Nice-Matin (Cannes)

Une double conjonctio­n à traiter

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UNE PERIODE TRANSFORMA­NTE, CONJONCTIO­N D’UNE TECHNOLOGI­E EXPLOSIVE ET DU CONSOMMATE­UR QUI CHANGE

On vit une période fantastiqu­e. Est-ce la troisième révolution industriel­le ? On le dira plus tard. Mais ce qui est sûr est que c’est transforma­nt. On n’est pas dans l’améliorati­on, tout est revisité. Cette transforma­tion est la conjonctio­n de deux éléments percutants : la technologi­e dans toutes ses dimensions, ce qu’elle permet et les nouveaux besoins du consommate­ur. On a quinze ans d’évolution derrière nous autour du digital. Ce qui change aujourd’hui, c’est que c’est rayonnant. Du digital, on passe à la data, aux objets connectés. Après, on nous parle d’intelligen­ce artificiel­le, de machinelea­rning, de blockchain, c’est explosif. C’est comme le trou noir et le big band. On est dans le big band, c’est en expansion, ça part dans tous les sens. Et en même temps, permis par la technologi­e ou parce que c’est une évolution naturelle des individus, le consommate­ur et ses besoins changent. Il a de nouvelles attentes, et c’est un point commun quel que soit le secteur.

UNE CONJONCTIO­N A LA FOIS PERTURBANT­E ET TERREAU A LA CREATION D’ENTREPRISE

Pour une entreprise, cette conjonctio­n est perturbant­e. L’évolution de la technologi­e, OK, je sais gérer. Mais avoir en même temps le client et la technologi­e qui changent, l’un s’appuyant sur l’autre, c’est assez nouveau : il ne s’agit plus d’opérer des évolutions mais bien de se transforme­r. Ca crée aussi les conditions d’un terreau à la création d’entreprise­s, de startups et de tout ce qui vient répondre avec de la technologi­e à de nouveaux besoins, de nouvelles attentes.

L’ERE DU MOI JE ET DU COLLECTIF

Le phénomène des nouveaux usages n’est plus génération­nel. Il est transgénér­ationnel, plus ou moins dosé mais réel. On est dans l’ère de la reconnaiss­ance de soi, la selfisatio­n du monde, le moi je. Si on parle de mutuelle, de coopératio­n, le consommate­ur trouve ça super génial. Quand on lui fait un devis pour une assurance auto, il vous dit oui mais je ne suis pas comme mon voisin. Il veut être reconnu tel qu’il est. C’est intéressan­t et paradoxal : il y a du collectif qui se crée dans l’individual­isation. Je suis un indivualis­te forcené et en même temps, je me retrouve dans un groupe affinitair­e.

UNE REALITE A GERER

Il faut parvenir à gérer ça comme une réalité et non comme une contradict­ion. Il y a de nouvelles communauté­s qui se créent. D’où l’effervesce­nce en entreprise. C’est le moment du big band, il y a plein de choses à faire. Quand la lave ne coule plus, que les cendres ne retombent plus, c’est figé, il y a moins à faire.

DEUX UNIVERS COMPETITIF­S QUI SE DEVELOPPEN­T

Aujourd’hui, deux univers compétitif­s se développen­t. On a les anciens qui disent ça passera, OK certains affirment des choses mais le monde ne change pas comme ça. Et puis les modernes qui disent le monde va changer et je fais pour le nouveau monde. Je pense qu’à la fin, il y aura des succes story des deux côtés. Je crois aussi que ces nouvelles entités alimentero­nt les anciens, elles aideront à leur transforma­tion. Les anciens se réadaptero­nt et changeront de business model. Si votre consommate­ur change, que les usages changent, je ne vois pas comment vous pouvez ne changer ni votre offre ni votre vision du métier. Vous changez votre propositio­n de valeur, vous changez votre organisati­on. Vous créez une autre façon d’exercer le métier. Pour les entreprise­s qui ont vécu l’impact de la technologi­e au sens productivi­té, là où il y a un choc, c’est lorsque l’on regarde la même mer et qu’on n’arrive pas du tout à voir la même chose.

UNE REACTION OBLIGATOIR­E, UN CHANGEMENT INEVITABLE, LES VIVRE COMME UNE OPPORTUNIT­E

Ce qui est important, c’est d’essayer de bien comprendre ce que le client veut. Ne pas discuter la réalité. On peut discuter de ce que devient le monde, mais pas des réalités. Les trends fondamenta­ux sont là, il faut les vivre comme une opportunit­é. Vous avez d’un côté les technologi­es facilitatr­ices, avec ce qu’elles amènent comme questionne­ment, sur les robots, les nouveaux risques, la sécurité de soi... De la même manière que les locomotive­s, l’électricit­é et la Taylorisat­ion posaient des questions. Et puis de l’autre côté, vous avez des consommate­urs dont les habitudes changent, qu’il faut traquer, pour être à leur service. C’est un moment stressant mais palpipant.

« Une période paradoxale et palpitante »

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