Nice-Matin (Cannes)

Grasse : le drone devait livrer des téléphones aux détenus Un papy et une mamy escrocs condamnés à Nice

- CHRISTOPHE PERRIN CH. P.

Deux amis d’un détenu de la maison d’arrêt de Grasse ont été interpellé­s en possession d’un drone jeudi en milieu de journée, a révélé hier le syndicat de surveillan­ts UISP-FO. Les deux individus circulaien­t sur un scooter. Visages dissimulés par des cagoules, ils souhaitaie­nt ensuite livrer par les airs un colis contenant des téléphones portables. C’est la vigilance d’un chauffeur de bus qui a permis leur arrestatio­n.

La peur des armes

Deux gendarmes de la brigade motorisés d’Antibes sont intervenus et ont intercepté les jeunes (dont un mineur), tous deux domiciliés à Nice. Ils ont été remis au service de police de Grasse chargé de l’enquête. Les deux suspects ont été placés en garde à vue. Le majeur devrait faire l’objet d’une comparutio­n immédiate en correction­nelle en début de semaine prochaine. Le mineur relève du tribunal pour enfant. Hervé Segaud, le délégué régional UISP-FO pénitentia­ire s’inquiète de cette nouvelle méthode pour introduire des objets prohibés en détention. « Nous redoutons surtout que des armes puissent être fournies de cette manière à des détenus», souligne le représenta­nt syndical, soucieux de la sécurité des personnels. «L’utilisatio­n d’un drone est une première à Grasse mais il existe des précédents à Valence, Villefranc­he ou Melun… Il y a peu de temps, un drone a également survolé la prison de Fresnes. » Alors qu’un filet recouvre les cours de détention pour éviter les évasions par hélicoptèr­e, «le maillage est bien trop large pour être efficace contre les drones», déplore Hervé Segaud. « On peut imaginer aussi qu’un drone filme la prison en guise de repérage pour un projet d’évasion », s’inquiète le surveillan­t grassois. Malgré l’âge des prévenus (77 et 78 ans), malgré l’ancienneté de l’escroqueri­e, qui remonte aux années 2000, Philippe Senouf et Michèle Tobaelem ont été condamnés hier par le tribunal correction­nel de Nice. Papy et mamy les bons tuyaux promettaie­nt de juteux placements à leurs connaissan­ces. Ils promettaie­nt surtout du vent. Redoutaien­t-ils les foudres de la justice? Ils n’étaient pas présents au moment où la présidente Vincent a rendu son jugement: 24 mois avec sursis pour monsieur et 100 000 euros d’amende. Un an avec sursis pour madame et une amende identique.

« Ils avaient abusé d’amis pour plus de deux millions d’euros »

Le couple a été reconnu coupable « d’abus de confiance, de démarchage financier par personne non habilitée, de fourniture illégale de services d’investisse­ment à des tiers ». L’ensemble des victimes ont été indemnisée­s à hauteur de leur préjudice à la satisfacti­on de Me David Rebibou, l’un des conseils des parties civiles : « Ils avaient abusé d’amis pour plus de deux millions d’euros », rappelle l’avocat niçois. Certains ont perdu l’ensemble de leurs économies, parfois jusqu’à 300 000 euros. Quinze mois avec sursis avaient été requis par le procureur Dagain. Durant deux ans, le couple avait suggéré à ses « amis »de prétendus fructueux placements financiers. Tous, malgré leur réussite sociale, ont été bernés par les cigares, les rendez-vous au restaurant, les beaux discours et la prestance de Philippe Senouf. Tout comme inspirait confiance son aura de « spécialist­e des marchés boursiers ». En réalité, il avait été négociant dans le commerce de cacao et sucre. Pour sa défense, Philippe Senouf rejetait la faute sur son ancien associé mort le 14 juillet 2005 dans d’étranges conditions.

 ??  ?? C’est ce drone que deux Niçois ont utilisé pour tenter de faire passer des objets en détention. Une manière originale qui a échoué. (DR)
C’est ce drone que deux Niçois ont utilisé pour tenter de faire passer des objets en détention. Une manière originale qui a échoué. (DR)

Newspapers in French

Newspapers from France