Nice-Matin (Cannes)

MOUGINS Mehdi Zannad: «Retrouver l’éternité du paysage urbain»

- ISABELLE VARITTO

Mehdi Zannad dessine la ville. Il se promène au hasard des rues, un carnet Moleskine à la main et s’arrête quelque part, là où son oeil le guide. Puis, des heures durant, il laisse l’encre s’imprimer à main levée et dévoiler la beauté d’une matière qu’il pénètre, couche après couche, tel un géologue, en profondeur. Cet artiste rare, dessinateu­r de toujours, architecte de formation, et même musicien, sera présent aujourd’hui jeudi au musée de la photo André Villers (18 h 30) et à l’Espace culturel (19 h) pour le vernissage de l’exposition d’une trentaine de ses oeuvres, gravures et dessins. Interview.

Quel lien avez-vous avec Marseille, sujet de nombre de vos oeuvres ?

Je suis originaire de Nancy et j’habite à Paris, mais je viens très souvent à Marseille. J’aime m’y promener, revisiter le centre-ville et le redécouvri­r à travers des images différente­s. Ce que je souhaite, c’est donner à voir différemme­nt des lieux où l’on passe et qu’on côtoie quotidienn­ement. C’est la Société des Amis du FRAC (Fonds régional d’art contempora­in) qui a acquis la série de gravures exposée et l’a transmise par donation au FRAC.

Comment choisissez-vous vos sujets ? Qu’est-ce qui vous passionne et que transmette­zvous par votre expression artistique ?

Le tissu urbain me passionne. Je le compare volontiers à un paysage. Il possède une vérité que je capte par le dessin. Je cherche vraiment à m’immerger dans la matière. Je m’attarde plus volontiers dans des zones supposées laides de la ville. J’incite le public à mieux regarder et je donne à voir sous un autre angle, en gommant tout ce qui relève du mouvement, de la pollution visuelle, pour révéler la beauté de l’objet.

Comment procédez-vous techniquem­ent et quelle est votre recherche ?

Quand j’ai choisi mon sujet, je cherche le cadrage précis, et ensuite, je ne bouge plus et je dessine pendant environ  heures. Parfois en une fois, ou bien en deux ou trois fois. Ça dépend de ma forme du moment parce que c’est très « sportif ». Je me sers de ma passion du dessin et des techniques de perspectiv­e acquises pendant mes études d’architecte. J’aime revenir dans des zones qui précèdent ce que l’on connaît maintenant, un peu comme montrer ce qui se tient derrière le miroir. Il y a une recherche romantique, émotionnel­le de ma part, avec la technique derrière.

Que présentez-vous dans cette exposition qui va durer jusqu’au  février  ?

L’exposition contient mes récents carnets qui seront projetés en agrandisse­ment. Les dessins qui y figurent représente­nt Montreuil, la banlieue de Paris, et Marseille. Les gravures, elles, montrent Londres en , un endroit où des tas de gravats étaient abandonnés, un bâtiment de Marseille, des vues de Los Angeles, La Défense. Par le regard et la contemplat­ion, j’invite à retrouver le calme, la tranquilli­té, l’impression d’être dans l’image, dans l’éternité du paysage urbain.

 ??  ?? Mehdi Zannad se décrit dessinateu­r de toujours, architecte de formation, et musicien. (Photo Mathieu Zazzo)
Mehdi Zannad se décrit dessinateu­r de toujours, architecte de formation, et musicien. (Photo Mathieu Zazzo)

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