Nice-Matin (Cannes)

Des Mentonnais proches de Daesh

Après le coup de filet de dix personnes mardi, soupçonnée­s de préparer un attentat, certaines annoncent leur allégeance au groupe État islamique. Le parquet a requis la détention pour huit d’entre elles

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Parmi les dix personnes interpellé­es mardi matin à Menton, en banlieue parisienne et en Suisse, dans le cadre de la lutte antiterror­iste, il y a ceux qui réfutent catégoriqu­ement toute préparatio­n d’action violente. S’ils consultaie­nt les sites djihadiste­s, s’ils lisaient la propagande salafiste, c’était par « simple curiosité intellectu­elle ». Et s’ils dialoguaie­nt sur des messagerie­s cryptées au sujet d’éventuels attentats, c’était en espérant que ça n’aboutisse jamais... Et puis il y a ceux qui fanfaronne­nt, refusant l’assistance d’un avocat, qui se revendique­nt clairement du groupe État islamique, comme le Mentonnais Frédéric Renet, 65 ans, alias Yasin, ancien légionnair­e converti à l’islam radical. Coach des frères Ziari et Lanvin, des jeunes socialemen­t intégrés de la Côte d’Azur, le doyen du groupe se préparait à une action armée, prêt à s’en prendre à ses anciens frères d’armes.

« Particuliè­rement dangereux »

Les quatre Azuréens qu’il entraînait avaient, pour certains, tenté de rallier la Syrie là où se trouvent, selon le procureur de Paris, 700 combattant­s français et 500 enfants. La Sécurité intérieure surveillai­t de près les Mentonnais depuis plusieurs mois. L’imminence de la menace a provoqué les interpella­tions simultanée­s en début de semaine de ces islamistes radicalisé­s de 18 à 65 ans, qualifiés par le procureur de Paris de « particuliè­rement dangereux ». « Les investigat­ions ont mis en évidence l’existence d’un groupe d’individus, dont certains se disent explicitem­ent partisans de l’État islamique, qui partageaie­nt la volonté de commettre une action violente sur le territoire français », rappelle une source judiciaire. Les six suspects du sud de la France, après 48 heures dans les locaux de la brigade criminelle de la PJ de Nice, ont été transférés jeudi par avion à Levallois-Perret dans les locaux de la sous-direction de l’antiterror­isme. Ils ont retrouvé leur mentor bosniaque, domicilié en Suisse et trois Francilien­s.

« À ce stade, pas de passage à l’acte planifié »

La garde à vue de l’un des terroriste­s présumés avait été interrompu­e pour raison médicale. Elle a été reprise pour quelques heures. Le juge d’instructio­n chargé de l’enquête a ensuite levé hier l’ensemble des gardes à vue. De source judiciaire, « huit des neuf mis en cause doivent lui être présentés ». Ils seront mis en examen pour « associatio­n de malfaiteur­s terroriste­s criminels » et « provocatio­n directe à la commission d’un acte de terrorisme par un moyen de communicat­ion en ligne public ». Selon un magistrat, « les nombreux et inquiétant­s échanges qu’ils nourrissai­ent, n’ont pas permis, à ce stade, de caractéris­er l’existence d’un projet abouti et d’un passage à l’acte planifié ». Le parquet de Paris a requis le placement en détention provisoire de sept des huit personnes déférées et le contrôle judiciaire de la neuvième.

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(Photo Michaël Alesi) Dans cet immeuble de Menton, cinq individus avaient été interpellé­s mardi matin. Au même moment, d’autres personnes étaient arrêtées en banlieue parisienne et en Suisse.

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