Le mystérieux périple de Yoann Barbereau pour fuir la justice russe
Ce diplomate français condamné à 15 ans pour pédophilie sur sa propre fille, ce qu’il conteste, est parvenu à quitter la Russie après 14 mois de clandestinité
J’ai risqué ma vie ces derniers jours [...] pour ma liberté, pour mon honneur. » Arrivé en France jeudi, Yoann Barbereau peut souffler. Parti d’Irkoutsk en Sibérie le 11 septembre 2016, Yoann Barbereau, ancien directeur de l’Alliance française en fuite après avoir été condamné par la justice russe, a rejoint jeudi soir sa ville de Nantes, après un périple rocambolesque de 8000 km et 14 mois de clandestinité. Ce diplomate français a été accueilli par ses proches après son incroyable cavale.
Oulan-Bator : un leurre sur Facebook
« Depuis trois ans je vivais dans un tout autre monde, dans une tout autre réalité. Voilà, c’est le retour dans le réel », a-t-il déclaré dans une interview diffusée par le magazine Envoyé spécial sur France 2. Arrêté par la police russe le 11 février 2015 à Irkoutsk, où il dirigeait l’Alliance française, il avait été emprisonné pendant 71 jours avant d’être interné en hôpital psychiatrique puis assigné à résidence avec bracelet électronique et interdiction de communiquer avec l’extérieur. La justice russe lui reproche la production et diffusion d’une photo et vidéo pédopornographique et des actes à caractère sexuel sur sa propre fille Héloïse (alors âgée de 5 ans), des accusations qu’il a toujours démenties. Avant même sa condamnation à 15 ans de camp à régime sévère, il avait pris la décision de prendre la fuite, estimant que son procès était pipé. Le dimanche 11 septembre 2016, il enveloppe son bracelet électronique de papier aluminium, place son téléphone portable dans un car. Puis disparaît, sans laisser de traces. Quelques jours plus tard, le fugitif poste un message sur Facebook, daté d’Oulan-Bator en Mongolie, dans lequel il cite le cardinal de Retz, qui en 1654 s’était échappé du château de Nantes. Mais la Mongolie n’était qu’un leurre. Yoann Barbereau était caché « depuis un peu plus d’un an » à l’ambassade de France à Moscou.
« Une faillite diplomatique »
« J’ai pris la décision ces derniers jours de partir de l’ambassade et par mes propres moyens de franchir la frontière de manière illégale », a-t-il expliqué. « Passer une frontière ne se fait pas comme ça. C’est vrai que ces derniers mois j’ai étudié des cartes satellites, je me suis préparé, j’étais équipé, j’ai eu des complicités. » « Soulagé » d’être rentré en
Tribune libre OLIVIER SCHNEIDER France, le fugitif a néanmoins vivement critiqué le traitement de son affaire par les autorités françaises. « C’est une faillite diplomatique assez visible », a-t-il lancé, parlant d’« incompétence majeure » et « d’impuissance » du Quai d’Orsay. Dans l’après-midi, le ministère des Affaires étrangères avait réfuté toute inertie, soulignant avoir « régulièrement évoqué sa situation avec les autorités russes » et informé son entourage des actions entreprises. « Nous observons toujours la plus grande discrétion pour protéger au mieux les droits de nos compatriotes en difficulté à l’étranger » ,a ajouté le ministère. Yoann Barbereau, aujourd’hui bloqué en France, a demandé à ce que toutes les charges contre lui « soient effacées ». « Je demande à être jugé en France », a-t-il dit. « Je suis pour qu’un magistrat français mette le nez dedans. » Les autorités turques ont annoncé, hier, avoir arrêté étrangers soupçonnés de liens avec le groupe État islamique (EI) qui projetaient de se rendre en Syrie, lors d’un nouveau coup de filet illustrant un renforcement de la traque aux milieux djihadistes dans le pays. La présidente indépendantiste du parlement catalan Carme Forcadell, poursuivie pour « rébellion », restera libre sous caution, après s’être engagée à respecter « le cadre constitutionnel ». La caution réclamée à Carme Forcadell était de euros. Cette femme de ans est placée sous contrôle judiciaire, celui-ci prévoyant la confiscation de son passeport, l’interdiction de sortie du territoire espagnol et l’obligation de se présenter une fois par semaine devant un juge.