L’Elysée en mode bavard
Emmanuel Macron ne veut pas d’une « présidence bavarde »,à l’inverse de celle de son prédécesseur. Celle-ci n’a pourtant pas (encore) fini de parler. Au premier rang des bavards impénitents, l’exconseiller en communication de François Hollande, Gaspard Gantzer, a nourri pendant trois ans les colonnes d’échos politiques des journaux. Il ne s’en cache pas. « L’entourage du président, un proche du chef de l’état, c’était moi », reconnaît benoîtement ce jeune énarque qui a rejoint l’Élysée sur sa Vespa un froid matin d’avril après avoir effacé à la hâte de son profil Facebook « les photos à la plage, les images trop alcoolisées, les danses surréalistes, les déguisements improbables ». Un cliché sur lequel on le voit pétard à la main échappera pourtant à sa vigilance. Il fera bondir sa notoriété le jour même de sa prise de fonction… Avec une franchise et une liberté de ton déconcertantes, Gaspard Gantzer livre une chronique passionnante de ses trois années dans l’ombre du Président. Aborde sa relation très proche avec Emmanuel Macron « mon ami et camarade de classe de l’ENA » qui l’appelle « ma poule » et avec qui il boit des coups. Révèle la réaction de François Hollande au moment du retour de Nicolas Sarkozy « qui le déteste autant qu’il l’admire ». Evoque l’indifférence de son patron face à l’ascension d’Emmanuel Macron que le Président imaginait bien comme un rival, mais...en . « Politiquement, son créneau est très étroit », répétait François Hollande, pas inquiet pour deux sous. Spontané, touchant, brillant, le récit de Gaspard Gantzer est sans filtre. Il y distribue les bons points, comme à Laurent Fabius, à Christiane Taubira ou à François Hollande, évidemment, qu’il rêve de réhabiliter. Donne des claques à Manuel Valls qui, « rouge comme une crête de coq », le « gronde comme un gosse » ou à Christian Estrosi dont il dénonce l’attitude au lendemain de l’attentat du juillet . « Le maire officieux de Nice (…) et son équipe ont choisi la polémique, au détriment de l’apaisement et de la sérénité. Ils donnent à Daech ce qu’il cherche : la division. Terrifiant de bêtise ». Sans filtre, on vous dit… La politique est un sport de combat de Gaspard Gantzer, Fayard, 376 p, 20,90€