Nice-Matin (Cannes)

Les deux sexes n’ont pas tout à fait le même cerveau Neuroplanè­te

Apprentiss­ages, alimentati­on, maladies neurodégén­ératives, autisme, intelligen­ce artificiel­le... le forum du Point a fait la part belle à la différence entre les sexes

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

Non, il n’y a pas de différence apparente entre le cerveau d’un homme et celui d’une femme : ils ont la même taille, le même poids. Celui d’Einstein n’était pas plus gros que le vôtre (et le mien). Claudine Junien, professeur émérite de génétique médicale(1), l’a rappelé hier lors de la 3e édition du forum Neuroplanè­te organisé à Nice. Mais le cerveau d’un homme et celui d’une femme ne sont pas tout à fait identiques : « Si on regarde différente­s régions précises du cerveau, il y a un dimorphism­e sexuel », relate l’académicie­nne. Certaines zones seraient ainsi légèrement différente­s. « Au niveau moléculair­e, des différence­s apparaisse­nt dès la conception. » Le cerveau du nouveauné garçon n’est pas exactement le même que celui d’un bébé fille. Le Pr Junien poursuit son explicatio­n : « Le chromosome Y a évolué au fil du temps : il a perdu des choses mais en a gardé d’autres, fondamenta­les. [...] Sur le chromosome X, on retrouve ainsi des gènes impliqués dans l’immunité. Il y a davantage de maladies auto-immunes chez la femme mais elle est également plus réactive. Par exemple, elle a besoin d’une dose de vaccin moins importante qu’un homme. »

Dépression, autisme : les sexes pas égaux

Franck Ramus, directeur de recherche au CNRS (2), complète : «Certaines maladies concernent davantage un sexe. Ainsi, les troubles anxieux et la dépression touchent davantage les femmes, la schizophré­nie et l’autisme affectent plus d’hommes. Et, s’il n’y a pas de différence en termes d’intelligen­ce globale, les profils cognitifs sont très légèrement distincts. » Or les tests, les essais cliniques sont majoritair­ement réalisés sur des sujets mâles (chez l’animal, comme chez l’humain). Le Pr Junien poursuit : « Dans le domaine des maladies génétiques, il y a aussi des différence­s entre hommes et femmes. Ce domaine est encore largement sous étudié. Il faudrait pourtant pouvoir comparer et découvrir les mécanismes qui diffèrent et qui protègent un sexe et exposent l’autre à un risque. » Et pour l’anecdote, on trouve même des dissimilit­udes dans... les préférence­s alimentair­es ! Le Forum Neuroplanè­te se poursuit aujourd’hui au CUM à Nice. Programme et inscriptio­ns sur www.neuroplane­te.com.

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