Nice-Matin (Cannes)

« Paradise Papers » : Bernard Arnault affirme avoir agi « de manière parfaiteme­nt légale » Le livre du jour Sisyphe écrasé par son rocher

- THIERRY PRUDHON

Bernard Arnault, première fortune française et patron de LVMH, a affirmé, hier, que les actifs cités par Le Monde dans le cadre des « Paradise Papers » ont été « constitués de manière parfaiteme­nt légale ». Le quotidien français – qui fait partie du Consortium internatio­nal des journalist­es d’investigat­ion (ICIJ) dévoilant depuis dimanche des enquêtes basées sur une fuite de millions de documents financiers – affirme que Bernard Arnault aurait « fait appel à au moins huit cabinets de conseil différents pour localiser ses actifs dans six paradis fiscaux différents ». « Tous les actifs évoqués dans cet article ont été constitués de manière parfaiteme­nt légale et sont naturellem­ent connus des autorités fiscales », a affirmé M. Arnault dans sa déclaratio­n. Le milliardai­re dénonce « une opération journalist­ique de ce média pour créer une sensation en utilisant [son] patrimoine », et dénonce le fait que certains de ses investisse­ments ont été « présentés comme des biens cachés et non déclarés, fiscalemen­t répréhensi­bles, ou à la limite de la légalité ». Dans son article, Le Monde cite notamment une propriété au nord de Londres de 4 300 m2, dont le propriétai­re apparaissa­it jusqu’à présent dans le cadastre britanniqu­e comme « une simple société enregistré­e à Jersey » : mais « les investigat­ions du Monde dans les “Paradise Papers” révèlent » qu’« il s’agit de Bernard Arnault », écrit le quotidien. Cette propriété « est déclarée depuis l’origine aux autorités fiscales françaises comme anglaises, et a fait l’objet, depuis son acquisitio­n, du paiement de l’ISF », affirme pour sa part Bernard Arnault. Il assure que le « mode de détention » du bien ne l’a « fait bénéficier d’aucun avantage fiscal ». La saison est aux confidence­s d’anciens conseiller­s de François Hollande. Après Gaspard Gantzer (nos éditions du  novembre), c’est Vincent Feltesse qui s’y colle. Ancien député de Gironde, il a oeuvré au plus près du chef de l’Etat de  à . Plongé dans la « lessiveuse » élyséenne et son tourbillon de réunions, Vincent Feltesse était notamment en charge du suivi de l’opinion, mais… « sans aucun budget pour effectuer des enquêtes », François Hollande ayant souhaité rompre avec les pratiques reprochées à Nicolas Sarkozy. De manière générale, il loue ainsi les économies de train de vie et la simplicité introduite­s à l’Elysée par Hollande, un Président « refusant que les moyens d’Etat soient utilisés à des fins personnell­es ». Un souci moral exacerbé qui le conduira à laisser publier sans relecture aucune le fameux livre Un Président ne devrait pas dire ça, qui précipiter­a sa chute, ou à se faire délibéréme­nt tremper sur l’île de Sein, par respect des anciens combattant­s non abrités. « La transparen­ce, François Hollande l’a poussée à son maximum. Je ne sais s’il est possible de revenir en arrière en cadenassan­t et en essayant de tout faire rentrer dans un joli scénario, tentative d’Emmanuel Macron depuis son arrivée au pouvoir. Je table plutôt sur l’échec. Le Moloch médiatique me semble trop fort. On ne peut lutter contre lui. » L’auteur révèle que lors du remaniemen­t de l’été , après l’éviction d’Arnaud Montebourg, c’est d’abord Louis Gallois qui avait été pressenti pour prendre le ministère de l’Economie. Contacté, il a décliné l’offre, laissant le champ libre à Emmanuel Macron. A quoi tient un destin ! Longtemps, François Hollande a « choyé et soutenu » son ministre phare, avant de se dessiller sur le tard. « Il m’a trahi avec méthode », pestera-t-il alors. Au final, Vincent Feltesse nous présente un François Hollande parfait honnête homme, qui se plaît à répéter qu’un « Président travaille pour son successeur », tout en pouvant parfois se révéler cassant, Valls et d’autres en ont fait les frais. Un « Sisyphe heureux » qui a fini écrasé par sa charge, triplement enferré dans la solitude, les bavardages et un dialogue de sourds avec la gauche radicale. De cette mandature, le conseiller repousse le droit d’inventaire : « De quel côté tombera la pièce? Du côté d’un Guy Mollet, homme de tous les renoncemen­ts ? Ou du côté d’un Gerhard Schröder, qui a fait bouger son pays et son parti à marche forcée, qui a réformé, mais a aussi cassé durablemen­t le SPD ? Il est trop tôt pour le dire.»

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