Grasse : le drone devait livrer des téléphones aux détenus Un papy et une mamy escrocs condamnés à Nice
Deux amis d’un détenu de la maison d’arrêt de Grasse ont été interpellés en possession d’un drone jeudi en milieu de journée, a révélé hier le syndicat de surveillants UISP-FO. Les deux individus circulaient sur un scooter. Visages dissimulés par des cagoules, ils souhaitaient ensuite livrer par les airs un colis contenant des téléphones portables. C’est la vigilance d’un chauffeur de bus qui a permis leur arrestation.
La peur des armes
Deux gendarmes de la brigade motorisés d’Antibes sont intervenus et ont intercepté les jeunes (dont un mineur), tous deux domiciliés à Nice. Ils ont été remis au service de police de Grasse chargé de l’enquête. Les deux suspects ont été placés en garde à vue. Le majeur devrait faire l’objet d’une comparution immédiate en correctionnelle en début de semaine prochaine. Le mineur relève du tribunal pour enfant. Hervé Segaud, le délégué régional UISP-FO pénitentiaire s’inquiète de cette nouvelle méthode pour introduire des objets prohibés en détention. « Nous redoutons surtout que des armes puissent être fournies de cette manière à des détenus», souligne le représentant syndical, soucieux de la sécurité des personnels. «L’utilisation d’un drone est une première à Grasse mais il existe des précédents à Valence, Villefranche ou Melun… Il y a peu de temps, un drone a également survolé la prison de Fresnes. » Alors qu’un filet recouvre les cours de détention pour éviter les évasions par hélicoptère, «le maillage est bien trop large pour être efficace contre les drones», déplore Hervé Segaud. « On peut imaginer aussi qu’un drone filme la prison en guise de repérage pour un projet d’évasion », s’inquiète le surveillant grassois. Malgré l’âge des prévenus (77 et 78 ans), malgré l’ancienneté de l’escroquerie, qui remonte aux années 2000, Philippe Senouf et Michèle Tobaelem ont été condamnés hier par le tribunal correctionnel de Nice. Papy et mamy les bons tuyaux promettaient de juteux placements à leurs connaissances. Ils promettaient surtout du vent. Redoutaient-ils les foudres de la justice? Ils n’étaient pas présents au moment où la présidente Vincent a rendu son jugement: 24 mois avec sursis pour monsieur et 100 000 euros d’amende. Un an avec sursis pour madame et une amende identique.
« Ils avaient abusé d’amis pour plus de deux millions d’euros »
Le couple a été reconnu coupable « d’abus de confiance, de démarchage financier par personne non habilitée, de fourniture illégale de services d’investissement à des tiers ». L’ensemble des victimes ont été indemnisées à hauteur de leur préjudice à la satisfaction de Me David Rebibou, l’un des conseils des parties civiles : « Ils avaient abusé d’amis pour plus de deux millions d’euros », rappelle l’avocat niçois. Certains ont perdu l’ensemble de leurs économies, parfois jusqu’à 300 000 euros. Quinze mois avec sursis avaient été requis par le procureur Dagain. Durant deux ans, le couple avait suggéré à ses « amis »de prétendus fructueux placements financiers. Tous, malgré leur réussite sociale, ont été bernés par les cigares, les rendez-vous au restaurant, les beaux discours et la prestance de Philippe Senouf. Tout comme inspirait confiance son aura de « spécialiste des marchés boursiers ». En réalité, il avait été négociant dans le commerce de cacao et sucre. Pour sa défense, Philippe Senouf rejetait la faute sur son ancien associé mort le 14 juillet 2005 dans d’étranges conditions.