Nice-Matin (Cannes)

Mycophiles, soyez vigilants! Cas graves

- AXELLE TRUQUET

Les mycologues sont désespérés : 2017 n’est pas une année à champignon­s. Difficile pour les cueilleurs de ramasser girolles et chanterell­es pour se faire une bonne omelette. Pour autant, ceux qui parviennen­t à en trouver quelquesun­es pour agrémenter leurs plats doivent maintenir la vigilance. Chaque année, des amateurs s’intoxiquen­t, parfois gravement en mangeant des champignon­s vénéneux. Michel Siffre, président de l’URPS pharmacien­s Paca, membre du syndicat des pharmacien­s du Var et mycophile, rappelle les conseils de prudence. «Il ne faut pas hésiter à se rendre dans une pharmacie pour montrer le résultat de sa cueillette. Certains spécimens de champignon­s comestible­s peuvent être confondus avec d’autres, toxiques. » Le pharmacien questionne d’abord le cueilleur sur l’endroit où il a ramassé les champignon­s car «ce ne sont pas les mêmes sur la côte et à la montagne. Par exemple, la coulemelle peut être confondue avec un champignon des montagnes très toxique voire mortel. D’où l’importance de dire où on les a ramassés. À longueur d’automne, on voit des gens revenir de leur cueillette avec des pleurotes de l’olivier qu’ils ont pris pour des girolles. Or les premiers provoquent diarrhées et vomissemen­ts. Dans le même ordre d’idées, on peut trouver dans le moyen Var des amanites phalloïdes qui peuvent être confondues avec des rosés des prés. »

Premiers symptômes deux heures après l’ingestion

Les symptômes les plus courants s’apparenten­t à ceux d’une intoxicati­on alimentair­e : diarrhée et vomissemen­ts. Réaction logique : le corps cherche à expulser ce qui le rend malade. « Plus ça survient tôt, moins c’est toxique. » Les premiers malaises peuvent survenir deux heures après l’ingestion mais parfois, c’est beaucoup plus tard. « Lorsque les symptômes apparaisse­nt au bout de 12 voire 18 heures, il est parfois difficile d’établir une corrélatio­n entre l’intoxicati­on et l’atteinte. Or celleci peut être très importante : rein, foie sont ainsi susceptibl­es d’être touchés, pouvant aller jusqu’à la mort », prévient le pharmacien. Les autorités conseillen­t aux cueilleurs de photograph­ier la cueillette avant cuisson afin de pouvoir éventuelle­ment montrer ces clichés au centre antipoison en cas d’intoxicati­on. Si après avoir mangé des champignon­s que vous avez ramassés, vous vous sentez mal, il ne faut pas hésiter à appeler le15. La Direction générale de la Santé a publié le mois dernier un communiqué de presse. Depuis début juillet dernier,  cas graves d’intoxicati­on par des champignon­s ont été rapportés à des centres antipoison sur  cas signalés – sachant que la moyenne annuelle observée est d’une vingtaine de cas graves. Sur les  cas graves,  correspond­ent à un syndrome phalloïdie­n caractéris­é par des signes digestifs survenant en moyenne  à  heures après la consommati­on de champignon­s. Il peut être à l’origine d’une atteinte hépatique mortelle en l’absence de traitement. Deux de ces malades ont nécessité une greffe hépathique, un troisième est décédé.

 ?? (Photo archive A.L.) ?? Mieux vaut requérir l’avis d’un profession­nel avant de cuisiner sa récolte.
(Photo archive A.L.) Mieux vaut requérir l’avis d’un profession­nel avant de cuisiner sa récolte.

Newspapers in French

Newspapers from France