Les olives ont quatre mois d’avance
La sécheresse a provoqué une maturité prématurée et occasionnera des récoltes très contrastées. Les pluies attendues ce dimanche ne combleront pas des mois de déficit en eau
Les oliviers sont déboussolés. «Imaginez! Les olives ont la maturité d’un mois de mars! » JeanPhilippe Frère, responsable de la filière oléicole à la chambre d’agriculture, le constate tous les jours dans son exploitation du Rouret. La sécheresse, inédite depuis plus de quarante ans, a totalement perturbé des arbres pourtant multicentenaires et dont certains présentent d’alarmants signes de faiblesse. Et ce ne sont pas les pluies de ce dimanche qui suffiront à combler un déficit de plusieurs mois. « Il faudrait des averses douces sur une longue période. Depuis sept ans, le problème de températures perturbe nos récoltes.»
Situation très contrastée
La mouche de l’olivier a fragilisé les arbres les précédentes saisons, mais le manque d’eau a paradoxalement empêché les larves de se développer cette année. Pour autant, la situation est très contrastée en fonction des secteurs du département. Chez certains, la production va être très bonne, avec d’excellents rendements. C’est le cas à La Trinité chez Laurence Lessatini (lire par ailleurs). Dans d’autres zones, c’est la catastrophe. « À Lucéram, ou sur la partie haute de Grasse, les fleurs ont brûlé en juin sur pied, il n’y a pas d’olives du tout. Certains, ailleurs, vont effectivement récolter normalement. Mais le volume global sera nettement inférieur aux autres années, peut-être 30 à 40 % seulement de ce que nous produisons habituellement », avance Jean-Philippe Frère. Selon lui, mi-décembre, la récolte sera bouclée. Du jamais vu. L’un des derniers moulins à l’ancienne, celui de la Roquette-sur-Var, ouvrira dès demain. Une bonne nouvelle. Le moulinier, Claude Wirthlin, sera à la manoeuvre alors qu’une récolte trop faible l’an dernier avait valu portes closes. « Nous n’avons qu’une petite production d’une quarantaine de tonnes, confie Françoise Depo, trésorière du moulin. Ouvrir est une bonne chose, mais nous sommes très fragiles, nous rencontrons beaucoup de difficultés à survivre, les aides ne sont pas les mêmes pour tout le monde. » Certains rient, d’autres pleurent. Selon l’Afidol, le syndicat interprofessionnel, «les rendements s’échelonnent du simple au double pour une même variété, en fonction des conditions d’alimentation en eau. Des arbres mal irrigués peuvent avoir plus souffert de l’été sec que ceux non irrigués et bien taillés en sol profond ».
Récolte catastrophe au plan national
Au plan national, la récolte 2017 s’annonce « catastrophique », selon les chiffres du syndicat Afidol. La production est estimée à 3200 tonnes soit 2000 tonnes de moins qu’en 2016. Après une réunion de crise avec le préfet, la filière a décidé de ne pas réclamer l’état de calamité agricole. «Nous avons opté pour demander une baisse des cotisations. Chambre d’agriculture et syndicats étaient d’accord pour que les aides soient équitables pour tout le monde, quitte à ce qu’elles soient réduites », indique Jean-Philippe Frère. Il s’inquiète pour l’année prochaine. « Dans les zones très touchées, les arbres n’ont pas poussé, il n’y a pas eu de rameaux de printemps. Ce qui veut dire qu’entre une récolte moindre et rien l’année prochaine, c’est la double peine. »