Nice-Matin (Cannes)

Sea Shepherd rate le coche

L’audience devant le tribunal correction­nel de Grasse a tourné court. Une erreur de procédure a conduit, hier, à l’annulation de l’action lancée par l’associatio­n animalière contre le parc antibois

- ÉRIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr

L’associatio­n de défense de la cause animale Sea Shepherd avait assigné en justice le parc animalier de Marineland. L’affaire, une première fois renvoyée début octobre, devait être plaidée hier après-midi devant le tribunal correction­nel de Grasse. Mais l’audience a tourné court. Sea Shepherd a en effet oublié de consigner, en date et en heure, les 3 000 euros de consignati­on de la procédure. Cette dernière a donc été annulée purement et simplement, au grand dam de… Marineland ! Le directeur général du parc assure qu’il aurait « préféré que l’affaire soit examinée au fond afin que la justice balaye les accusation­s de cette associatio­n ».

Deux angles d’attaque

Sea Shepherd avait choisi deux angles d’attaque pour assigner Marineland au pénal. Tout d’abord, le delfinariu­m aurait, à la suite des dramatique­s inondation­s du 3 octobre 2015, déversé les eaux souillées par les pluies diluvienne­s de ses bassins dans la Brague voisine, portant ainsi atteinte à l’environnem­ent. Le parc marin était en outre accusé d’avoir «involontai­rement porté atteinte à la vie d’un animal en captivité ». Plusieurs animaux étaient morts à la suite des intempérie­s, notamment l’orque Valentin. Or, d’après Sea Shepherd, Marineland ne pouvait ignorer le risque du fait des précédente­s inondation­s qu’il avait subies par le passé. Même si le parc animalier réfute ces accusation­s, il devait néanmoins en répondre devant le tribunal ce mercredi après-midi. L’associatio­n de défense de la cause animale avait d’ailleurs choisi la voie de la citation directe pour que Marineland ne puisse échapper à un procès. Et c’est bien là que le bat blesse. Ce type de procédure judiciaire implique que le plaignant dépose une consignati­on financière. Sea Shepherd avait jusqu’au 15 juin dernier pour le faire. Le problème c’est que l’associatio­n a remis son chèque le 16. « À 6 heures près… », souligne Me Sylvain Leroy, l’avocat de l’associatio­n qui affirme avoir été « victime d’une informatio­n erronée. »« On nous a dit que ça ne poserait pas de problème », assure Me Leroy qui déplore les conséquenc­es « pour Sea Shepherd et plus encore pour les autres ». C’est également « dommage » pour son client, fait remarquer son contradict­eur Me Philippe Rousseau qui, aux intérêts de Marineland, souligne que tout cela n’est pas bien sérieux. Le ton de la représenta­nte du ministère public semble en dire autant : « C’est à vous de vérifier les règles du code et de les appliquer », rappelle-t-elle sèchement au plaignant. En tout cas, « le tribunal ne peut passer outre », tranche le président Pierre Kuentz.

« Stratégie » pour nuire

La procédure tombe à plat. Et Marineland échappe donc à un procès. Sauf que cela ne semble faire ses affaires pour autant. Le directeur général du parc assure qu’il aurait préféré être jugé au fond « et qu’ils perdent ! » Le patron du parc animalier en vient à « envisager qu’il s’agisse en fait là d’une véritable stratégie de la part des associatio­ns : elles nous attaquent sur des choses farfelues, ça ne va pas jusqu’au procès, mais en attendant

elles nous font du mal. » C’est en effet la seconde fois en un an que Sea Shepherd bute sur un problème de procédure. L’associatio­n assure pourtant qu’elle « n’en restera pas là…» Tout en reconnaiss­ant que ses moyens d’agir, du moins sur le plan judiciaire, sont du coup limités. Du moins concernant une éventuelle atteinte involontai­re à la vie d’un animal en captivité. Les faits visés s’étant déroulés il y a désormais plus de deux ans, ils seraient désormais prescrits.

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(Photo d’archives S. B.) Dévasté par les intempérie­s, le parc antibois était resté fermé six mois.

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