Nice-Matin (Cannes)

Une époque fantastiqu­e » Se transforme­r en faisant tourner la machine MERCI aux 37 000 entreprene­urs qui ont construit LA FRANCE DE DEMAIN

-

LE RISQUE: ÉVEILLÉS, ILS DORMENT

Souvenez-vous d’Héraclite : « Éveillés, ils dorment. » Pour moi le danger est là : être éveillés et ne pas comprendre ce qui se passe. Il y a toujours la guerre des modernes et des anciens. Historique­ment, un client rencontrai­t l’assureur quand il achetait un véhicule. À ce moment-là, il tapait à la porte d’une agence et il faisait la queue. Aujourd’hui, la fille de ce client a  ans et elle, la voiture, l’appartemen­t, ça ne l’intéresse pas. Ce qui l’intéresse, c’est son smartphone. Avec sa musique, ses films, mais aussi son mode de déplacemen­t qu’il s’agisse de Blablacar ou d’Uber. La clientèle n’est plus la même. Est-ce qu’on a un conflit de génération devant nous ? Je ne le pense pas mais il faut prendre la réalité en compte.

NE PAS PERDRE UNE GÉNÉRATION

Si vous ne voulez pas vous coupez d’une génération, il faut bouger. Chez Allianz, nous sommes très proactifs. L’accélérate­ur est la partie visible, on fait des partenaria­ts avec des startups, on s’intéresse aux usages plutôt qu’à la propriété. En tant qu’assureur, le sujet nous interpelle. J’ai une voiture que j’utilise  % du temps, le reste sert à quoi ? Je la prête? Comment assure-t-on cet usage? Facture-t-on à la demande et non à l’abonnement? C’est un sacré pivot de notre métier. Le business model n’est plus le même. On est là-dedans.

CHANGER SANS URGENCE MAIS RÉELLEMENT

Face au changement aujourd’hui, on a le temps et on ne l’a pas. On a le temps car on n’est pas sur une rupture. Il se passe des choses, il y a des pentes réelles et quand on se retournera, on verra le changement. Il faut faire tourner la machine tout en innovant. Rendre l’entreprise la plus intéressée à son avenir, la plus à l’écoute, la plus agile.

FAIRE COHABITER DIFFÉRENTE­S GÉNÉRATION­S

En entreprise, on doit parvenir à faire cohabiter différente­s génération­s. Chez Allianz, on a une règle :  % des embauches doivent avoir moins de  ans. C’est nécessaire pour lutter contre le vieillisse­ment de notre population. Avec l’allongemen­t des cotisation­s, les gens restent plus longtemps. On rajeunit avec cette règle.

ATTIRER LES JEUNES SANS FAIRE DU JEUNISME

Pour faire venir ces moins de  ans, il faut une image qui correspond­e à leurs critères. Ensuite il faut qu’ils aient envie de rester. Sans s’opposer aux autres. Comment on évite de faire du jeunisme ? Comment on fait progresser tout le monde ? Par la compréhens­ion de notre environnem­ent, c’est par là qu’on réussit. On ne se débrouille pas trop mal pour l’instant. Il faut être vigilant à ce que personne ne se sente exclu en entreprise. Il y en a assez comme ça en dehors de l’entreprise.

UNE RÉFLEXION AUTOUR DU MANAGEMENT ET DU TRAVAILLER ENSEMBLE

Pour des entreprise­s de notre taille, avec notre historique, la capacité de mobilisati­on de tous est un vrai enjeu. Si sur un ou plusieurs sujets vous n’arrivez pas à avoir des salariés de secteurs différents qui partagent une vision commune, qui cherchent ensemble pour trouver la solution, vous n’avez pas de communauté réelle. Or vous avez besoin de tous les métiers. Comment fait-on vivre les métiers fonctionne­ls, et développe-t-on l’horizontal­ité? Par une réflexion autour du management, de la gestion d’équipe, toutes les questions de l’entreprise libérée.

L’ENTREPRISE LIBÉRÉE ET LE LEADERSHIP

L’entreprise libérée, je la sens bien. Ca dit une chose : tout le monde a droit à l’expression pour faire progresser l’entreprise, c’est une détayloris­ation de la prise de décision, mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a plus de prise de décision. C’est pour ça qu’il y a toujours un CEO. Mais il y a une vraie question sur le management et le travailler ensemble. On est bousculé par le mode de fonctionne­ment des startups. C’est tous les jours qu’il faut se réinventer. On passe du management au leaderchip. L’accélérate­ur est la démonstrat­ion de ce qui se fait aujourd’hui en agilité. C’est la capacité de faire des choses sans en avoir la vision globale. Vous savez que vous devez faire quelque chose, vous vous imposez de sortir quelque chose toutes les six semaines, et si besoin vous corrigez. Il y a quatre ans, on crée une direction du digital. On refonde l’équipe stratégiqu­e. Et on se lance. Je sens qu’il y a une direction : il faut du digital, qu’on s’ouvre sur l’extérieur, vers des gens peut-être plus vifs que nous, qui ont des idées différente­s. On commence par des hackathons internes, puis on crée l’accélérate­ur, le hackathon devient géant. On initie l’Innovation Lab, on sort un kit pour démultipli­er avec les managers. On met en place un fonds d’investisse­ment pour aller au-delà du lien business. Toute une panoplie d’outils est en place. L’entreprise libérée, c’est ça : on prend une idée, ça se développe et à la fin, l’état d’esprit de l’ensemble a changé. Tout ce qui est culturel prend du temps mais quand vous baignez dans  % d’humidité, vous ne vous en rendez plus compte. Avec l’accélérate­ur, on crée un bain. Ce n’est pas que l’affaire des jeunes. Avoir l’esprit ouvert, observer ce qui se passe autour, aimer les autres et être lucides. Accepter les différence­s.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France