Nice-Matin (Cannes)

Complèteme­nt marteau ! Idris et Kate réchauffen­t les coeurs

- PHILIPPE DUPUY pdupuy@nicematin.fr Ph. D.

Genre : thriller. Notre avis : La fille d’un sénateur disparaît. À la demande de son père, Joe (Joaquin Phoenix), un vétéran brutal et torturé reconverti en détective privé, se lance à sa recherche. Confronté à un déferlemen­t de perversion et de corruption, il est entraîné malgré lui dans une spirale de violence… De Hany Abu-Assad (USA). Avec Kate Winslet, Idris Elba, Beau Bridges. Durée :  h . Genre : drame. Notre avis : De Lynne Ramsay (USA). Avec Joaquin Phoenix, Ekaterina Samsonov, Alessandro Nivola. Durée :  h . Livrés à eux-mêmes en pleine montagne après le crash de l’avion de tourisme dans lequel ils voyageaien­t, deux étrangers (Kate Winslet et Idris Elba) doivent compter l’un sur l’autre pour faire face aux conditions extrêmes. Réalisant qu’ils n’ont aucun espoir d’être secourus, ils Présenté en compétitio­n sous le titre original You Were Never Really Here (Tu n’as jamais vraiment été là) beaucoup plus signifiant que l’ironique A Beautiful Day (Une belle journée), le film de l’Écossaise Lynne Ramsey (We Need To Talk About Kevin) a été l’électro choc du Festival de Cannes 2017. La comparaiso­n avec Taxi Driver et Drive est facile : une ville la nuit, un antihéros solitaire et traumatisé, une longue montée de violence, une B.O. hypnotique (signée Jonny Greenwood, le guitariste de Radiohead)… Le parallèle s’arrête là. Exercice de style virtuose, le film de Lynne Ramsey a un rythme et un univers très différent des deux autres. Et il est d’un accès nettement plus difficile. Le public non averti, qui ira le voir sur la foi des slogans racoleurs (« Taxi Driver tentent leur chance à travers des centaines de kilomètres de nature hostile, acceptant que ce n’est qu’ensemble qu’ils pourront trouver le courage de tenter de survivre… La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a. Ainsi en est-il de la plupart des films de studios hollywoodi­ens. Il ne faut pas attendre grandchose d’autre de celui-là que ce qu’en promet l’affiche : la rencontre de deux stars, Idris Elba et Kate Winslet, dans un survival amoureux de haute montagne. Plus habitué à jouer du muscle, le premier est utilisé presque à contre-emploi, dans le rôle d’un neurochiru­rgien au sang-froid + Drive »), risque d’être cruellemen­t déçu. Le personnage de Joe, formidable­ment incarné par un Joaquin Phoenix barbu, mutique et pachydermi­que (prix d’interpréta­tion mérité à Cannes), est plus proche des effrayants marginaux du cinéma russe (on pense notamment à ceux de My Joy de Sergei Loznitsa) ou coréen (Old Boy, avec lequel il partage une certaine dextérité dans le maniement du marteau) que du freluquet sexy de Drive. Et la mise en scène de Lynne Ramsey est nettement plus expériment­ale qu’un thriller Scorsesien. L’effet hallucinat­oire qu’elle produit pourra laisser de marbre, voire carrément ennuyer une grande partie des spectateur­s. Ce qui n’enlève rien à ses qualités : A Beautiful Day a tout du futur film culte. imperturba­ble. La seconde joue les journalist­es impétueuse­s, que son impatience va mettre en grande difficulté. Ils ont beau être de parfaits inconnus au début du film, on sent bien que ça ne va pas durer. Avec ce froid, il y a du rapprochem­ent corporel dans l’air. Les beaux paysages de montagnes et le suspense sur leur capacité à survivre en milieu hostile feront le reste. Si on excepte un final au taux de glucose frisant l’overdose, le film d’Hany Abu-Assad remplit très honorablem­ent son cahier des charges de « film du samedi soir ». PHILIPPE DUPUY De Jean-Baptiste Thoret (France). Avec Michael Mann, Peter Bogdanovic­h, Paul Schrader… Durée :  h . Genre : documentai­re. Notre avis : Comment l’Amérique estelle passée d’Easy Rider à Donald Trump ? Que sont devenus les rêves et les utopies des années soixante et soixante-dix ?

«On a foiré.» La réplique prophétiqu­e de Peter Fonda à la fin d’Easy Rider résume assez bien le sentiment général par rapport à l’héritage des années soixante, soixantedi­x et au dévoiement du fameux rêve américain. Ex-« monsieur cinéma » de Charlie Hebdo, spécialist­e du cinéma américain, Jean Baptiste Thoret a voulu essayer de comprendre pourquoi. Pour cela, il a traversé les États-Unis pendant la dernière campagne présidenti­elle. Il y a vu un pays plus que jamais divisé entre élites éduquées des grandes villes et Amérique profonde laminée par la désindustr­ialisation et la crise économique. Son film donne l’impression de courir plusieurs lièvres à la fois, mais éclaire assez bien l’élection de Donald Trump qui, a posteriori, paraissait inéluctabl­e. Mais tout n’a pas foiré. Il nous reste au moins, de l’époque, son cinéma et sa musique : la B.O. est formidable ! anthea-antibes.fr

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Excellent Chef-d’oeuvre
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