyanaise. Accompagné dans son déplacemen­t par le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et plusieurs ministres, dont Gérard Darmanin (Comptes publics), Annick Girardin (Outre-mer) et Jean-Michel Blanquer (Education), il devait ensuite participer à une réunion des Régions ultrapérip­hériques (RUP, les neuf territoire­s ultramarin­s de l’Union européenne).

 ??  ?? Emmanuel Macron veut conditionn­er l’accès au RSA en Guyane aux résidants de plus de  ans ( actuelleme­nt) pour limiter l’immigratio­n. (Photo AFP)
Emmanuel Macron veut conditionn­er l’accès au RSA en Guyane aux résidants de plus de  ans ( actuelleme­nt) pour limiter l’immigratio­n. (Photo AFP)

Newspapers in French

Newspapers from France