Nice-Matin (Cannes)

«On peut se changer soi-même»

- PROPOS RECUEILLIS PAR NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

à notre nature profonde. C’est la grande idée de Spinoza. Nous avons tous une sensibilit­é, une personnali­té, une nature différente­s : il y a des gens qui sont des poisons pour nous, d’autres qui nous épanouisse­nt. C’est un peu comme les fleurs : certaines s’épanouisse­nt au soleil, d’autres ont besoin d’ombre, d’autres encore aiment être à moitié à l’ombre, à moitié au soleil… Il nous faut découvrir dans la vie, quels sont les aliments, les personnes, les croyances, qui nous font du bien, et quels sont ceux qui nous intoxiquen­t… C’est une vision très empirique et est bon pour moi, qu’est-ce qui ne l’est pas ? »

Et ce qui est bon pour l’un ne l’est pas pour l’autre !

Absolument. C’est pour cela qu’il n’y a pas de morale universell­e. Chacun doit trouver dans sa vie ce qui lui permet de grandir, de s’épanouir dans la joie. Certaines personnes ont besoin de solitude, d’être dans la contemplat­ion ; d’autres se sentent bien entourées de gens, dans l’action ; il y a des manuels, des intellectu­els… Il faut simplement trouver le mode de vie, les activités, les relations, l’environnem­ent conformes à notre nature profonde.

Mais pour cela il faut se connaître.

Tout le travail, c’est effectivem­ent d’arriver à se connaître, à savoir ce qui est bon pour soi, au-delà des préjugés et a priori que l’on a, et qui sont liés à ce que l’on a reçu, à notre éducation, à notre culture… Et qui nous conduisent à faire peutêtre des choses qui ne nous conviennen­t pas.

Comment conserver la joie lorsque la maladie, des événements extérieurs désagréabl­es surgissent ?

Le plus important, c’est d’arriver à changer son regard, à travailler sur soi pour atteindre un contenteme­nt intérieur, une joie profonde qui soit de moins en moins liée aux événements extérieurs. C’est ce que l’on appelle la sagesse en philosophi­e. Plutôt que changer le monde pour l’adapter à nos désirs, cherchons à changer nos désirs, notre regard, pour l’adapter au réel. Et même s’il « quelque chose ne va pas, et c’est l’occasion de changer, d’évoluer, de progresser…»

La relation du corps et de l’esprit, un autre thème très fort chez Spinoza.

Oui, à une époque où personne ne considérai­t ces liens. Ses propos étaient d’une grande modernité. Il y a indéniable­ment un lien très profond entre le corps et l’esprit, les deux sont intimement liés : on pense à travers notre corps, avec notre sensibilit­é, et notre corps est totalement dépendant de notre esprit. C’est pour cela qu’existent des maladies psychosoma­tiques…

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France