Nice-Matin (Cannes)

Touré (re)prend son envol

Triple passeur décisif contre Guingamp, Almamy Touré a répondu de la plus belle des manières à son entraîneur après un mois en dehors du onze de départ de l’AS Monaco

- MATHIEU FAURE

Un jour où l’autre, il faudra se pencher sur la part de chance dans la carrière d’Almamy Touré. Samedi soir, le latéral droit de l’AS Monaco a débuté le match face à Guingamp en raison de la suspension de Jemerson et du reposition­nement d’Andrea Raggi dans l’axe, pour compenser l’absence du Brésilien. 90 minutes plus tard, le numéro 38 termine la rencontre avec trois passes décisives, une première pour un défenseur en Ligue 1 depuis plus de 10 ans. « C’est la première fois que ça m’arrive dans ma carrière, ce n’est que du bonheur », a simplement détaillé «Almam’» dans l’intimité de la zone mixte. Au-delà de ses trois passes, son match est une dinguerie : 14 ballons gagnés et 4 passes donnant lieu à un tir (les fameuses «key passes»). La chance, ça se provoque. Trois passes décisives dans un même match, ce n’est pas donné à tout le monde. En Ligue 1, le dernier à l’avoir fait s’appelle Ryad Boudebouz (avril 2016 contre Reims). Pour Touré, c’est presque une renaissanc­e. Depuis un mois, le défenseur regardait ses coéquipier­s depuis le banc de touche ou, parfois, des tribunes. Oui, c’était une sanction. Assumée et officielle. « Lors du dernier match auquel j’avais participé, j’avais été moins performant (lors de la défaite à domicile contre Besiktas le 17 octobre, ndlr). J’étais moins bien, moins concentré. Je me suis remis en question et j’ai bossé », avoue, sans langue de bois, Touré. Le défenseur n’était pas le seul coupable de la mauvaise passe de l’ASM mais il fallait changer des choses. Andrea Raggi est revenu dans le jeu et Touré a observé de loin le renouveau de l’ASM. Le destin a abrégé son calvaire en le relançant face aux Bretons.

« Son match a racheté ses dernières sorties »

« Quand le coach m’a dit que j’allais jouer, je me suis concentré. Lors de mes derniers matches, j’étais moins concentré, ce n’était pas le Almamy que tout le monde connaît. Là, j’ai bossé. Je sais que c’est le genre de match que je dois utiliser pour me montrer », s’exclame Touré. De son côté, son coach confirme qu’il attendait plus de son latéral : « Son match a racheté ses dernières sorties où il avait été moins performant. J’ai donc félicité Almamy Touré », conclut Jardim. Pour Touré, le plus dur commence. Faire de cette extraordin­aire performanc­e contre Guingamp le début d’un renouveau et non un match sans lendemain. De son côté, Touré en a bien conscience : « Si tu n’enchaînes pas, parfois, ça joue. Mais j’essaye de me concentrer et je ne pense plus au fait de ne pas jouer. Ce soir, j’avais vraiment faim. Ça faisait trois matches que je n’avais pas joués et il fallait que le montre au coach que j’étais là et qu’il pouvait compter sur moi. » C’est une évidence, Touré a su saisir sa chance profitant d’un concours de circonstan­ces incroyable­s pour rappeler quel bon joueur il peut être (blessure de Sidibé, suspension de Jemerson). Le destin, c’est sans doute son meilleur allié. Personne n’a oublié la manière dont l’Europe a fait connaissan­ce avec Almamy Touré un soir de février 2015. Touché par une cascade d’absents (Toulalan, Kurzawa, Ricardo Carvalho, Raggi), Jardim se retrouve dans l’obligation de bricoler une défense et lance le jeune Touré, 18 ans, dans le grand bain de la Ligue des champions. Monaco affronte Arsenal en huitième de finale aller à l’Emirates.

Meilleur passeur du club

Là encore, il fait un immense match (victoire 3-1). Mais il va peiner à enchaîner, gêné par d’incessante­s blessures. Près de trois ans après le match d’Arsenal, Almamy Touré n’a pas encore réussi à s’imposer dans le onze de départ de son club formateur alors que le potentiel est là. Et il est immense. Son match de Guingamp confirme en tout cas qu’il mérite bien plus qu’un statut de doublure sur le côté droit. Il le sait. « On est en train de retrouver la force qu’on avait l’année dernière, c’est-àdire pouvoir compter sur tout le monde », analyse Touré à la fin du match. Après tout, ce matin, le latéral droit de 21 ans est devenu le meilleur passeur de l’ASM en Ligue 1 cette saison à égalité avec Joao Moutinho (4 offrandes chacun). 5 matches, quatre titularisa­tions, 4 passes décisives. On est bien loin de statistiqu­es d’une doublure.

 ?? (Photos C. D. et AFP) ?? Triple passeur contre Guingamp, Almamy Touré n’a pas manqué son retour dans le onze de départ de l’ASM.
(Photos C. D. et AFP) Triple passeur contre Guingamp, Almamy Touré n’a pas manqué son retour dans le onze de départ de l’ASM.
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