Coup de filet antiterroriste à Menton
La police judiciaire a interpellé, hier à l’aube, dix suspects – neuf hommes et une femme – en France et en Suisse dans une opération antiterroriste. Parmi eux, cinq Mentonnais, tous radicalisés
Ils étaient étroitement surveillés par la police judiciaire depuis le printemps. Cinq Mentonnais, un Aixois, un Suisse et trois habitants de la région parisienne ont été interpellés, hier matin à 6 heures, par les policiers de l’antiterrorisme. Des échanges entre ces suspects via la messagerie Telegram ont été jugés suffisamment inquiétants pour justifier, en juillet, l’ouverture d’une information judiciaire par le parquet de Paris pour « association de malfaiteurs en vue d’une entreprise terroriste ». Les individus, repérés pour certains depuis 2015 en raison de leur radicalisation, avaient le projet de tuer « des mécréants »et« des policiers », selon une source proche du dossier. Dans quelle ville ? Visaient-ils les Alpes-Maritimes ? La question reste pour l’instant en suspens. Au fil des semaines, la menace se précisait au point que les enquêteurs redoutaient le pire ces derniers jours malgré une surveillance étroite, 24 h sur 24, des individus par des membres de la BRI (brigade de recherche et d’intervention). L’opération menée, hier, par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), la Sous-Direction de l’antiterrorisme (SDAT), la police judiciaire de Marseille et de Nice, épaulées par le RAID, avait neuf «objectifs». Les personnes interpellées dans le Val-de-Marne, en SeineSaint-Denis, dans les Bouches-du-Rhône, à la frontière franco-suisse et à Menton sont âgées de 18 à 65 ans. Cinq d’entre elles résident route de Sospel à Menton, dans le quartier du Careï. Une dixième personne, une femme, compagne de l’un des suspects, a été arrêtée par les autorités suisses. Parmi les gardés à vue, le doyen, un Français de 65 ans, ancien légionnaire, converti à l’islam, semble avoir joué le rôle de mentor auprès de deux fratries distinctes de jeunes Mentonnais. Les enquêteurs s’intéressent également beaucoup à un résident suisse de 27 ans, très actif sur les réseaux sociaux et connu pour son prosélytisme. Il aurait été en contact avec un adolescent de 13 ans, soupçonné de préparer une attaque djihadiste au couteau [lire notre encadré].
La crainte d’un passage à l’acte
Les conversations inquiétantes sur la messagerie cryptée Telegram, l’apologie d’autres attentats, « démontraient une certaine dangerosité, selon un enquêteur. Un passage à l’acte pouvait intervenir à n’importe quel moment. » Les cinq Mentonnais arrêtés, actuellement en garde à vue à Nice, doivent être transférés dans la semaine à la SDAT à Levallois-Perret. Reste à préciser les contours de leurs projets terroristes. Le matériel informatique et les téléphones saisis hier lors des perquisitions seront sans doute très utiles aux enquêteurs.