Nice-Matin (Cannes)

Les leçons de DSK

- Par MICHÈLE COTTA

Les prises de position publiques de Dominique Strauss-Kahn sont plutôt rares, depuis . Ce qui ne donne que plus de retentisse­ment à ce qu’il vient de déclarer, en anglais et en français, en marge d’un colloque internatio­nal, la Word Policy Conference. Celui-ci se tenait à Marrakech, ville marocaine où DSK possède un ryad, une maison dans laquelle il a souvent trouvé refuge dans des périodes difficiles – c’est le moins qu’on puisse dire – qu’il a traversées depuis l’affaire du Sofitel. Que dit-il ? Il est très sévère avec le Parti socialiste, dont il rappelle, avec tristesse dit-il, qu’il est le sien, et ses anciens camarades. « Ce parti n’a pas su accompagne­r la mondialisa­tion, il est temps qu’il disparaiss­e. » « Cette mort programmée », dit-il encore, est une bonne chose car « il n’a pas su se transforme­r au moment où le monde se transforma­it ». Bref, c’est à l’extinction que DSK condamne l’actuel PS. À propos d’Emmanuel Macron, sur lequel il était apparu assez critique jusqu’à présent, il est cette fois au contraire positif. « C’est un phénomène spécial dans la vie politique française »,

dit-il du Président, un phénomène qui est une « sorte de tremblemen­t de terre »:« S’il saisit bien sa chance, assure-t-il, il peut faire en  ans beaucoup de changement­s en France. »« Il n’est ni de gauche ni de droite, nuance-t-il, je voudrais qu’il soit et à gauche et à droite. C’est une bonne chose que les deux puissent travailler ensemble. » Sur la forme, l’interventi­on de DSK est plus que contestabl­e. Est-ce à lui de donner des leçons à un Parti qu’il a contribué lui-même à affaiblir en  pour des raisons que l’on connaît ? Des raisons que

chacun, en ce moment surtout, où les femmes du monde entier se mobilisent contre les violences qu’elles subissent, garde en tête ? Est-ce à lui de distribuer bons et mauvais points ? Et surtout, est-ce à lui de donner un coup de pied d’âne à un PS dont, en effet, l’existence ne tient qu’à un fil ? Pas sûr. D’autant que beaucoup à l’intérieur du PS n’ont pas oublié que, malgré les conseils qu’il donne aujourd’hui, DSK a été, avant , le champion des  heures, position qu’il renierait aujourd’hui, et qu’il se garde bien de rappeler Mais sur le fond, son diagnostic est, hélas pour le PS, tout à fait réaliste : c’est vrai qu’il n’a pas su changer à temps, c’est vrai qu’il a renoncé à être un parti de gouverneme­nt, et a choisi au contraire de se situer dans une opposition systématiq­ue à tout ce qui est tenté par Emmanuel Macron. Et ce, même, comme c’est aujourd’hui le cas, lorsqu’il s’agit de la réforme du travail, auquel la plupart d’entre eux avaient apporté leur soutien en  et qu’ils critiquent vertement en . Pourquoi DSK a-t-il parlé hier ? Il ne l’a pas fait pour entrer en grâces, il sait bien que c’est toujours impossible. Mais il a peutêtre parlé pour montrer qu’un homme politique n’est jamais mort, ce qui dans son cas reste à démontrer.

«DSK a parlé pour montrer qu’un homme politique n’est jamais mort.»

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