Le monument aux Morts : quand la statuaire raconte le conflit
Une construction d’envergure nationale
Les monuments aux morts n’existent quasiment pas avant le XIXe siècle. Ils commémorent les victoires militaires mais portent rarement le nom des soldats morts, à moins qu’il ne s’agisse de personnalités. L’un des premiers édifices avec l’identité des combattants décédés est la porte Désilles à Nancy érigée en 1782 pour rendre hommage aux Nancéens morts à Yorktown, lors de la guerre d’indépendance des EtatsUnis. Plusieurs monuments seront édifiés dans les années 1870, en souvenir des soldats morts pendant la guerre franco-prussienne. C’est après le premier conflit mondial que les communes françaises, de la plus modeste à la plus importante, décident de construire des monuments à la mémoire leurs morts pour la Patrie. Entre 1920 et 1930, ce sont près de trente-six mille édifices qui vont être érigés. L’État intervient souvent pour accorder des subventions et réglementer les édifications. Parfois, les souscriptions populaires couvrent la totalité des sommes engagées. La construction commence dans l’immédiat après-guerre et se prolonge tout au long du XXe siècle. Dans la plupart des pays, on ajoute à la liste des morts de la grande guerre, celle du Second Conflit Mondial, puis des guerres suivantes. La principale période de construction se situe dans les années 1920.
Une remarquable allégorie de la Victoire
Le monument aux morts de la ville de Cannes fut érigé en 1927. On fit appel au sculpteur émérite, Albert Cheuret. Contrairement à Grasse, où le choix de l’emplacement suscita moult polémiques et hésitations, les édiles cannois choisirent un lieu proche de l’Hôtel de Ville. L’actuelle place Cornut-Gentil accueille le majestueux édifice. Sur un impressionnant soubassement hexagonal taillé dans la pierre, se dressent quatre statues qui représentent les forces engagées : cavalerie, infanterie, aviation et marine. Ces impressionnantes statues en bronze portent sur leurs épaules un bouclier où se dresse une effigie de la Victoire. Cette allégorie arbore une couronne de lauriers et une palme dorées. Le monument aux Morts cannois donne une représentation à la fois forte et émouvante de la Grande Guerre. En contemplant les sculptures d’Albert Cheuret, on ressent toute la puissance du combat mené par les fantassins, cavaliers, marins et autres aviateurs. Des soldats dont la force et la détermination sans faille ont, in fine, conduit à la victoire.