Nice-Matin (Cannes)

Gérald Dahan : « Je me devais d’imiter Eric Ciotti »

Avant Antonia de Rendinger ce soir et Anthony Kavanagh demain, l’imitateur a ouvert hier le Festival Royal’s du rire à Mandelieu en (re)taillant leurs costards aux politiques

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Désolé, j’ai un planning de ministre sans être ministre ». Entre deux rendez-vous et reports d’interview, on est parvenu néanmoins à joindre Gérald Dahan, imitateur roi du canular. Dans son nouveau spectacle, Président(s), l’humoriste n’hésite pas à leur retailler des costards. François Hollande, engoncé dans sa veste trop serrée mais perdu dans un statut trop grand pour lui, Sarkozy dont les tics trahissent le marketing politique. Emmanuel Macron zozotant, auquel le « en même temps » lui sert d’éternelle rhétorique… Ce mélenchoni­ste à la ville n’a épargné personne hier soir à l’ouverture des Royal’s du rire au Casino Pullman de Mandelieu. Même pas le député 06, Eric Ciotti ! Et Christian Estrosi n’a plus qu’à bien se tenir…

Dahan Président, quelle serait sa première mesure ?

Ah, Dahan Président, je n’y avais pas pensé… Mais mon spectacle s’intitule Président(s) au pluriel, car je préfère brocarder les autres… Cela dit, et plus sérieuseme­nt, ma première mesure serait d’organiser la récupérati­on de l’eau de pluie à grande échelle pour économiser l’eau potable, un sujet très important dans les années à venir.

Hollande, Macron, Sarkozy… Lequel est le plus drôle ?

Celui qui me fait le plus rire, c’est toujours celui qui est en fonction car il est toujours le plus exposé à ce petit jeu des chaises musicales, avec forcément ce décalage entre son image perçue, et l’image qu’il pense donner.

Votre spectacle est « politique ». Faut-il en rire ou en pleurer ?

Il n’y a pas de désamour des Français pour l’humour politique. Tout le monde en prend pour son grade, et les gens adorent se moquer des politiques. Et puis moins ils sont bons, plus j’ai du boulot. Et le public préfère en rire qu’en pleurer, effectivem­ent.

Candidat de la France insoumise aux dernières législativ­es, vous ne craignez pas de mélanger Mélenchon et les serviettes. Aucune incompatib­ilité avec votre métier d’humoriste ?

Aucune ! Jean-Luc Mélenchon, dans mon spectacle, je l’appelle Jean-Luc Mélange-tout et je mets en avant son côté mauvais perdant, qui dit toujours « C’est pas fini !!! ». Bref, je ne l’épargne pas, et il ne se rate pas lui-même. Une des qualités des hommes politiques, c’est qu’ils ont souvent de l’humour sur euxmêmes. Et je n’ai pas l’impression que mon engagement de citoyen nuit à mon métier au regard du remplissag­e des salles. Les spectateur­s savent que je dézingue aussi bien à gauche qu’à droite.

Chez nous, c’est la guerre des chefs entre Ciotti et Estrosi. Pas inimitable­s ?

Ah non ! À Mandelieu, je me devais d’imiter Ciotti, évidemment. C’était la première fois. Mais ces deux-là, c’est la Commedia dell’arte, des personnage­s hauts en couleur. Ciotti, ça faisait un moment que je l’avais dans le collimateu­r…

Vos imitations, c’est d’abord le geste, avant de trouver la voix ?

Oui. Ce qui est contradict­oire avec ma carrière, car je me suis surtout fait connaître à la radio, alors que je suis un artiste de scène, un adepte du mime fan de Buster Keaton ou Charlie Chaplin. La première force comique, c’est le geste !

Avec un premier prix d’imitation à  ans ! Surdoué ?

J’ai tout le temps imité, depuis tout gamin. Ma grand-mère m’avait inscrit à ce concours à mon insu, et j’étais effrayé de me retrouver parmi des adultes. J’ai gagné en imitant Laurel et Hardy.

Vous êtes aussi le roi du canular ?

Ça, c’est un truc de gosse, car je garde une âme d’enfant. C’est comme quand on sonnait à la porte et qu’on partait en courant. Le summum, ce fut Zidane mettant la main sur le coeur pour Chirac hospitalis­é, avant le match Irlande-France. C’est le canular parfait, qui ne fait de mal à personne.

Une nouvelle personnali­té à imiter ? Estrosi, je n’y avais pas forcément pensé avant, mais c’est un défi à relever !

Newspapers in French

Newspapers from France