Retour de familles de djihadistes : le parquet appelle à éviter toute « naïveté »
Le parquet antiterroriste a appelé, hier, à la prudence à propos du retour en France des femmes et enfants de djihadistes en Irak et Syrie, invitant à ne pas céder à la « naïveté » et souscrivant au principe du « cas par cas » de l’Élysée. Selon les services de renseignement, « quelques dizaines » d’adultes français, combattants djihadistes ou leurs épouses capturés au fil de la débâcle territoriale du groupe État Islamique (EI), sont dans des camps ou en prison en Irak et Syrie. La plupart seraient des femmes – une grande partie des combattants (hommes) de l’EI qui n’ont pu fuir ayant été tués – accompagnées des nombreux enfants qu’elles ont amenés avec elles depuis la France ou eus de djihadistes. Le nombre de Français encore dans la zone reste incertain : on y dénombrait au début de l’année près de adultes, dont femmes, et enfants. Depuis, des milliers de combattants et civils ont été tués dans les combats et d’autres ont pu fuir. Inquiètes pour leur sécurité et la perspective de voir ces femmes « jugées comme des terroristes » en Irak et Syrie ou de voir leurs enfants y devenir à terme « des bombes à retardement » djihadistes, leurs familles appellent Paris à les rapatrier au plus vite. Mais dans une France toujours marquée par les attentats qui ont fait morts depuis , en partie perpétrés par des « revenants » de Syrie, les autorités se gardent bien de s’engager sur ce sujet très sensible. Hier, le procureur de Paris François Molins a fait assaut de prudence à franceinfo, appelant à « se départir de toute naïveté ». En entendant certains « revenants » de Syrie et d’Irak, le chef du parquet antiterroriste a dit n’avoir en général « pas véritablement perçu de regret » chez ces « gens qui sont plus déçus que repentis ».
S’ils « périssent, c’est tant mieux »
Mercredi, Emmanuel Macron avait indiqué que le sort des femmes et enfants serait examiné au « cas par cas, en fonction des situations ». François Molins a salué cette approche, « pragmatique et pleine de bon sens ». Le gouvernement estime que les djihadistes français prisonniers en Irak doivent être jugés dans ce pays, où ils encourent la peine de mort. Il est plus flou sur la Syrie, plus morcelée et où se trouvaient jusqu’à cette année, selon des sources concordantes, la plupart des femmes et enfants français de djihadistes de l’EI. Selon la ministre des Armées, Florence Parly, l’examen au «cas par cas » concernera notamment les enfants, souvent très jeunes car nés à partir de , et donc jugés plus facilement éloignables des principes djihadistes. Florence Parly avait estimé le mois dernier qu’il fallait « neutraliser un maximum » de djihadistes et que s’ils « périssent dans ces combats, c’est tant mieux ». Ces déclarations ont renforcé la conviction des familles que la France ne compte rien faire pour faciliter les retours.