Nice-Matin (Cannes)

COURSE PÉDESTRE L’Afrique rayonne encore Les échos de la course La phrase

Alors que le Japonais Kawauchi espérait devenir le premier non africain à triompher sur la Croisette, l’Ethiopien Kelkilew a pris le meilleur sur les 13 300 coureurs inscrits en 2h12’09’’

- CHRISTOPHE­R ROUX

Il n’y a pas eu de tremblemen­t de terre. Hier, sur la Croisette, les coureurs des hauts plateaux n’ont pas délaissé leur bien. Le 10e marathon des Alpes-Maritimes a encore souri à un coureur africain. Alors que beaucoup attendaien­t la star japonaise Yuki Kawauchi, pour le voir mettre un énorme coup de pied dans la fourmilièr­e et devenir le premier non africain à mettre la main sur l’épreuve azuréenne, le tapis rouge a finalement été déroulé à Dejene Kelkilew. L’un des deux Ethiopiens de la classe élites a d’abord joué à cache-cache avant de surgir dans les derniers kilomètres pour régler l’adversité kenyane dans un finish étouffant. Vainqueur en 2h12’09’’, le lauréat du marathon de Reims 2015, 26 ans, n’a pas battu son record personnel (2h11’21’’) ni celui de la course détenu par Lukas Kanda depuis 2011 (2h08’40’’). La faute à la grisaille, au vent de face apparu à quinze bornes du final et aux quelques gouttes de Les maires de Cannes et Nice David Lisnard et Christian Estrosi ont, comme à leur habitude, pris le départ du marathon azuréen hier. Inscrit en individuel, David Lisnard a bouclé les , km au e rang en h’’’. De son côté, Christian Estrosi a effectué la course en binôme avec Frédéric Legroux et bouclé les  premiers kilomètres du parcours en h’’’ (h’ pour le temps final). Une blessure à la main n’a pas eu e pluie venues se mêler aux débats. Ces conditions météo délicates n’ont, pour autant, pas empêché la course de se prendre d’affection pour le suspense. Après un premier écrémage peu après la micourse, où ils n’étaient plus que cinq à jouer la gagne, Kelkilew s’est fait la malle au 40e kilomètre. Sa deuxième accélérati­on à hauteur du Palm Beach avait raison du favori d’avant course, Alfred Kering raison de son abnégation. Hier matin, après h’’’ de course, le Varois Pascal Veillet a remporté une quatrième victoire à Cannes dans la course réservée aux handisport­s après ,  et . Le Gardéen, paraplégiq­ue, est allé au bout de lui-même pour être le premier athlète, devant les valides, à rallier la Croisette hier. Pascal Thiriot avait émis le souhait de lancer un  km en parallèle du marathon dès cette année. Un espoir finalement mort né face aux (2h07’10’’ sur le CV et 3e à l’arrivée en 2h12’31’’), ainsi que de Cosmas Birech (2e en 2h12’20’’), lièvre des 30 premiers kilomètres passé tout prêt d’un hold up.

Kawauchi sur les rotules

Derrière ce trio, en 2h15’ déboulait Yuri Kawauchi. Le Tokyoïte, réserves à plat, n’a pas eu les jambes pour rivaliser avec les dragsters d’Addis Abeba et Nairobi. 6e, il arborait exigences sécuritair­es du moment. Le président d’Azur Sport Organisati­on, chef d’orchestre du marathon, n’a pas totalement abandonné l’idée pour le futur mais se donne du temps avant de concrétise­r son projet. « J’ai toujours cette envie, confiait-il hier à l’arrivée. Maintenant, pour la lancer, il faudrait que tout le dispositif sécuritair­e qu’on met en place soit prêt deux heures plus tôt qu’actuelleme­nt… Et l’amplitude horaire de notre travail est déjà très très large. Quand on arrivera à courir dans d’autres conditions dans notre pays, on pourra alors l’envisager. »

Pascal Thiriot se disait soulagé hier matin. Il a bien cru, un temps, voir son épreuve fortement perturbée par la pluie et le vent. « Des coups de mer étaient annoncés. Ils n’étaient pas énormes mais on ne sait jamais ce qu’il peut se passer. Ils peuvent entraîner une annulation de la course. A h du matin, quand vous êtes dehors et son légendaire sourire mais ne masquait pas son immense frustratio­n. « J’étais venu pour gagner mais au 22e kilomètre c’était un peu trop rapide pour suivre. Mon temps est très décevant (il visait 2h09’-2h10’) donc j’aimerais revenir pour essayer de me rattraper. » Malgré son échec, l’homme aux 70 marathons depuis 2011 a marqué les esprits pour sa première course en France. Son visage creusé par l’effort et ses longues minutes passées sur les rotules à l’arrivée sont déjà gravés dans la mémoire de Pascal Thiriot, en charge de l’organisati­on. « C’est la première fois que je vois un athlète élites arriver dans un tel état et mettre autant de temps à récupérer. Il s’est mis minable », a salué le président d’Azur Sport Organisati­on. Ce moment fort n’a pas été singulier pour ce 10e anniversai­re. Le retour de la Promenade des Anglais comme terre d’accueil du départ, que vous voyez l’eau tomber, vous savez que vous n’allez pas bien dormir. Finalement, je suis un homme heureux. » Le pensionnai­re de Courir en Pays de Grasse, Robert Hobby,  ans, est le premier Azuréen à avoir franchi la ligne d’arrivée. Au scratch, le coureur d’origine britanniqu­e a ponctué son effort en e position en h’’’. « J’ai le sourire, je suis content de moi. Je suis arrivé à Grasse à  ans mais c’était mon premier marathon Nice-Cannes. Je suis fier de terminer er azuréen même si je suis un peu déçu du temps. J’espérais finir en h’ mais j’ai été malade il y a trois semaines et je n’avais plus de force au e kilomètre. »

“On

avait déjà eu une arrivée au sprint mais jamais trois premiers aussi proches. Ça a été une belle édition. Malgré sa dureté avec la pluie une demi-heure avant le départ et le vent de face du Fort Carré d’Antibes jusqu’à Cannes. ”

Pascal Thiriot, après une année de deuil suite à l’attentat du 14 juillet, a offert quelques frissons. Tout comme le récital de Tejitu Siyum dans la course féminine. L’Ethiopienn­e, avec ses 2h33’21’’, a repoussé sa compatriot­e Meseret Gola à bonne distance (2h36’37’’). Ce cavalier seul a empêché la meilleure chance tricolore, Aline Camboulive­s, d’espérer mieux qu’une 4e place. Partie avec deux côtes cassées, la Valentinoi­se triple championne de France du marathon s’est battue avec ses armes du moment. Un goût de l’effort partagé avec pas moins de 6250 finishers en individuel. Chapeau ! La Team Elo a parfaiteme­nt rendu hommage à Elodie Postic, championne de trail bien connue dans le départemen­t, disparue il y a trois ans. Hier, ses amis Laurent Couturier, Nicolas Pratviel, Christian Gouesse, Fanny Cospain, David Cassus, sa maman Cathy et sa soeur jumelle Julie ont décroché la e place de la course relais en h’’’. « On l’a fait pour Elo, à  % dans la tête. On est content, on était en famille et tout le monde a joué le jeu. Elo était avec nous. Le chrono n’était pas important. On voulait juste participer », a confié sa soeur Julie, sourire aux lèvres.

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Photos : Cyril DODERGNY, Jean-Sébastien GINO-ANTOMARCHI, Sébastien BOTELLA, Pat ??
Siyum, re féminine Dejene Kelkilew est devenu le quatrième éthiopien à s’imposer sur la Côte d’Azur. Kawauchi l’organisate­ur, alors que  secondes ont séparé les  premiers Photos : Cyril DODERGNY, Jean-Sébastien GINO-ANTOMARCHI, Sébastien BOTELLA, Pat

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