«Paradise Papers» : le défilé des stars de l’optimisation fiscale
Apple, Nike et Uber accompagnent Bono ou Lewis Hamilton dans l’enquête du consortium de journalistes d’investigation qui met au jour ce type de pratiques, partout sur la planète
Les « Paradise Papers » apportent chaque jour leur lot de révélations sur l’optimisation fiscale. Nike aurait par exemple créé des sociétés offshore aux Bermudes, auxquelles ses filiales ont versé des centaines de millions d’euros pour utiliser les droits sur la marque. Apple, de son côté, aurait utilisé le paradis fiscal britannique de Jersey pour continuer à ne pas payer d’impôts, ou très peu, après avoir dû mettre fin à des pratiques similaires en Irlande. Côté personnalités, Bono, chanteur de U2 et figure de la lutte contre la pauvreté dans le monde serait actionnaire d’une entreprise maltaise qui aurait investi dans un centre commercial en Lituanie en recourant à des techniques d’optimisation fiscale. Le quadruple champion du monde de formule 1 Lewis Hamilton aurait pour sa part utilisé une société-écran sur l’île de Man pour économiser 4 millions d’euros de TVA lors de l’achat d’un jet privé, selon le Guardian, membre de l’ICIJ. Plusieurs personnalités politiques ont par ailleurs été citées, à l’image du ministre des Finances argentin Luis Caputo ou du secrétaire américain au Commerce Wilbur Ross. Dans un communiqué, Bono s’est dit « totalement écoeuré si » son « nom a pu être mêlé à quelque chose d’un tant soit peu illégal ». D’autres sociétés ont choisi de se défendre en affirmant « respecter les règles fiscales internationales». Et c’est bien là le coeur de l’affaire : le caractère légal des pratiques dénoncées par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ).
« Attaque contre la démocratie»
Il n’en demeure pas moins que l’optimisation fiscale représente un manque à gagner considérable pour les États, ce que n’a pas manqué de remarque Bruno Le Maire, ministre de l’Économie français: « L’évasion fiscale n’est pas seulement une perte de recettes fiscales pour l’État: c’est une attaque contre la démocratie. »Ilaproposé que « les États n’apportant pas d’informations nécessaires pour lutter contre l’évasion fiscale n’aient plus désormais accès au financement des grands organismes internationaux comme le FMI ou la Banque mondiale ». Selon les calculs effectués par l’économiste Gabriel Zucman, professeur à l’université de Berkeley en Californie, les pratiques des entreprises et des grandes fortunes entraîneraient chaque année près de 350 milliards d’euros de pertes fiscales dans le monde. Pour le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, ce phénomène participe à la concentration de la richesse mondiale entre quelques mains. «La situation est explosive. C’est une bombe à retardement», a prévenu l’économiste.