«Qu’est-ce qui est bon pour moi, qu’est-ce qui ne l’est pas?» Interview
Penseur infatigable, Frédéric Lenoir viendra à la rencontre des Azuréens pour évoquer l’importance d’identifier les sources de joie et les relations étroites entre le corps et l’esprit
Il est l’un des intellectuels français qui a vendu le plus de livres au cours des cinq dernières années. Frédéric Lenoir, philosophe et écrivain prolifique, donnera vendredi prochain une conférence-débat sur le thème : « Spinoza-Médecin de l’esprit et du corps ». Organisé par l’Observatoire des Médecines Complémentaires Non Conventionnelles de Nice (1), l’événement permettra d’aller à la rencontre de Spinoza, auquel Frédéric Lenoir a consacré son dernier ouvrage Le Miracle Spinoza (sous-titré Une philosophie pour éclairer nos vies), publié cette semaine aux éditions Fayard.
Spinoza est l’un des rares philosophes à avoir travaillé sur la joie. Que nous dit-il ?
Spinoza nous dit que la chose la plus essentielle dans la vie, c’est de faire grandir la joie. Essayons de travailler sur nous-mêmes, pour mieux nous connaître et aller vers des expériences, des personnes qui nous mènent vers la joie. Plus les individus seront dans la joie, mieux le monde ira !
Il y aurait donc un lien entre l’état d’épanouissement des individus et l’état du monde?
C’est ce que dit Spinoza et il a raison. Si le monde va mal, c’est parce que les gens sont pris par des passions tristes. La colère, la peur, la tristesse, le ressentiment, la jalousie, l’envie, etc. créent de la violence. Si les individus étaient joyeux, il n’y aurait plus de violence, et le monde irait mieux.
Spinoza, philosophe de la joie, mais aussi du désir.
Contrairement à d’autres philosophes comme Descartes, ou aux religions en particulier, Spinoza nous dit effectivement qu’il ne faut pas réprimer les désirs, mais les réorienter lorsqu’ils sont mal orientés.
Que faut-il entendre par là ?
Si on est dans la tristesse, malheureux, c’est souvent qu’on oriente nos désirs vers des choses ou des personnes qui nous diminuent, qui ne nous font pas grandir. Si on réoriente nos désirs vers des choses, des personnes qui nous font croître, nous perfectionner, nous améliorer, ça nous met dans la joie.
Comment agir concrètement ?
Il faut identifier la compagnie, la présence des gens qui nous font du bien, parce quelles correspondent concrète de l’existence. Il ne s’agit pas d’agir en fonction d’idéaux très abstraits, mais de : « Qu’est-ce qui existe des événements désagréables dans la vie, la vie est globalement plus agréable parce qu’on sait la prendre avec une attitude différente. On ne peut pas changer le monde, l’ordre du monde, son destin, mais on peut se changer soi-même. Il y a ainsi des personnes qui sont malades, mais qui restent positives. Alors que d’autres se plaignent tout le temps, sont malheureuses…
La maladie peut-elle aider à grandir ?
Tout à fait. Elle peut être l’occasion de mieux se connaître, de réaliser que l’on n’est pas à sa place, que des choses ne nous conviennent pas. Que l’«on s’est rendu malade» parce qu’on est mal accompagné, ou parce qu’on fait un métier qui nous déprime… L’épreuve de santé, c’est notre corps nous dit :