Les leçons de DSK
Les prises de position publiques de Dominique Strauss-Kahn sont plutôt rares, depuis . Ce qui ne donne que plus de retentissement à ce qu’il vient de déclarer, en anglais et en français, en marge d’un colloque international, la Word Policy Conference. Celui-ci se tenait à Marrakech, ville marocaine où DSK possède un ryad, une maison dans laquelle il a souvent trouvé refuge dans des périodes difficiles – c’est le moins qu’on puisse dire – qu’il a traversées depuis l’affaire du Sofitel. Que dit-il ? Il est très sévère avec le Parti socialiste, dont il rappelle, avec tristesse dit-il, qu’il est le sien, et ses anciens camarades. « Ce parti n’a pas su accompagner la mondialisation, il est temps qu’il disparaisse. » « Cette mort programmée », dit-il encore, est une bonne chose car « il n’a pas su se transformer au moment où le monde se transformait ». Bref, c’est à l’extinction que DSK condamne l’actuel PS. À propos d’Emmanuel Macron, sur lequel il était apparu assez critique jusqu’à présent, il est cette fois au contraire positif. « C’est un phénomène spécial dans la vie politique française »,
dit-il du Président, un phénomène qui est une « sorte de tremblement de terre »:« S’il saisit bien sa chance, assure-t-il, il peut faire en ans beaucoup de changements en France. »« Il n’est ni de gauche ni de droite, nuance-t-il, je voudrais qu’il soit et à gauche et à droite. C’est une bonne chose que les deux puissent travailler ensemble. » Sur la forme, l’intervention de DSK est plus que contestable. Est-ce à lui de donner des leçons à un Parti qu’il a contribué lui-même à affaiblir en pour des raisons que l’on connaît ? Des raisons que
chacun, en ce moment surtout, où les femmes du monde entier se mobilisent contre les violences qu’elles subissent, garde en tête ? Est-ce à lui de distribuer bons et mauvais points ? Et surtout, est-ce à lui de donner un coup de pied d’âne à un PS dont, en effet, l’existence ne tient qu’à un fil ? Pas sûr. D’autant que beaucoup à l’intérieur du PS n’ont pas oublié que, malgré les conseils qu’il donne aujourd’hui, DSK a été, avant , le champion des heures, position qu’il renierait aujourd’hui, et qu’il se garde bien de rappeler Mais sur le fond, son diagnostic est, hélas pour le PS, tout à fait réaliste : c’est vrai qu’il n’a pas su changer à temps, c’est vrai qu’il a renoncé à être un parti de gouvernement, et a choisi au contraire de se situer dans une opposition systématique à tout ce qui est tenté par Emmanuel Macron. Et ce, même, comme c’est aujourd’hui le cas, lorsqu’il s’agit de la réforme du travail, auquel la plupart d’entre eux avaient apporté leur soutien en et qu’ils critiquent vertement en . Pourquoi DSK a-t-il parlé hier ? Il ne l’a pas fait pour entrer en grâces, il sait bien que c’est toujours impossible. Mais il a peutêtre parlé pour montrer qu’un homme politique n’est jamais mort, ce qui dans son cas reste à démontrer.
«DSK a parlé pour montrer qu’un homme politique n’est jamais mort.»