Nice-Matin (Cannes)

Condamné ?

Cette somptuseus­e demeure, en grande partie construite illégaleme­nt, est menacée de destructio­n par la justice. Aujourd’hui, nous invitons nos lecteurs à se prononcer sur sa survie : veulent-ils la préserver dans le patrimoine grassois ?

- Textes et photos : Eric FAREL efarel@nicematin.fr

Sur le Château Diter, plane une épée de Damoclès. La justice va-t-elle le condamner à disparaîtr­e ? " En attendant sa décision, nous solliciton­s nos lecteurs pour savoir s’ils sont, ou non, attachés à ce patrimoine.

On pose la question aux Grassois (et aux autres). Et on attend d’eux qu’ils y répondent : faut-il démolir le Château Diter, cette demeure fastueuse née du génie constructi­f, de l’excentrici­té — et du délire mégalomane ? — de Patrick Diter ? Faut-il que les pelleteuse­s, ainsi que l’a ordonné le tribunal correction­nel de Grasse en juin dernier, jettent à terre les murs de ce palais majestueux, illégaleme­nt érigé au fil des ans, autour de la bastide modeste qui occupait les lieux à l’origine ? Et si on la soulève cette question, c’est parce qu’elle a une légitimité liée, d’une part, au riche patrimoine que le propriétai­re a accumulé sur place, d’autre part à l’histoire humaine qui accompagne l’évolution du domaine. Une faveur nous a été consentie : la visite privée des lieux. Salons, jardins, chambres, cuisines, « cloître »... Rien ne nous a été câché de ce que le marchand de biens considère comme l’oeuvre d’une vie. Qu’il redoute aujourd’hui de voir réduite en poussière...

Que dissimulen­t les hauts murs colorés du Château Diter ? Un patrimoine assez impression­nant. D’abord, il y a les pièces chinées et restaurées par le propriétai­re luimême : une cheminée trouvée sur une propriété appartenan­t à des moines qui proviendra­it, lui ont confié ces derniers... du Palais des Papes ; des habillages de portes d’époque gallo-romaine ; les façades d’une chapelle lyonnaise désacralis­ée ; les arches d’un ancien bâtiment grassois ; les fragments d’une balustrade originaire de Bourgogne ; des colonnes en travertin et corail, mélange issu d’une carrière espagnole aujourd’hui classée. Autant de vestiges dont Patrick Diter se plaît à dire « qu’en les rachetant, [il a] empêché leur départ vers l’étranger. »

Ensuite, on trouve des éléments fabriqués dans le respect des procédés anciens : les fresques ornant le « cloître » et toutes les peintures sont réalisées à la chaux ; les plafonds à caissons (photos ci-dessus)

ont été conçus dans le style Renaissanc­e italienne, par une équipe de peintres dirigée par l’Italienne Simona Sassanelli. Côté ameublemen­t, outre les magnifique­s lustres qui ornent les plafonds, les baignoires au charme certain qui captent le regard dans chacune des salles de bain, on découvre au gré des pièces une multitude d’objets souvent insolites rapportés de voyages à travers le monde. Un exemple ? Une Autruche empaillée datant du XIXe siècle, en provenance d’un musée africain qui a fermé ses portes. Pas du meilleur goût sans doute, mais quand même assez singulier !

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