Nice-Matin (Cannes)

Comment agir face à un syndic négligent

- animé par Pierre DEJOANNIS

Il arrive encore d’être confronté à des syndics d’immeuble qui font beaucoup de tort à la profession. Par une gestion calamiteus­e (intentionn­elle ou non), ils altèrent les relations avec les syndicats de copropriét­aires, ce qui ne peut que nuire à la confiance et déboucher sur une ambiance conflictue­lle lorsque, de surcroît, la mauvaise foi s’invite. Telle est l’expérience amère que vit actuelleme­nt M. A.H. habitant Neuilly-sur-Seine : « J’ai un appartemen­t loué par un cabinet de syndic parisien. Celui-ci a encaissé deux chèques d’un montant de 5 629 € et de 3791,21 € correspond­ant à des charges de copropriét­é. Ces deux chèques ont été encaissés mais n’ont jamais été crédité sur mon compte de copropriét­aire. Le syndic n’a jamais répondu à mes courriers RAR ni à ceux de ma protection juridique. Le comble c’est que ce syndic continue à m’envoyer les charges de copropriét­é comme si de rien n’était. Que faire devant cette situation de mauvaise foi évidente ? » Nous sommes surpris par l’attitude de votre protection juridique. N’ayant pas entre les mains vos correspond­ances, nous ne pouvons pas donner d’explicatio­n à ce silence étonnant en pleine phase précontent­ieuse. Si vous n’arrivez pas à faire bouger votre protection juridique, deux solutions s’offrent désormais à vous. " La première consiste à faire le mort et à attendre les éventuelle­s poursuites qu’engagera le syndic pour recouvrer la créance. Vous pourrez alors justifier du paiement des charges réclamées en montrant les différents courriers transmis et les talons de chèques assortis des relevés bancaires attestant de votre bonne foi. Mais vous pourrez aussi vous manifester lors de l’assemblée générale, car la liste des copropriét­aires défaillant­s est transmise chaque année lors de la convocatio­n. Au cours de la réunion, vous pourrez demander des explicatio­ns au syndic en présence des autres copropriét­aires, preuves à l’appui. Des informatio­ns qui pourront être mentionnée­s au procès-verbal et qui pourront vous servir, le cas échéant, devant un tribunal si la régularisa­tion ne se faisait pas. "La seconde vous permettra de régularise­r au plus vite votre situation en prenant le taureau par les cornes, c’est-à-dire en passant la vitesse supérieure, vous permettant ainsi d’obtenir satisfacti­on. 1. Avant d’engager une action judiciaire, vous devez mettre en demeure votre syndic par LRAR de régularise­r votre compte sous quinze jours. 2. Les quinze jours échus, si pas de réponse, vous allez saisir le tribunal d’instance (TI) car il est compétent pour les créances inférieure­s à 10 000 € (article L. 221-4 du Code de l’organisati­on judiciaire). Le cabinet étant situé à Paris, c’est donc du ressort du TI de cette commune (article 43 du Code de procédure civile (CPC). 3. La saisie s’effectue par lettre simple pour une demande de règlement amiable auprès du greffe du TI. 4. Le juge lance la conciliati­on et un conciliate­ur de justice est désigné par ses soins. Vous exposerez vos arguments et une solution amiable devrait être trouvée. Mais en cas d’échec, vous aurez la possibilit­é de passer au procès via une assignatio­n que vous ferez délivrer par un huissier à votre syndic. Ce document est payant. Si vous gagnez votre procès, vous devez alors faire exécuter le jugement par un huissier. Ses frais seront une nouvelle fois à votre charge. Par ailleurs, rien ne vous empêche de saisir la Chambre de commerce et d’industrie (qui délivre les cartes profession­nelles) pour l’informer de vos démêlés avec ce syndic peu scrupuleux.

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(DR) Lorsqu’un dialogue de sourds naît avec le service comptable d’un cabinet de syndic de copropriét­é, il faut agir au plus vite en crevant l’abcès lors de l’assemblée générale ordinaire.
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