«On peut se changer soi-même»
à notre nature profonde. C’est la grande idée de Spinoza. Nous avons tous une sensibilité, une personnalité, une nature différentes : il y a des gens qui sont des poisons pour nous, d’autres qui nous épanouissent. C’est un peu comme les fleurs : certaines s’épanouissent au soleil, d’autres ont besoin d’ombre, d’autres encore aiment être à moitié à l’ombre, à moitié au soleil… Il nous faut découvrir dans la vie, quels sont les aliments, les personnes, les croyances, qui nous font du bien, et quels sont ceux qui nous intoxiquent… C’est une vision très empirique et est bon pour moi, qu’est-ce qui ne l’est pas ? »
Et ce qui est bon pour l’un ne l’est pas pour l’autre !
Absolument. C’est pour cela qu’il n’y a pas de morale universelle. Chacun doit trouver dans sa vie ce qui lui permet de grandir, de s’épanouir dans la joie. Certaines personnes ont besoin de solitude, d’être dans la contemplation ; d’autres se sentent bien entourées de gens, dans l’action ; il y a des manuels, des intellectuels… Il faut simplement trouver le mode de vie, les activités, les relations, l’environnement conformes à notre nature profonde.
Mais pour cela il faut se connaître.
Tout le travail, c’est effectivement d’arriver à se connaître, à savoir ce qui est bon pour soi, au-delà des préjugés et a priori que l’on a, et qui sont liés à ce que l’on a reçu, à notre éducation, à notre culture… Et qui nous conduisent à faire peutêtre des choses qui ne nous conviennent pas.
Comment conserver la joie lorsque la maladie, des événements extérieurs désagréables surgissent ?
Le plus important, c’est d’arriver à changer son regard, à travailler sur soi pour atteindre un contentement intérieur, une joie profonde qui soit de moins en moins liée aux événements extérieurs. C’est ce que l’on appelle la sagesse en philosophie. Plutôt que changer le monde pour l’adapter à nos désirs, cherchons à changer nos désirs, notre regard, pour l’adapter au réel. Et même s’il « quelque chose ne va pas, et c’est l’occasion de changer, d’évoluer, de progresser…»
La relation du corps et de l’esprit, un autre thème très fort chez Spinoza.
Oui, à une époque où personne ne considérait ces liens. Ses propos étaient d’une grande modernité. Il y a indéniablement un lien très profond entre le corps et l’esprit, les deux sont intimement liés : on pense à travers notre corps, avec notre sensibilité, et notre corps est totalement dépendant de notre esprit. C’est pour cela qu’existent des maladies psychosomatiques…