MOUGINS Mehdi Zannad: «Retrouver l’éternité du paysage urbain»
Mehdi Zannad dessine la ville. Il se promène au hasard des rues, un carnet Moleskine à la main et s’arrête quelque part, là où son oeil le guide. Puis, des heures durant, il laisse l’encre s’imprimer à main levée et dévoiler la beauté d’une matière qu’il pénètre, couche après couche, tel un géologue, en profondeur. Cet artiste rare, dessinateur de toujours, architecte de formation, et même musicien, sera présent aujourd’hui jeudi au musée de la photo André Villers (18 h 30) et à l’Espace culturel (19 h) pour le vernissage de l’exposition d’une trentaine de ses oeuvres, gravures et dessins. Interview.
Quel lien avez-vous avec Marseille, sujet de nombre de vos oeuvres ?
Je suis originaire de Nancy et j’habite à Paris, mais je viens très souvent à Marseille. J’aime m’y promener, revisiter le centre-ville et le redécouvrir à travers des images différentes. Ce que je souhaite, c’est donner à voir différemment des lieux où l’on passe et qu’on côtoie quotidiennement. C’est la Société des Amis du FRAC (Fonds régional d’art contemporain) qui a acquis la série de gravures exposée et l’a transmise par donation au FRAC.
Comment choisissez-vous vos sujets ? Qu’est-ce qui vous passionne et que transmettezvous par votre expression artistique ?
Le tissu urbain me passionne. Je le compare volontiers à un paysage. Il possède une vérité que je capte par le dessin. Je cherche vraiment à m’immerger dans la matière. Je m’attarde plus volontiers dans des zones supposées laides de la ville. J’incite le public à mieux regarder et je donne à voir sous un autre angle, en gommant tout ce qui relève du mouvement, de la pollution visuelle, pour révéler la beauté de l’objet.
Comment procédez-vous techniquement et quelle est votre recherche ?
Quand j’ai choisi mon sujet, je cherche le cadrage précis, et ensuite, je ne bouge plus et je dessine pendant environ heures. Parfois en une fois, ou bien en deux ou trois fois. Ça dépend de ma forme du moment parce que c’est très « sportif ». Je me sers de ma passion du dessin et des techniques de perspective acquises pendant mes études d’architecte. J’aime revenir dans des zones qui précèdent ce que l’on connaît maintenant, un peu comme montrer ce qui se tient derrière le miroir. Il y a une recherche romantique, émotionnelle de ma part, avec la technique derrière.
Que présentez-vous dans cette exposition qui va durer jusqu’au février ?
L’exposition contient mes récents carnets qui seront projetés en agrandissement. Les dessins qui y figurent représentent Montreuil, la banlieue de Paris, et Marseille. Les gravures, elles, montrent Londres en , un endroit où des tas de gravats étaient abandonnés, un bâtiment de Marseille, des vues de Los Angeles, La Défense. Par le regard et la contemplation, j’invite à retrouver le calme, la tranquillité, l’impression d’être dans l’image, dans l’éternité du paysage urbain.