Nice-Matin (Cannes)

FOOTBALL Tube des années 

Jean Sérafin va recevoir le Trophée de l’ancien Aiglon. Une mine de savoureux souvenirs .... Au café des Aiglons

- FRANÇOIS PATURLE

Dans la légende du Gym, Jean Sérafin reste un entraîneur à part. Pas seulement parce qu’il est le coach qui a duré le plus longtemps à la tête du Gym ( saisons pleines, sans limogeage aucun). Pas seulement parce qu’il resta, trois saisons durant, invaincu au Ray avec ses Aiglons en D. Pas seulement car il fut le coach de la remontée en D… Si Jean Sérafin tient une place à part dans les coeurs, c’est aussi parce qu’il fut le coach des années . Or, comme chacun sait, en musique comme au foot, ces annéeslà furent les plus belles. À l’époque, le Gym jouait avec des chaussette­s blanches, le Ray chantait « Dédé », son tube préféré, et les projecteur­s du Ray scintillai­ent de mille feux. La parole au coach. Merci Jean...

Ces derniers jours, on a assisté à la démolition du Ray. Cela a dû vous faire quelque chose…

Oui, un gros pincement au coeur. D’autant que j’habite le quartier, juste à côté. J’ai pris mon appareil et je suis allé faire des photos. Un monsieur m’a accosté et m’a demandé pourquoi je prenais ces photos sous tous les angles… J’ai répondu que ce stade, ce fut mon berceau. D’ailleurs, je suis assez satisfait, j’ai pu récupérer deux sièges roses de la grande tribune. On trouvera bien un endroit où Jean-Paul Bernad...

Le plus drôle ?

Gilbert Marguerite. Une fois, il tape à mon bureau. « Coach, si on veut être champion, il n’y a qu’une solution : jouer seulement le vendredi ». Lui seul savait Centre et celui des pros. Cela ne lui faisait pas peur. Il a fini par être appelé une fois en équipe de France.

La légende raconte que Bruzziches­si, un jour, avait taclé le Stéphanois Milla au niveau de la gorge ?

C’est vrai, là, au niveau de la carotide (il montre). L’arbitre n’avait donné qu’un jaune ! Patrick, c’est le seul joueur que j’ai dirigé et qui aujourd’hui ne me dit pas bonjour.

Pourquoi ?

Après son opération des croisés, il travaille dur et se tient à prêt. Je lui dis : tu vas reprendre d’abord avec la D. Il me répond : « coach, je suis sorti comme titulaire, je reviens comme titulaire ». Je lui réponds que la charnière Curbelo-Dréossi marche bien, qu’il doit retrouver le rythme. Là-dessus, il va trouver le président. Le match arrive. Je vois dans les tribunes une banderole : « Bruzzi sur le terrain, Serafin dehors ». Il avait fait venir ses copains de Gonfaron !

« Il est trop petit »

À propos de votre attaquant suédois, Larsson, Julien Giarrizzi avait écrit une fois dans

Nice-Matin : « il est généreux, mais il pourrait rater un éléphant dans un couloir »... Thomas Larsson ! Une super-mentalité. J’aimais bien ce joueur. C’est vrai que parfois, il ratait des trucs... Un soir, il revient de sélection en équipe de Suède. À l’aéroport, il me dit : « coach, il me manque la valise, je dois la récupérer au plus vite ». Il va au comptoir pour les formalités. Je lui demande ce qu’il y a de si important dans sa valise. « Mes verres de contact, coach ! » En nocturne, avec les projecteur­s, il avait du mal à bien voir.

Pendant  ans, vous avez toujours eu le même gardien, Dédé Amitrano…

Eh oui, pourtant, quand je suis arrivé, ce n’était pas lui le titulaire, mais Jalamion. Un jour, Hidalgo m’appelle, il songeait à prendre Amitrano en équipe de France. Finalement, ça ne s’est pas fait, mais il l’aurait mérité. Dédé, quel bosseur et quel casse-pieds ! À chaque fois qu’il prenait un but, il fallait tout qu’il décortique, il devenait fou, il fallait qu’on retourne sur le terrain pour voir comment on aurait pu l’éviter… Parfois, les gens me disaient, il est trop petit votre gardien. Je leur répondais, regardez les chiffres, il est le meilleur dans les airs.

Parlez-nous de Jorge Dominguez,  buts en  matches, l’idole du Pour ce Nice-Dijon, c’est Jean Sérafin, entraîneur du Gym de  à , qui donne rendez-vous aux supporters au Café des Aiglons dès h pour un « Raconte-moi » qui s’annonce riche. Il recevra ensuite sur la pelouse le traditionn­el Trophée de l’Ancien Aiglon à quelques minutes du coup d’envoi.

peuple, l’avant-centre argentin de la montée en , mais que vous aviez mis sur la touche...

Ah oui, Jorge ! On est en stage à St-Martin Vésubie, juste avant notre premier match en Ligue , chez le champion, Bordeaux. Dominguez me demande l’autorisati­on de quitter le stage. « Une urgence, je dois voir le président Innocentin­i ». Il revient h plus tard : « Coach, tout est réglé ». On redescend à Nice, dernier entraîneme­nt avant le départ… Je prends la douche, je rejoins ma voiture, et là qui je vois arriver : Dominguez. « Coach, je dois vous dire, demain, je ne viens pas au match. Affaire d’argent pas réglée avec le président ». C’était une histoire avec son intermédia­ire, le regretté Rafael Santos. J’étais furieux. On perd - à Bordeaux, un match qu’on aurait gagné avec lui. Je le punis pour le match d’après, pas dans le groupe. Allez expliquer ça au public ! Tout le stade était contre moi. Je l’ai remis un peu plus tard et puis il est parti à Toulon.

 ?? (Photo Frantz Bouton) ?? Jean Sérafin, coach du Gym de  à , et invaincu au Ray pendant  ans.
(Photo Frantz Bouton) Jean Sérafin, coach du Gym de  à , et invaincu au Ray pendant  ans.

Newspapers in French

Newspapers from France