Les superstitions contre les malheurs
Les sorcières – du moins les femmes réputées comme telles – sont mises à l’écart des communautés et vivent comme des ermites. De nombreux habitants des contrées de montagne craignent leur magie et leur emprise sur les consciences, comme le révèle une enquête épiscopale du XIXe siècle. À Guillaume, dans les gorges de Daluis, on découvre que les villageois se réfèrent aux sorcières. Dans la vallée de l’Estéron, au nord de Grasse, les habitants de Sigale croient « aux sortilèges et aux devins que l’on consulte en cas d’infortune ou de maladie ». Edmond Rossi a recueilli nombre d’anecdotes dans l’arrière-pays niçois, rassemblées dans son livre Légendes et chroniques insolites dans les Alpes-Maritimes. Dans chaque village, il est question d’une sorcière « guérisseuse », mais qui peut également apporter le mauvais sort, la maladie et le trépas. Les Niçois ont longtemps cru à la « sorcellerie ». Dans l’entre-deux-guerres, ils se rendent encore à SaintJeannet, renommé comme étant le « village des sorcières ». Là, des rebouteuses prodiguent des soins à bases de plantes et de manipulations, qui soulagent les douleurs physiques et psychiques. Ce qui est étrange, c’est que les villageois qui les qualifient à l’époque de sorcières pratiquent eux-mêmes une certaine « sorcellerie ». Ainsi, à la moindre alerte de mauvais temps, un carillonneur attitré fonce vers le clocher de Coaraze, Belvédère, Valdeblore, La Tour ou Saint-Jeannet pour que le son des cloches les préserve des tempêtes.