Nice-Matin (Cannes)

« Dieu a quelque chose de spécial pour moi... »

- Entretien réalisé par Mathieu FAURE et Fabien PIGALLE Photos : Michael Alesi

Tite, le sélectionn­eur du Brésil ne vous appelle plus. Savez-vous pourquoi ?

Il y a trois convocatio­ns de ça, j’avais beaucoup d’espoir d’être appelé. Maintenant, il ne reste plus beaucoup de matches de préparatio­n avant le Mondial. Tite appelle toujours les mêmes et ça ne va pas beaucoup bouger. Mais je suis serein. Désormais, je veux travailler normalemen­t, sans être obsédé par la sélection. Si ça arrive, merci, je serai très content. Sinon, je continue de travailler.

Avez-vous eu des

explicatio­ns avec lui ? Non je n’ai jamais parlé avec lui ou ses adjoints. Dans une interview j’ai lu qu’il faisait confiance à des joueurs d’expérience au milieu. On m’a dit que l’an dernier un de ses adjoints était venu me superviser sauf qu’on lui avait demandé d’observer “Fabinho au poste d’arrière droit” et apparemmen­t, ils ont été surpris de me voir au milieu. Donc bon…

Pensez-vous que c’est parce que vous avez quitté le Brésil très jeune que

vous n’êtes pas appelé ? Peut-être oui. Les gens parlent moins de moi làbas. Mais ce coach a déjà démontré qu’il n’appelait pas les joueurs pour leur renommée, la preuve, il a appelé un Brésilien qui jouait en Chine et dont personne n’imaginait qu’il serait appelé (Paulinho jouait alors à Guangzhou). Mais je pense que le groupe est fermé pour moi.

Demandez-vous à Jemerson qui est en sélection de plaider votre cause ?

Mes coéquipier­s qui ne sont pas Brésiliens me demandent souvent : “Fabi, pourquoi tu ne vas pas en sélection du Brésil, qu’est-ce qu’il se passe ? ”. Sidibé a questionné Jemerson. Il lui a dit qu’ils avaient demandé des nouvelles de moi, savoir si je m’adaptais bien au poste de milieu de terrain etc. Mais je suis tranquille avec ça, je ne cherche pas trop à savoir.

Mais la Coupe du monde approche...

C’est un rêve de disputer une Coupe du monde. Moi, je sais que j’ai le potentiel pour y aller. C’était mon objectif et je pensais souvent à ça. J’étais toujours devant la télé pour voir les convocatio­ns. J’avais l’espoir de voir mon nom dans la liste. Mais je ne regarde plus. Je ne suis pas désintéres­sé, mais là avec Tite, je sais que ce sera difficile. J’espère encore pouvoir faire une carrière en sélection. Je suis content pour Jemerson et Jorge quand ils sont convoqués. Ils savent que depuis quelque temps je ne regarde plus les convocatio­ns à la télé. Une fois je suis arrivé à l’entraîneme­nt, et Jorge et Boschilia sont venus vers moi pour me féliciter : “Félicitati­ons Fabi, t’es en sélection !” ,“Félicitati­ons frérot”, ils me tapent dans le dos. Et moi je doute à chaque fois, je me dis “putain ils rigolent ou pas ?” alors qu’en fait, ils me font une blague. Toujours la même blague (rires). Quels connards ! (rires). Mais bon, on est entre amis, c’est normal de rigoler.

Il y a un an, le Brésil décrochait la médaille d’or aux JO de Rio et vous n’y étiez pas car Monaco souhaitait que vous participie­z aux tours préliminai­res de Ligue des champions. C’était un moment difficile pour vous ?

C’était dur et j’étais vraiment content pour

la victoire du Brésil. C’était la première fois que nous remportion­s les JO. Oui, à un moment je me suis dit, “j’aurais pu avoir cette médaille d’or aussi” et vivre ce moment historique, peut-être m’ouvrir des portes de la sélection. Mais je n’ai pas trop pensé ça. Je l’ai bien digéré.

On a l’impression que vous tournez facilement la page quand vous vivez un coup dur. D’où vient cet optimisme ?

Je suis très croyant. Je pense que si quelque chose arrive, c’est que Dieu l’a voulu. Je pense qu’il a quelque chose de spécial pour moi. Même si bon, passer à côté de l’or olympique, je me demande ce qu’il y a de spécial (rires). Mais c’est grâce à lui que je tourne la page et que je regarde vers l’avant.

Vous ne lui en voulez jamais ?

Non, même si là encore, après ce mercato-là, c’était un peu difficile (rires). J’ai parlé à Dieu je lui disais : “Je crois beaucoup en vous, je sais que vous avez quelque chose de spécial pour moi, mais s’il vous plait….” (rires). Après je sais qu’il ne peut pas tout faire. Que ça dépend aussi de nos choix et décisions. Voilà pourquoi je suis croyant, ça me permet de regarder vers l’avant.

J’espère encore pouvoir faire une carrière en sélection ”

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