Nice-Matin (Cannes)

Levothyrox : cent plaintes déposées au tribunal 

Au nom de patients victimes d’effets secondaire­s, Me Colin-Chauley a déposé cette semaine cent plaintes contre X et contre le laboratoir­e Merck au tribunal de grande instance de Grasse

- CH. P.

Mercredi soir, Me AnneCather­ine Colin-Chauley et un membre de l’associatio­n « Alerte Thyroïde » avaient vainement tenté d’alerter Laurent Wauquiez, alors en tournée électorale à Mandelieul­a-Napoule, sur le problème du Levothyrox, ce médicament qui traite trois millions de Français pour des troubles de la thyroïde. « Je lui ai serré la main et quand j’ai évoqué le sujet, il a aussitôt tourné les talons», regrette l’avocate azuréenne. Qu’à cela ne tienne. Jeudi, Me Colin-Chauley a déposé pas moins de cent plaintes au tribunal de grande instance (TGI) de Grasse. « J’ai encore 300 plaintes à déposer », prévient l’avocate azuréenne. Des plaintes contre X, mais également contre le laboratoir­e Merck pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Elle était accompagné­e d’un patient, victime, comme des milliers d’autres, d’effets indésirabl­es depuis que le Levothyrox nouvelle formule a été mis sur le marché. Désormais, il va acheter son médicament en Italie.

« Scandale sanitaire »

Après avoir été enregistré­es, les plaintes ont été transmises au Pôle santé publique du TGI de Marseille. Ils seraient 1 700 dans les Alpes-Maritimes à avoir signalé des effets secondaire­s. Me Anne-Catherine ColinChaul­ey a regroupé pas moins de 400 dossiers. Début octobre, c’était Me MarieOdile Bertella-Geffroy, (ancien juge d’instructio­n au Pôle Santé de Paris), qui avait déposé une plainte collective, au nom de 40 clients pour « tromperie » et « mise en danger de la vie d’autrui ». La semaine dernière, une autre plainte collective a été posée à Lyon. L’Agence nationale de la sûreté du médicament (ANSM) indique que seulement 0,6 % des patients traités par Levothyrox ont signalé des effets indésirabl­es. Selon l’ANSM, la teneur en principe actif (la lévothyrox­ine, une hormone de substituti­on) pouvait varier d’un lot à l’autre, voire au sein du même lot avec le temps. Or, la précision du dosage du produit est cruciale dans le traitement des maladies thyroïdien­nes. Le changement de formule ne porte pas sur le principe actif, mais sur d’autres substances, les excipients. Il n’empêche, certains patients, en prenant le nouveau médicament, ont souffert de dérèglemen­ts hormonaux, mais également de douleurs aiguës, de crampes, des troubles du transit… Le fabricant et les pouvoirs publics ont-ils fait preuve de légèreté ? « Ces médicament­s sont très sensibles et on ne peut pas, sans informatio­n ni procédure longue et scientifiq­ue, en changer la formulatio­n », critique Me Colin-Chauley, qui continue de parler de « scandale sanitaire », dénonçant la situation de monopole de Merck en France pour ce médicament.

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(Photo C.C.) «J’ai encore  plaintes à déposer », prévient Me Anne-Catherine Colin-Chauley.

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