Nice-Matin (Cannes)

Mais qui est donc Patrick Diter ?

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L’homme ne nous a pas consenti d’interview. C’est donc l’une de ses proches, Sylvia, qui nous brosse son portrait. Un profil, convenons-en, plutôt atypique... «Ce domaine, explique-t-elle, n’est pas le fruit d’un délire mégalomani­aque mais le rêve d’un enfant très pauvre, quasiment illettré qui, de manière innée, ne savait que dessiner des villages et des maisons en perspectiv­e. » Voilà pour le hors-d’oeuvre. Elle poursuit : « Patrick Diter est le petit-fils d’un résistant et d’un déporté, le fils non désiré d’une mère handicapée et d’un père, vétéran de la guerre d’Indochine, devenu alcoolique. Ce père, après s’être essayé à plusieurs métiers, cesse de travailler et pose sur les épaules de Patrick le lourd fardeau de la survie de la famille. »

« Son courage est entaillé » Du Zola ? Presque... Mais la roue tourne dans le bon sens pour le gamin qui, très jeune, travaille sur les marchés, puis se met à peindre, à vendre ses propres tableaux, devient antiquaire « spécialist­e en vieilles horloges », découvre la gestion d’affaires et finit par se lancer dans l’immobilier. « Il rencontre alors sa première compagne, Lucie, qui lui donne une fille, Joy, poursuit Sylvia. Puis, en 1998, la vie met sur son chemin Monica, une Lombarde qui lui fait découvrir l’Italie. Monica est enceinte, donne bientôt naissance à une petite Lou-Adèle. » Entre-temps, le couple, qui souhaitait se poser, a acquis un bien. « Monica voulait s’installer en Toscane, mais plusieurs visites sur place se sont révélées infructueu­ses. Or, depuis plusieurs mois, Patrick avait eu une propositio­n pour un terrain à Grasse. » Voilà qui tombe bien, parce que l’homme d’affaires aspire au grand air. Il veut de l’espace, un vignoble, une oliveraie, des animaux. Sur ce terrain se trouvent des ruines, des mas laissés à l’abandon et une décharge à ciel ouvert. Pour 1,5 M€, Patrick Diter s’offre donc les dix hectares du domaine du Haut Couloubrie­r avant d’en revendre la plus grosse partie à un couple britanniqu­e particuliè­rement aisé, Stephen et Caroline Butt, pour 3 M€ .Les Butt qui, avec une autre voisine, AnneMarie Sohn, seront à l’origine de la procédure engagée plus tard à l’encontre du marchand de biens... Mais en attendant, ce dernier met les bouchées doubles pour aller au bout de son rêve. « Par amour pour Monica, il a décidé de donner à sa demeure un style Renaissanc­e italienne, reprend Sylvia. Il a travaillé d’arrache-pied, parfois 20 heures sur 24, construit lui-même avec ses mains et conduit les engins de chantier. Il a tout géré, de la conception à la décoration, a même dessiné les fresques. Puis, il a commencé à exploiter le domaine, à produire de l’huile d’olive, du miel et du vin. » Diter a aussi loué les lieux et, notamment, pendant neuf mois, a accueilli chez lui le tournage de la série anglaise Riviera. « À cette occasion, renchérit celle qui nous sert de cicérone, 21M € ont été dépensés sur la Côte d’Azur ! » Reste qu’aujourd’hui, le maître de céans considère avec crainte l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête... « A 60 ans, après avoir travaillé dur toute sa vie, il risque de tout perdre. Son courage est entaillé et il attend de connaître le sort que lui réserve la justice. » Dura lex, sed lex...

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