Des Mentonnais proches de Daesh
Après le coup de filet de dix personnes mardi, soupçonnées de préparer un attentat, certaines annoncent leur allégeance au groupe État islamique. Le parquet a requis la détention pour huit d’entre elles
Parmi les dix personnes interpellées mardi matin à Menton, en banlieue parisienne et en Suisse, dans le cadre de la lutte antiterroriste, il y a ceux qui réfutent catégoriquement toute préparation d’action violente. S’ils consultaient les sites djihadistes, s’ils lisaient la propagande salafiste, c’était par « simple curiosité intellectuelle ». Et s’ils dialoguaient sur des messageries cryptées au sujet d’éventuels attentats, c’était en espérant que ça n’aboutisse jamais... Et puis il y a ceux qui fanfaronnent, refusant l’assistance d’un avocat, qui se revendiquent clairement du groupe État islamique, comme le Mentonnais Frédéric Renet, 65 ans, alias Yasin, ancien légionnaire converti à l’islam radical. Coach des frères Ziari et Lanvin, des jeunes socialement intégrés de la Côte d’Azur, le doyen du groupe se préparait à une action armée, prêt à s’en prendre à ses anciens frères d’armes.
« Particulièrement dangereux »
Les quatre Azuréens qu’il entraînait avaient, pour certains, tenté de rallier la Syrie là où se trouvent, selon le procureur de Paris, 700 combattants français et 500 enfants. La Sécurité intérieure surveillait de près les Mentonnais depuis plusieurs mois. L’imminence de la menace a provoqué les interpellations simultanées en début de semaine de ces islamistes radicalisés de 18 à 65 ans, qualifiés par le procureur de Paris de « particulièrement dangereux ». « Les investigations ont mis en évidence l’existence d’un groupe d’individus, dont certains se disent explicitement partisans de l’État islamique, qui partageaient la volonté de commettre une action violente sur le territoire français », rappelle une source judiciaire. Les six suspects du sud de la France, après 48 heures dans les locaux de la brigade criminelle de la PJ de Nice, ont été transférés jeudi par avion à Levallois-Perret dans les locaux de la sous-direction de l’antiterrorisme. Ils ont retrouvé leur mentor bosniaque, domicilié en Suisse et trois Franciliens.
« À ce stade, pas de passage à l’acte planifié »
La garde à vue de l’un des terroristes présumés avait été interrompue pour raison médicale. Elle a été reprise pour quelques heures. Le juge d’instruction chargé de l’enquête a ensuite levé hier l’ensemble des gardes à vue. De source judiciaire, « huit des neuf mis en cause doivent lui être présentés ». Ils seront mis en examen pour « association de malfaiteurs terroristes criminels » et « provocation directe à la commission d’un acte de terrorisme par un moyen de communication en ligne public ». Selon un magistrat, « les nombreux et inquiétants échanges qu’ils nourrissaient, n’ont pas permis, à ce stade, de caractériser l’existence d’un projet abouti et d’un passage à l’acte planifié ». Le parquet de Paris a requis le placement en détention provisoire de sept des huit personnes déférées et le contrôle judiciaire de la neuvième.